Suicidez-moi

Je tiens à préciser que je n'ai pas lu le roman.
Lorsque le film commence, on s'attend à quelque chose de vraiment bien : un humour noir omniprésent, des graphismes très jolis, un décalage entre la musique joyeuse et les gens qui se suicident... On s'attend à une petite perle du second degré morbide et malsain...

IT'S A TRAP!!!

Le film se casse complètement la gueule avec la suite, à cause d'une morale convenue dégoulinant de bon sens et de niaiserie qui rend mal à l'aise le spectateur, et la tentative d'en faire une comédie musicale TOTALEMENT ratée.
Les chansons se suivent, s’enchaînent et nous dégoûtent, elles sont très nombreuses et l'écriture est catastrophique. Et encore, ça c'est si on comprend les paroles, parce que ce n'est pas toujours le cas (genre les rats, j'ai strictement rien compris). J'avoue ne pas être un amateur des chansons dans les films, mais au moins Disney réussit plutôt bien le pari à chaque fois. Là, non quoi, c'est juste pas possible.

Le problème d'écriture se retrouvent même en dehors des chansons, et même si certains dialogues sont plutôt intéressants, notamment lorsque la famille Tuvache conseille les différentes méthodes de suicides à leurs clients, les personnages restent globalement creux et inintéressants. Le pire étant Marilyn, la grande sœur, avec son accent de "djeunz" ultra cliché et totalement insupportable. Non mais même Virginie 13 ans et demi sonnait moins parodique à côté.

D'ailleurs, même les scènes dans le magasin, si la première fois on adore le concept, au bout de la troisième ou la quatrième on s'en lasse rapidement tellement il n'y a pas d'évolution dans la narration.

Le pire étant quand même les dernières minutes du film. La chanson d'amour entre Marilyn et le total inconnu qu'elle vient de rencontrer est d'une stupidité rare, surtout que cette scène tout en rose, tout en paillette est accompagnée d'un cadre en forme de cœur fait en fleurs !!! NON MAIS PUTAIN. STOP.

Du coup, on se demande quand même bien à qui s'adresse ce film. Le thème général, les scènes de suicides ou même la petite tentative de scène érotique avec la danse de Marilyn nous font dire que le film s'adresse à un public d'adolescents/jeunes adultes, mais la morale et les chansons sont tellement niaises que même un enfant de 8 ans en serait gêné. On est en 2012, il serait peut-être temps de réaliser que "film d'animation" ne rime pas forcément avec "film pour enfants" et qu'on n'est pas obligé de faire quelque chose de forcément cul-cul hippie I love life à chaque fois.

Bref, chers graphistes/animateurs de France, c'est bien beau de vouloir garder la "French touch", mais faudrait pas oublier qu'un film c'est aussi un scénar et des dialogues.
Un mauvais film beau donc, ce qui est peut-être encore pire qu'un mauvais film moche, car on en sort frustré devant tout ce gâchis de talents derrière.