De la brume & des orages. Le reste importe peu.
Assassin's Creed 3 est bourré de défauts, et des plutôt énormes. Alors comme il a également quelques qualités, c'est tout naturellement que je vais commencer par les défauts. Y'a moyen que ça dure un petit moment alors ceux qui ne veulent pas savoir, allez directement à la conclusion, je vous ferai signe de la main ou je claquerai des doigts, c'est comme vous préférez.
La partie la plus visible de l'iceberg, c'est évidemment la technique, qu'on se le dise, le cliping est pire que dans les précédents, y'a des bugs à la truelle, et parfois des vraiment gênants du genre salut l'écran devient tout beige on voit plus rien à part le HUD génial ou bien encore bonjour les scripts qui se lancent pas et bonsoir la coupe de cheveux du héros se vaporise durant les cinématiques et les couleurs des tenues qui font ce qu'elles veulent. Je suis tout de même assez heureux de ne pas avoir eu droit à coucou je traverse les murs et je reste bloqué dans les textures comme dans AC2. Enfin c'est un moindre mal tout de même. Mais le mieux c'est quand même les missions qui se finissent toutes seules sans qu'on ai rien demandé et les pnjs qui disparaissent purement et simplement de la carte empêchant de finir une quête annexe. En l’occurrence ça m'est arrivé à New York pour le dernier assassin à recruter, le jeu considérant que la mission était remplie alors que non, du coup il a disparu de la circulation et j'ai jamais pu recruter le sixième et dernier collègue, avouez que c'est plutôt terrible comme nouvelle enfin heureusement que je suis pas un succès-pute comme on dit. D'habitude on le dit en anglais.
Ensuite, viennent les classiques erreurs de game design avec un prologue certes plutôt bien narré mais facilement 20 fois trop long. Suivent les sempiternelles simplifications du gameplay qui passe du semi-automatique au full-auto incognito mais pas trop, de l'autoregen en 1758 aussi c'est pas mal dans le genre COD t'es le meilleur jeu du monde on fait tous comme toi montre nous la voie même si notre système de base avec des potions et des médecins était très bien mais bon tant pis ah et aussi du multijoueur c'est l'avenir c'est infinity ward qui l'a dit et puis de la narration aléatoire avec un scénario qui tient la route mais finalement pas tellement et puis assez mal rythmé et plutôt pas très intéressant enfin ça c'est comme d'hab quoi.
Non enfin tout de même la partie la plus navrante de tout ça c'est que ce qui était bien avant est nul ici. Les musiques qui quand elles ne sont pas insipides sont médiocres (mention spéciale à la musique du village indien qui donne des boutons sur le nez), la subtilité du héros classe a été troquée contre du bourrin et la discrétion s'est volatilisée. C'est aussi le level design général assez triste, et les promesses non-tenues. Non, à aucun moment on ne "Rise - se soulève" contre l’oppression comme c'est écrit en gros sur la boîte derrière et dans les pubs sur gameblog et non on ne participe pas à de grandes batailles rangées non plus. Sauf si vous considérez que s'échapper c'est participer mais pas moi.
Enfin tout ça est certes dommageable mais ce n'est que broutilles face aux grandes qualités du jeu qui sont :
-Signe-de-la-main/claquement de doigts-
La brume. La forêt. La brume. L'orage. La Brume.
Vous savez je suis -contrairement à ce que beaucoup peuvent penser- facilement satisfait. J'aime beaucoup les jeux oldschools et je suis assez navré de 80% de la direction prise par les jeux modernes, mais aujourd'hui j'ai appris à aimer une chose dans le JV : l'exploration de grands espaces. Et c'est la plus grande qualité de ce AC3, quelque part c'est dommage que ce soit aussi la seule. Sur les 35 heures de jeu au compteur, j'ai du facilement en passer 25 uniquement à grimper aux arbres, escalader des falaises, à traverser les cascades, à plonger de 20 mètres dans des lacs, à découvrir des cabanes au fin fond de nulle part.
La frontière est d'une richesse absolue, on traverse marais, bois tantôt pauvres, tantôt denses, lacs, rivières, plages, montagnes, toutes les régions sont parfaitement discernables les unes des autres et sont reliées avec une extrême cohérence. Alors qu'importe si on explore tout ça en full-auto parce que la brume quasiment omniprésente offre une dimension onirique, romantique et d'un goût exquis au jeu. Combien de fois suis-je resté planté en hauteur, pour contempler la brume en contrebas, combien de fois ai-je attendu que l'orage gronde pour entendre le frémissement des feuilles et sentir la chaleur s'évaporer de ces terres inexplorées. Un plaisir immense mais malheureusement éphémère, car comme RDR, AC3 est un jeu auquel on ne rejoue pas. Parce qu'il en fait à la fois trop et pourtant bien peu.
Il y a trop de quêtes annexes, aussi intéressantes et subtiles soient-elles. Le domaine est en ce sens un régal, avec ces missions bien narrées, ces PNJ vivants et qui ont tous quelque chose d'intéressant à raconter, même si le profit est bien mince, la satisfaction de faire vivre tout un village et le sentiment de connaitre tout le monde est grisant.
Les batailles navales sont très sympa, mais trop bâclées et répétitives. Les missions Uncharted sont extraordinaires mais courtes et trop peu nombreuses. Les mini-jeux et la chasse sont trop pénibles pour réellement apporter quelque chose. Les libérations de forts sont géniales mais trop répétitives, les libérations de quartiers exactement pareil, les villes sont assez chouettes mais sans plus, les combats sont plus sympa à regarder qu'à jouer.
Mais bon, jouez-y, pour le seul plaisir de l'exploration de la forêt. Ou alors jouez à Dragon's Dogma c'est pareil mais avec tout le reste de génial aussi.