The Mad (Lion) King

Le Lion, Roi d’Armello, sombre dans la folie. Les clans des Lapins, des Loups, des Rats et des Ours s’activent dans l’ombre pour préparer la succession, qui s’annonce violente.

Armello est un jeu de plateau stratégique, à mi chemin entre un 4X et un jeu de cartes. Il a souvent été comparé à un Game of Thrones avec des animaux, ce qui est très juste. Son univers attire immédiatement l’attention, jouant sur le contraste entre les animaux mignons et des jeux d’alliances et de trahison qui peuvent être sordides. Le tout est soutenu par une direction artistique irréprochable, une belle écriture et une ambiance onirique mêlant féérie et corruption maléfique. La musique est plaisante elle aussi, même si on aurait aimé plus de thèmes.
En tout cas, l’identité du jeu est si originale et prenante qu’on aimerait même en voir plus, en apprendre plus, dans des licenses cross-médias comme un dessin animé —je sais qu’une nouvelle existe mais je ne l’ai pas encore lue—.

Question gameplay, le jeu est plutôt bien pensé, avec de nombreuses statistiques, resources et mécaniques à appréhender, du combat à la magie en passant par les pièges et les quêtes, tout en s’apprenant assez rapidement. C’est très complet. Une partie d’Armello a en plus le bon goût d’être assez courte, 45-60 minutes.

Le reproche majeur que j’aurai à faire est que le jeu semble un peu trop aléatoire. C’est inévitable avec les cartes et les dés, mais du coup il est difficile de tenter des stratégies pré-établies : en dernier recours on est toujours obligé d’adapter son approche à ce que l’on trouve en chemin. Un peu d’adaptation est un bonne chose, mais je trouve que du coup le choix du héros, des anneaux et des amulettes devient presque anecdotique. Si on pouvait par exemple également construire son deck, cela permettrait de pouvoir mieux se spécialiser et renforcerait la dimension stratégique.
L’autre défaut de cette prépondérance de l’aléatoire est que les conditions de victoires sont assez mal équilibrées à mon goût. La victoire par prestige est de loin la plus facile à viser, et à l’inverse la victoire par les pierres de l’esprit ou par corruption peut être absolument impossible à atteindre suivant les situations. Résultat : le jeu peut sembler répétitif après un moment.

D’un point de vue technique, la version iPad fonctionne dans l’ensemble bien, même si parfois l’interface est trop sensible. Cela m’arrive de temps en temps de faire un déplacement involontaire alors que je veux juste faire défiler l’écran. Un mécanisme de confirmation aurait pu aider. D’autre part, le mode solo est trop rigide : l’IA est assez stupide et non paramétrable. Dommage.

On notera pour finir le modèle économique de la version iPad, assez généreux puisque le jeu de base est gratuit et le reste du contenu peut être débloqué sans dépenser d’argent (même si en payant on peut débloquer tout instantanément). Pour un jeu de cette qualité, c’est très appréciable.

Bref, Armello est un beau jeu qui nous plonge dans un univers enchanteur et nous propose une expérience très intéressante, même si un peu trop déséquilibrée ou un peu trop répétitive par moments. Mais comme c’est gratuit sur iPad, on aurait tord de ne pas se laisser tenter !