Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.
La version n'étant pas disponible sur Sens Critique, je précise que j'ai joué sur Playstation 4.
Le studio de développement allemand Daedalic Entertainement est notoirement connu pour son catalogue axé point and click, un genre qui a connu son âge d’or notamment avec les productions de Lucas Art. Nombre de studios ont pris la relève par la suite, continuant de populariser le genre dont Daedalic avec des titres comme Edna et Harvey s’évadent ou la quadrilogie Deponia.
Si cette dernière licence m’a moins plu que nombre de joueurs malgré un univers loufoque (peut-être trop, surtout l’ultime épisode), y jouer m’a rappelé mes premières incursions dans le genre du point and click. Un genre qui peut se révéler plus complexe que ne le laisse supposer son habillage souvent cartoonesque, et ce à grands renforts d’énigmes tarabiscotées.
Tu pointes ou tu cliques ?
Si Anna’s Quest est sorti depuis plus de six ans sur PC, il faut attendre fin juin 2021 pour voir l’épisode arriver sur nos consoles de salon. Le récit nous place dans un univers s’inspirant largement des contes de fée aussi bien dans la construction du récit que ses multiples références (on y reviendra plus en détails).
Anna est une petite fille vivant auprès de son grand-père, à l’écart du monde, dans leur ferme. L’enfant ne connait rien en dehors de ce domaine, son grand-père l’assurant que l’extérieur est empli de dangers. Pourtant Anna se voit obligée de passer outre les interdictions familiales. Son grand-père étant gravement malade, la fillette part en quête d’un remède. Il n’en faut pas plus pour qu’une sorcière l’enlève et l’enferme dans une tour.
Anna’s Quest se découpe en six chapitres dont le premier et le dernier servent de tutoriel et d’épilogue. Libre d’ailleurs au joueur d’ignorer le tutoriel s’il est habitué aux commandes. Pour qui s’est déjà essayé aux titres Daedalic, on se retrouve en terrain connu. Chaque élément peut être touché ou observé afin de révéler un élément important. L’inventaire sert tout aussi bien à entreposer nos trouvailles qu’à les combiner entre elles.
L’originalité d’Anna’s Quest réside dans le pouvoir de l’héroïne. Anna peut user de la télékinésie pour attirer des objets hors de portée ou actionner certains mécanismes. Si, sur le papier, cette option est prometteuse, elle demeure limitée à quelques interactions. La résolution des énigmes repose essentiellement sur comment accéder à un objet permettant d’ouvrir une porte, un coffre,etc ainsi qu’à des mini-jeux.
Les énigmes présentent une certaine logique dans Anna’s Quest même s’il ne sera pas rare de chercher l’élément nécessaire à notre avancée. Comme tout point and click, le mieux à faire est d’observer et interagir avec tout ce qui est possible. Anna commente chacune de ses actions, ce qui induit aussi des indices sur la marche à suivre. Ainsi la fillette peut indiquer que oui elle pourrait réaliser une action mais qu’elle n’en voit pas l’intérêt dans l’immédiat. Il faut alors trouver l’objet ou l’interaction qui la poussera à mener à bien cette étape.
Les dialogues avec les PNJ ne doivent donc pas être ignorés puisque détenteurs, eux aussi, d’indices quand ce ne sont pas eux qui nous permettent d’avancer jusqu’à la prochaine énigme. Certains dialogues exigeront d’ailleurs de choisir des répliques dans un ordre précis pour amadouer un PNJ, par exemple.
Comme dit plus haut, quelques mini-jeux émaillent le périple de Anna. Ils reposent tous sur la logique que ce soit activer des leviers ou déplacer un pigeon. En cas d’erreur, vous pouvez toujours réinitialiser le jeu pour recommencer. Une fois la solution trouvée, et quelques essais plus tard, on finit par résoudre ces mini-jeux qui sont à l’image du jeu : juste ce qu’il faut de difficulté sans pour autant être tordu.
Si sur PC la souris permet de naviguer entre les points d’interaction, sur consoles il faut déplacer son avatar afin de visualiser celles qui se sont les plus proches de votre personnage. En restant appuyé sur R3, on peut mettre en évidence tous les points d’intérêt possible et naviguer entre eux à l’aide de R1 et L1.
Le tutoriel aide ainsi les plus néophytes du genre à s’habituer aux commandes. La prise en main se fait rapidement sur consoles et j’ai, pour ma part, rencontré aucun problème à ce sujet, hormis la collecte des friandises, objectif secondaire que je détaillerais plus bas.
