Je l'attendais, ce film. J'avais vu une bande annonce plutôt sympa, posant un décor qui me semblait fidèle au roman de Jean Teulé que j'ai tout simplement adoré. Après, j'ai entendu les critiques. J'ai entendu qu'il y avait des trucs chantés, genre comédie musicale, tout ça. Je me suis dit " Qu'à cela ne tienne, y'en a dans Sweeney Todd et le film est excellent".

C'est donc toute pimpante à l'idée de voir l'adaptation d'un de mes bouquins préférés toutes catégories confondues que je suis entrée dans la salle de cinéma.

Le générique pose un décor sombre sur un air de Y'a d'la joie. Là, je me dis, c'est cool. On a un vrai décalage entre les images et le son, si c'est comme ça tout le long, ça va être bien sympatoche. Ouais. Ben il aurait dû s'arrêter là. J'ai bien aimé le style des dessins, ça collait pas mal avec l'univers de Teulé. C'est à peu près la seule chose qui collait à son univers.

J'ai lu un livre noir et drôle. J'ai vu un film qui oscillait avec peine entre gris clair et gris foncé et qui n'avait de drôle que les 3 répliques piquées au bouquin. Quand Jean Teulé nous dépeint un univers bien à lui, avec des personnages consistants, on se retrouve avec des décors vides d'être trop pleins qui ne servent qu'à mettre en avant des personnages transparents.

- Ouais mais Nomé, attends, je te coupe, là, tu ne peux pas mettre dans un film tout ce qu'il y a dans le livre !

Je sais. Je le demandais pas. Mais, par exemple, le livre est truffé de dialogues. Teulé n'est pas un auteur à faire des descriptions de malades, des phrases qui font 8 pages sur la couleur d'une vitrine. Il plante un décor, il le peint et il y met des dialogues. Tiens, des dialogues ! Ca me dit quelque chose. C'est pas un truc qu'on met aussi dans les films, ça ? Alors, non, je ne demandais pas à Leconte de mettre tout le livre dans son film, mais y repiocher quelques dialogues bien inspirés qui permettaient de poser l'histoire sans être lourdingue, ça aurait pu lui venir à l'esprit, non ?

Et les chants. Ah, les chants. Dans l'idée, je ne suis pas contre. Moi-même je cuisine en chantant, je prends ma douche en chantant et parfois même en allant aux toilettes. Quand la première chanson a commencé, ça faisait un peu publicité du magasin, c'était plutôt sympatoche. Sauf que c'était surjoué comme dans un Disney de (très) bas étage, qu'il y avait un refrain bien lourdingue qu'on aurait presque pu rechanter à la fin tant il était répété et que, ben ça marchait pas quoi.

Du coup, j'ai vaguement l'impression que Leconte s'est dit "tiens il est vachement bien ce bouquin, si j'en faisais un film". Là un ami lui a répondu
- Ouais mais un film, c'est chaud vu l'univers et tout...
- Bon, OK, je vais faire un film d'animation, comme ça on pourra plus facilement suicider les gens et faire un truc un peu noir comme le livre.
- Ouais mais l'animation, c'est pas pour les enfants ?
- Nan, c'est bon, les mentalités ont évolué, maintenant les gens ne croient plus que les films d'animations sont tous pour les enfants, ça va aller. Tiens si je mettais des chansons, j'ai vu un film de Tim Burton où il fait ça c'était vachement classe.
- Ouais, mais les chansons, c'est pas pour les enfants ?
- T'as raison, animation + chansons ... On va faire un film pour enfants
- Ouais, mais les suicides, c'est pas pour les adultes ?

Alors je vais répondre, moi. Non, l'animation c 'est pas forcément que pour les enfants, et les chansons non plus. Mais si on fait un film comme pour les enfants, avec des chansons niaises et un univers creux, il ne faut pas s'attendre à le vendre à des adultes. Mëme si le sujet l'est. Du coup, ma question c'est :
C'est qui, la cible de ce film ?

Bref, ce film aurait pu être génial et il est à peine regardable. Le réalisateur n'a pas su choisir son camp. On remplaçait les suicidés par 2-3 monstres à gros yeux et à poils oranges et on se retrouvait dans le prochain film où emmener nos bambins pour être tranquilles 1h ou 2. Ben ça a peut-être son public, mais moi, c'était pas ce que j'attendais.
Nomenale
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le 13 oct. 2012

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Nomenale

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