Comme j'ai aimé être une petite souris et me glisser dans cet immense demeure que vous partagez seulement avec quatre autres membres de votre famille. Comme j'ai aimé voir la vie des domestiques qui prennent votre vie et celle de vos soeurs pour leur soap opéra favori. J'apprécie les bons et les moins bons, même si je me dis parfois que personne n'est vraiment méchant et que tout est un peu rose bonbon, dans votre charmante campagne.
Comme j'ai pu vibrer au rythme des histoires de vie et de coeur de tout votre personnel qui constitue une véritable fourmilière, un réservoir à intrigues et émotions quasi inépuisable.
Comme j'ai aimé assister aux déboires somme toutes très futiles pour une personne de mon époque de votre soeur aînée, Lady Mary, qui plaide comme raison pour ne pas lire les journaux qu'elle "[est] trop occupée à avoir une vie". Alors même qu'elle ne fait rien de ses journées à part marcher, faire un peu de cheval et se faire courtiser et rejeter des tas de mecs plus ou moins bien situés socialement. Comme j'ai pu comprendre votre pauvre soeur Edith, constamment mise au second plan car elle est un peu moins gâtée par la nature que Mary ou vous. Et puis c'est cette place du milieu, jamais confortable.
Comme j'aime votre grand-mère, toujours à comploter pour tenter de sauver l'héritage de Mary, ou en train de tenter du mieux qu'elle le peut de conserver ses vieilles manières, ses habitudes, ses privilèges. Ses inévitables disputes avec Mrs Crawley sont un trésor que je chéris et attends à chaque épisode.
Comme j'ai pu rire aux allusions sur l'électricité ou le téléphone, ces clins d'oeil invraisemblables au spectateur du XXIe siècle.
Comme j'ai pu m'émouvoir à suivre les événements tragiques et un point de vue très intéressant sur la guerre et comment elle est vécue tant par les hommes au front que par ceux - celles qui sont restés derrière.
Mais surtout, surtout, Lady Sybil, vous m'avez séduite. Avec votre joie de vivre, votre pétillance - ca se dit ? - votre modernité. Vous semblez la seule de ce monde à vouloir vivre avec votre temps, à vouloir vous détacher des privilèges que vous avez. Vous savez, et vous dites que vous n'hériterez pas mais cela ne vous empêcherait aucunement de continuer à vivre dans le luxe, de choisir un beau parti et de mener une vie somme toutes très oisive. Mais votre volonté d'agir, d'aider, de faire partie de ce monde duquel votre famille semble vouloir rester éloignée, perchée sur son piédestal, vous en empêche. Vous grandissez, prenez de l'importance en même temps que vous trouvez votre place au fil des épisodes et moi, je vous aime, Lady Sybil.
Alors grandissez, vivez et vibrez au rythme de ce début de XXe siècle, soyez heureuse et continuez à bouleverser les préjugés de votre famille. Ce sont les gens comme vous qui font le monde.
J'espère vous retrouver en pleine forme à la saison 3.
Sincerely yours,
Nomé