Le conte caché des frères Grimm
Adoptant le style cartoon souvent accolé au genre point and click, Anna’s Quest propose un visuel qui s’accorde avec le ton de son univers : un conte qui aurait sa place dans un ouvrage illustré. Les scènes résumant le récit de Anna entre chaque chapitre se présentent d’ailleurs sous forme de croquis tirés d’un livre. Le trait peut paraitre simpliste mais il s’accorde avec l’ambiance du jeu et permet aussi de minimiser la cruauté de certains évènements. S’inspirant des contes, Anna’s Quest en reprend aussi les thématiques tels que la perte des êtres chers, un pacte mené avec le Diable et des sorcières mangeuses d’enfants.
Pour autant, le jeu ne verse jamais dans le tragique et va toujours alléger le récit par l’humour. Telle Dorothy finissant par détruire la sorcière de l’ouest, Anna est vouée à mettre à mal les plans de ses ennemis. La petite fille peut compter sur des alliés aussi improbables qu’attachants comme Ben, un enfant peureux transformé en ours en peluche ou Reynard, un goupil au phrasé élégant. C’est là encore l’occasion de multiplier les références aux contes allemands. On peut aussi croiser Jorinde et Joringel, le couple maudit, ou encore deux enfants, Jacob et Wilhelm, clin d’œil évident aux frères Grimm dont ils partagent les prénoms.
Si le doublage demeure en anglais, l’opus profite d’une complète traduction en français. Le sous-titrage change de couleur selon le protagoniste qui parle. Mais l’association d’une police aussi controversée que le Comic sans MS et l’usage de certaines couleurs rendent parfois la lecture hasardeuse. J’ai surtout rencontré ce souci avec les tirades du roi d’un bleu sombre peu enclin à une lecture aisée.
Quant aux doubleurs, le travail est correct et même très bon dans le cas de certains rôles comme celui de Winfried ou encore la sorcière du moulin. D’autres personnages m’ont marqués moins positivement comme la reine. J’avais l’impression que l’enregistrement était de moins bonne qualité.
Un platine parfois capricieux
La chasse aux trophées de Anna’s Quest se divise en trois grands objectifs : finir l’histoire, accomplir des actions secondaires et ramasser tous les bonbons. Ces collectibles vous accordent des images dans la galerie, petite récompense fort appréciable. Le seul souci est que sur consoles vous ne pouvez pas bouger votre curseur comme vous le souhaitez. Vous devez être assez proche de la confiserie pour pouvoir la saisir et encore. Il vous faudra plus d’une tentative pour réussir tant le maniement demande du doigté et d’être placé au bon endroit au pixel près.
Quant aux actions secondaires, c’est l’occasion de révéler des blagues qui auraient pu être ignorées ou croiser des références à d’autres jeux de l’éditeur. On peut ainsi apercevoir Rufus, ou encore Harvey. Ces trophées participent à apprécier davantage le jeu en découvrant de nouvelles scènettes amusantes.
La seule ombre au tableau réside dans Ohh, ça brille ! Ce trophée réclame que vous ramassiez un objet brillant. Or, cet effet s’applique aléatoirement. Plus vous progressez, plus vous avez une chance d’augmenter la probabilité d’acquérir un objet brillant. Sauf qu’il arrive que des joueurs n’obtiennent jamais ce fameux sésame et se voient contraint de recommencer le jeu. Pour ma part, je l’ai obtenu sans problème mais je trouve toujours dommage de baser un trophée sur l’aléatoire. Cela peut amener à gâcher le plaisir procuré par le jeu tant le joueur sera alors focalisé sur l’obtention du trophée.
Un point and click charmant
Disposant d’une durée de vie honorable pour un jeu du genre (cinq heures si vous trouvez la solution rapidement, plus selon votre degré d’affinité avec le genre) Anna’s Quest propose un point and click reprenant les codes du genre. On pourra souligner un pouvoir de télékinésie qui aurait gagné à être davantage utilisé pour mieux distinguer l’opus de ses confrères. La fin demeure aussi très abrupte, laissant de grandes zones d’ombre au sujet d’Anna et de son grand-père en préférant se focaliser sur l’antagoniste principale de l’opus. Pour autant, que vous soyez familier du genre ou non, Anna’s Quest demeure une expérience agréable et qui mérite d’être essayée.