Réconciliation
Certains de mes éclaireurs le savent bien et je ne dirais jamais assez : j'ai vraiment détesté le premier Assassin's Creed. Même si j'ai mis 4/10 pour saluer l'effort sur les graphismes et...
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le 11 nov. 2012
24 j'aime
6
Après la catastrophe du premier Assassin's Creed (cf. ma critique: https://www.senscritique.com/jeuvideo/Assassin_s_Creed/critique/37721652 ), je partais, contre toute attente, confiant avec cette suite. Non seulement les critiques me faisaient bien comprendre qu'on avait cette fois ENFIN affaire à un vrai jeu vidéo plutôt qu'à une simulation de vide existentiel mais, surtout, j'aillais m'enjailler en pleine Renaissance ! Une putain de visite guidée au XVIème siècle, vous vous rendez compte ? Cette période historique étant ma préférée juste après l'Antiquité, j'étais le parfait client et j'en ai eu pour mon argent. A 15 euros le jeu d'occas, le contraire eût été gênant...
AC II est peut-être daté, il n'en reste pas moins beau. Certes, la modélisation des personnages laisse parfois une impression nauséeuse (vision d'horreur de certains personnages barbus !), mais on est là pour découvrir d'anciennes cités ou pour reluquer les passants, fieffés coquins ? La modélisation de Florence, premier gros morceau du jeu, avait déjà réussi à m'esbaudir: ces rues étroites bordées de maisons beiges et ocres, ces places dominées par les pallazo alanguis ou les campaniles hiératiques, ce parfum omniprésent de dévotion cristallisé dans de superbes églises...
Assassin's creed n'est que trop conscient de son point fort et n'hésite jamais à offrir au joueur les images d’Épinal qu'il est venu glaner, quitte à griffer l'Histoire au passage: les bâtiments sont présentés dans leur version actuelle et non pas dans leur état d'époque. Pire: certains bâtiments manquent tout bonnement à l'appel, tel l'incontournable Baptistère San Giovanni. Cela ne suffit pas, pourtant, à gâcher l'impressionnant support visuel que ce jeu offre à toute étude amateure de la Renaissance. Ainsi, l'Eglise Santa Maria del Fiore n'est plus, pour moi, un simple nom évoquant quelques mornes photos: c'est un véritable bâtiment en trois dimensions que j'ai pu parcourir, comprendre, et m'approprier. Tout le jeu est du même avenant: une invitation coquine à vous confectionner une représentation intime de géants de pierre, sis dans des écrins certes historiquement imparfaits mais dotés d'ambiances savoureuses.
Ce deuxième épisode est pourtant l'un des plus rigoureux de toute la saga, historiquement parlant, et se promener dans les rues et sur les toits d'une Italie fantasmée se révèle diablement crédible, d'autant plus lorsque l'on choisit l'Italien comme langue parlée du jeu ! Tout le reste, gameplay, IA, scénario, en deviendrait presque secondaire... mais on va quand même en parler parce que, évidemment, c'est du cœur du jeu qu'il s'agit, et vos visites guidées ne s'élargissent qu'à la condition de progresser dans l'histoire. Les développeurs ont d'ailleurs pratiquement banni les passages qui se déroulent au présent avec Desmond pour se recentrer presque exclusivement sur le trip italien. Bonne chose, sans doute, si l'on est pas trop pointilleux sur le déséquilibre narratif évident que cela apporte par rapport au premier opus.
L'histoire d'Ezzio, contrairement à celle d'Altaïr, se laisse suivre sans déplaisir même si l'on incarne une coquille vide qui se balade de rebondissements stéréotypés en coups de théâtre un peu grotesques. Le boss de fin, le Pape super-sentai, est, à cet égard, l'un des trucs les plus honteux qu'il m'ait été donné de voir dans un jeu. Heureusement, le prétexte historique sera une fois de plus parfait pour ancrer les plus vagues de vos connaissances historiques via une petite révision de vos classiques. Dès que l'on s'éloigne de cette charpente essentielle, le jeu ne raconte plus rien, s'embourbe, tourne en rond, comme si l'unique question était de faire du surplace afin de laisser du mou aux deux prochains jeux de la trilogie d'Ezzio.
Ce que l'on retient le mieux de tous ces cafouillages scénaristiques, c'est que l'on incarne un assassin. On ne fait littéralement que ça tout le jeu. Altaïr avait été puni de son orgueil et de son manque de discrétion dans le premier jeu ? Fi, quelle lavette ! Ezzio lui, embroche, égorge, poignarde tout ce qui passe à longueur de bras (un bras très long, disons). L'histoire principale regorge déjà de cibles, mais certaines quêtes secondaires vous demandent encore de tuer ! Désireux d'épargner le maximum d'innocents, je m'étais pourtant muni d'un ceste en métal pour batailler contre les gardes. Le jeu permet donc une voie relativement pacifique en assommant les condottieres à coup de paluche, ce qui est une excellente idée, mais, Dieu ! Que c'est chiaaaaannnt ! Il faut vraiment être un monomaniaque comme moi pour s'évertuer à jouer RP lorsque le gameplay des corps-à-corps est aussi mal foutu. "Oublie la discrétion" te susurre, ou plutôt te hurle le jeu, "tu es là pour joncher les rues de Florence et de Venise d'une véritable traînée de cadavres qui ne mettent pas du tout en péril la confrérie des Assassins." Faut croire que la logique est restée dans les vestiaires du Pape LSD.
Quand aux véritables combats, avec épées et compagnie, pour le peu que j'en ai tâté, cela m'a paru tout à fait satisfaisant. Relativement faciles mais moins que les séances de grimpette qui offrent au joueur une dose indécente de satisfaction toujours renouvelée. Sentiment de liberté grisant qui permet une double exploration, horizontale et verticale, avec notamment un moment d'anthologie lors d'une mission d'assassinat se passant dans une ville constellée de tours.
Comme si tout cela avait semblé trop facile aux développeurs, à un certain moment du jeu, les gardes postés sur les toits deviennent malheureusement tellement nombreux qu'on ne peut plus faire cent mètres sans se faire repérer. "Hé toi, descends: tu n'as rien à faire ici !" Vous avez trois secondes pour vous exécuter où vous savez ce qui vous attend... Certes, cela ne concerne que certaines zones du jeu, mais des zones à s'arracher les cheveux car on est réduits à marcher sur la rue comme un vulgaire piéton ! Sauf si nous prend l'envie d'être poursuivi pendant deux plombes par des gardes aux pouvoirs télépathiques... Lorsque le jeu vous empêche de grimper, difficile de ne pas penser qu'il se tire une balle dans le pied.
Ce que je suis taquin ! L'essentiel est que AC II est bien moins répétitif que son aîné. Les objectifs principaux présentent des variations bienvenues, les missions secondaires, si elles n'ont rien de bien folichon, se bouclent avec plaisir, et le gameplay s'étoffe doucement au fur et à mesure de votre avancée. Le plaisir est là: immédiat, superficiel, mais terriblement addictif à cause de l'enrobage six étoile du bousin ! Dépaysé, des chefs-d'oeuvre de la Renaissance plein les yeux, je réponds présent pour l'épisode suivant, même si je crains que le côté superficiel n'explose cette fois carrément en supernova.
Mais que voulez-vous ? Rome est une maitresse qui ne se refuse pas.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Un parcours PS3, Narration transmédia et Hé, tu m'as pas oublié, gros con ?
Créée
le 6 juil. 2019
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