Plus qu'une collection, Another Code : Recollection est le remaniement complet de deux titres sortis sur Nintendo DS puis sur Wii, revus et corrigés pour ne faire au final qu'un jeu unifié. Ce qui faisait l'épice des titres initiaux par l'exploitation de leurs supports d'origine dans des énigmes malines a totalement disparu au profit d'un novel game bavard et ultra linéaire, abandonnant au fil du jeu toute tentative de surprise. Mince, est-ce que les souvenirs d'Another Code premières moutures trompent notre cerveau ?
Aux origines...
Même si la trame générale reste inchangée, l'articulation de l'histoire, les personnages, les situations : tout a été réécrit. À la manière d'un George Lucas incapable de figer son œuvre, le studio japonais Cing revisite son passé et propose une version mise à jour de son petit succès de l'époque. Si vous ne connaissez pas le titre, sachez que les deux titres s'articulent autour d'Ashley, jeune ado de 13-14 ans, et d'un autre enfant. Dans le premier volet, elle fouille son passé ainsi que celui d'un jeune fantôme ayant oublié la raison de son décès. Dans le second, elle continue d'investiguer l'histoire familiale mais aide aussi un jeune garçon à lever le voile sur la disparition de son père. Cette double narration permet d'entre-mêler les histoires des deux protagonistes, parfois les croiser, créant ainsi des zones de rencontres intéressantes et vous forçant à ranger les informations dans les bonnes cases. Le genre originel de point & click est ici largement gommé, le but étant que vous arriviez au bout de l'aventure sans trop galérer. Le jeu se veut donc extrêmement bienveillant et propose notamment des arbres généalogiques et de nombreuses notes destinés à libérer votre cerveau de toute réflexion...
Le portage Switch
Another Code : Recollection propose une expérience paradoxale. Le choix a été fait de totalement abandonner le système de jeu proposé par le premier titre, qui s'apparentait à un point & clic original et surtout tactile. Le deuxième volet, sur Wii, a donné naissance au style visuel 3D/cartoon de ce portage Switch rehaussé, mais a perdu au passage ses crochetage de serrure à la Wiimote. En somme, le jeu a été lissé, harmonisé, et a perdu beaucoup d'aspérité. L'autre changement majeur est le fait qu'il ne s'agit pas d'une compilation mais en réalité d'un tout nouveau jeu. Impossible de démarrer par le deuxième volet, il vous faudra impérativement suivre l'aventure depuis le début, ce qui est dommage si vous avez encore l'épisode DS en tête.
Si les dialogues audio restent en anglais, tous les textes et sous-titres sont en français. Et comme Another Code : Recollection est un jeu bavard, vous allez lire des tonnes de dialogues. Preuve ultime que le titre a totalement vrillé novel game, il est possible de remonter dans l'historique des dialogues, comme tout bon titre du genre qui se respecte. Sauf que concrètement cela ne servira jamais, car vous n'aurez jamais à confronter des informations. Une option appréciable cependant : la possibilité de faire défiler automatiquement les dialogues au rythme de la discussion des personnages. C'est plus lent, mais vous pouvez poser votre Switch et profiter (ahem) des échanges. Au point où votre Switch va passer en veille toute seule tellement tout est lent (oui oui, véridique).
Qui a envie d'incarner une râleuse ?
Pour quelle raison se plonger dans Another Code : Recollection ? Vous avez adoré l'épisode DS et souhaitez revivrez l'expérience sous un angle différent ? Vous avez raté l'épisode Wii et avez la flemme de la sortir du carton ? Ou bien vous voulez expérimenter ce qu'est un jeu façon années 2000 où un buisson de 10 cm bloque votre course ? Ou alors vous êtes fan de novel games tortueux, blindés d'adolescents agaçants qui tapent du pied au sol s'ils n'ont pas eu leur goûter ? Ça peut vous brancher. Mais sincèrement, qui a envie d'incarner une râleuse, naïve, doublée d'un syndrome du Captain Obvious ? Ashley n'est pas une héroïne attachante. La pauvre, elle n'a pas connu ses parents, elle est malmenée par des personnes qui abusent de sa naïveté pour servir leurs fins, elle porte un t-shirt de punkette de rock garage à deux doigts de virer anti-sociale, mais malgré tout impossible de s'y attacher. Ashley traîne une lourdeur dans tout ce qu'elle entreprend, ses réflexions, son manque de jugeote, ses réactions exagérée en décalage total avec la situation. Ashley, read the room ! Vous avez envie de la secouer, de prendre sa vie en main, de lui dire de se concentrer sur l'essentiel. Pauvre Ashley.
Teste complet publié sur Gamatomic