Certains de mes éclaireurs le savent bien et je ne dirais jamais assez : j'ai vraiment détesté le premier Assassin's Creed. Même si j'ai mis 4/10 pour saluer l'effort sur les graphismes et l'escalade, je n'ai jamais autant passé un mauvais moment en jouant à un jeu vidéo. J'étais donc parti du mauvais pied avec cette licence à succès que j'ai abordé tardivement, mais heureusement ce deuxième épisode la fait remonter dans mon estime.
On retrouve les principales qualités du premier épisode à savoir d'abord un déplacement très fluide. On prend plaisir à escalader les bâtiments comme un vrai yamakasi. Il existe encore quelques bugs mais l'expérience parkour est vraiment réussie. Le level design est exemplaire, l'architecture proposée permet souvent plusieurs manières d'atteindre la cible sans jamais vraiment être bloqué. La marque de fabrique de la série est donc toujours présente et améliorée, avec quelques mouvements en plus.
Le contexte historique est également bien choisi. Florence et Venise durant la Renaissance offrent des panoramas magnifiques avec des beaux monuments à escalader. Il y a moins de lieux que dans le premier, mais au moins les 2 villes présentes ont chacune leur identité et paraissent beaucoup plus charmantes et agréables à parcourir que celles du premier qui n'étaient que des copier/coller. La qualité plutôt que la quantité donc. C'est vraiment dommage par contre que le jeu favorise cet espèce de filtre grisâtre à l'écran. L'ensemble paraît très terne, pourtant une ville comme Venise aurait rendu largement meilleur avec des couleurs saturées et joyeuses. M'enfin dans l'ensemble, la qualité visuelle est au rendez-vous, les personnages sont variés et bien modélisés. Il y a juste les passages dans les campagnes qui sont un peu moches mais ça n'occupe même pas les 10% du jeu.
Et il faut avouer que l'équipe d'Ubisoft Montréal a vraiment pris en compte les défauts du premier et les a corrigé pour la plupart. Le jeu n'est plus une suite de mini-jeux idiots qu'on répète en boucle à l'exactitude jusqu'à en vomir. Cette fois, on a droit à une vraie histoire, avec des vrais personnages, des vrais dialogues, un vrai héros charismatique qui a des choses à dire contrairement à Altaïr. On ne se tape plus ces interminables dialogues philosophiques pourris à chaque fois qu'on assassine sa cible.
Les missions sont variées, et le fait d'avoir implémenté la gestion de l'argent transforme le jeu en un espèce de GTA-like plus intéressants, avec son lot d'armes et de vêtements à débloquer, la possibilité d'embaucher des mercenaires pour nous aider etc... Les mini-jeux chiants ont été transformés en quêtes secondaires qui ne sont là que pour gagner un peu d'argent, rien d'obligatoire.
Il existe quelques "donjons" qu'on doit résoudre en réussissant un certain parcours d'escalade afin de découvrir les tombeaux des ancêtres du héros. Ils sont vraiment sympas, le level design a été vraiment travaillé pour rendre l'escalade plus technique et intéressant, avec un petit côté résolution d'énigme à la Tomb Raider.
Et on peut enfin nager, bordel. Heureusement j'ai envie de dire, imaginez un peu Venise avec le "tu tombes dans l'eau tu meurs" du premier épisode... Eurk
Malheureusement, les combats sont toujours assez nuls. Ça nécessite aucune technique et on ne nous propose jamais vraiment de challenge digne de ce nom. D'ailleurs, je ne suis jamais mort pendant un combat durant tout le jeu. Le boss final est presque parodique, je l'ai battu seulement en spammant la touche d'attaque comme un autiste, il m'a même pas touché une seule fois. Le jeu essaye de rendre les combats un peu plus complexes en rajoutant des prises, des contre-attaques, des esquives etc... mais à quoi bon franchement quand on peut tout faire en spammant la touche.
Dans un bon jeu d'infiltration, les combats sont rendus volontairement difficiles afin de forcer les joueurs à être discret. Dans Assassin's Creed II, on se sont également forcés de favoriser la discrétion, mais plutôt à cause de l'ennui que procurent les combats. Ce qui rehausse paradoxalement l'aspect infiltration du soft...
En parlant de l'infiltration, elle était quasiment inexistante dans le premier ("hoho je me suis assis sur une chaise, je suis caché !!") mais elle a été largement travaillée dans le II : lancer un corps pour attirer l'attention, balancer des pièces par terre pour créer la panique parmi la population, se fondre parmi les gens qui discutent, payer des prostituées pour leur demander de nous suivre ou aller draguer les gardes, des assassinats discrets en étant agrippé à un rebord... Bon, ce n'est pas Splinter Cell non plus mais on sent que l'ensemble est un peu plus recherché.
Dommage que l'aspect assassinat n'est pas assez poussé comme dans un Hitman, on aurait pu provoquer des accidents par exemple, mais le 90% du temps, ça se résume à "détecter la cible, lui foncer dessus pour lui couper la gorge et fuir". Heureusement, ils deviennent plus intéressants vers la fin car on n'a pas le droit d'être repéré, et ça nous oblige à réfléchir un peu plus avant d'atteindre la cible (le capitaine à bord du bateau n'est pas mal du tout dans le genre, c'est le seul assassinat que j'ai dû recommencer une dizaine de fois).
L'histoire du jeu est assez classique mais plutôt bien racontée, les évènements sont justifiées et on progresse de manière logique. La présence des vrais personnages historiques sont d'ailleurs bien sympas. Par contre, la fin fait vraiment tache avec son côté mystico-SF bidon qui s'installe de plus en plus. Les décors historiques sont remplacés par des faux arènes de SF kitsch en carton, avec une révélation qui vire au ridicule. Décidément, je ne suis pas du tout fan de cet aspect-là de la licence.
Les musiques sont sympas, Jesper Kyd fait bien son boulot comme d'habitude. C'est sûr qu'il ne s'est pas trop cassé le cul avec le thème principal qui est composé de 4, 5 notes mais ça reste quand même agréable à écouter.
Alors certes ce jeu me parait surestimé, ça reste quand même une expérience très casual et assisté. Mais comparé au premier épisode, on a enfin droit à un vrai jeu vidéo qui a quelque chose à nous dire et non une vulgaire démo technique vide et ennuyante. Faire du parkour sur les toits de Venise en 1488 le jour du carnaval, ça a quand même quelque chose de magique.