C'est délicat pour moi d'écrire cette critique parce que je tiens à préciser avant tout que j'ai aimé ce Assassin's Creed 3. Je me suis amusé, j'ai plutôt bien trippé mais pourtant à l'issue de cette expérience, quelque chose me démange.
Démangeaison que je ne peux réellement partager avec mon entourage pour le moment, pas complètement à vrai dire puisque ces derniers n'ont pas encore terminés le jeu et tant ils sont encore obnubilés par tout cet engouement dithyrambique venant de la presse et des joueurs dans l'ensemble.
J'ai décidé d'attendre un petit peu, sous peine de parler à un mur et passer pour l'emmerdeur de service, le sale con, le p'tit blasé, le type qui a "trop-attendu-le-jeu-et-qui-au-final-devient-trop-sévère". C'est encore trop tôt. Son aura d'oeuvre "intouchable" n'est pas encore estompée chez moi, c'est presque toujours le prix à payer lorsqu'un gros jeu sort dans le mois et que pas mal de mes potes sont encore dessus, c'est encore trop chaud, faut laisser refroidir...
Les gros défauts du titre sont suffisamment cités un peu partout sur le net, surtout dans les forums pour que je puisse me concentrer sur mon problème central. A savoir, la nostalgie des opus précédents.
Nostalgie, car je trouve qu'Assassin's Creed 3 est sans doute le moins réussi de la saga en terme d'ambiance. Alors oui les villes de Boston, New York et La Frontière sont réussis d'un point de vue artistique. On s'y croit, c'est beau, c'est immersif. Puis quand j'avais la chance de ne pas tomber sur une avalanche de bugs, je dirais même que ça touchait au sublime, surtout lors des passages de la Frontière, forêt pleine de vie et véritable moment de récréation pour le fan ultime de grimpettes. Seulement là ou le bât blesse c'est qu'il n'a pas réussi à m'apporter la fascination du voyage, de la découverte.
Je me suis senti moins dépaysé en fait. Le travail de reconstitution est réussi mais j'avais sans cesse l'impression de revivre certains passages de Red Dead Redemption (en moins bien) et de me balader dans les décors de Gangs of New York. C'est bluffant d'un point de vue technique (hormis les bugs), mais ça manque de fraîcheur bizarrement, j'avais toujours cette petite sensation de déjà-vu et c'est surtout beaucoup moins sexy que toutes les villes des précédents volets.
J'sais pas, ça doit être moi. Ca ne m'a pas parlé plus que ça en tout cas, effet accentué par le fait que je ne note pas de grandes différences entre la ville de Boston et New York dans le jeu.
Repenser à Ezio en train de grimper sur des bâtiments ou lieux connus comme le colisée de Rome dans Brotherhood. Me balader dans les rues de Venise et participer à son fameux carnaval, effectuer mes premiers pas dans les rues de Damas avec Altaïr... Cette ambiance baignée par les thèmes magnifiques composés par Jesper Kyd. C'était vraiment le pied.
Les volets précédents avaient cette grande force identitaire grâce à la beauté des lieux, de l'ambiance qui émane par son charme visuel et sonore. L'absence de Jesper Kyd à la composition a marqué les premiers prémices de ma nostalgie. Je n'ai pas de thème musical particulier à retenir pour cet épisode, pas de partition digne de "Ezio's Family" "Tour of Venice" ou encore "Venice Rooftops", bien qu'il garde un bon niveau dans ce domaine malgré tout, notamment grâce aux doublages et les bruitages en fond qui renforcent l'immersion. Mention spéciale lors des phases de batailles navales qui s'avèrent jouissives ludiquement et encore plus géniales avec un casque aux oreilles.
Mais le plus grand exploit qu'à réussi a accomplir est de me faire regretter le tout premier volet à plusieurs reprises. Qui l'eut cru? Moi qui m'était juré de ne plus avoir affaire à ce jeu. Après avoir tartiné une grosse critique et lui affligeant une note sévère de 4/10. J'avais décidé de le renier définitivement de l'arbre chronologique de la saga, et pourtant il a su également me donner une once de nostalgie sur un seul point.
Dans le premier Assassin's Creed. tout comme dans les volets suivants d'ailleurs, j'avais cette sensation d'être un véritable assassin, de faire partie d'une confrérie, de vivre un trip totalement ancré dans cet esprit. Au niveau des phases d'infiltration, de la trame, des personnages...
Et même s'il est vrai qu'à l'instar d'Ezio, Connor n'est pas né Assassin, certes, mais comme lui, il est devenu tel quel en étant d'abord motivé par la vengeance puis en baignant petit à petit dans cette quête des Assassins contre les Templiers, sauf que cette fois je n'ai pas ressenti cette ascension, cette ambiance particulière qui montait en puissance au fur et à mesure jusqu'à en dépasser l'ampleur de son but initial. Ni dans la trame, ni dans le caractère du héros.
Je n'ai pas remarqué de grand changement comportemental chez lui. Il faisait déjà plus ou moins sa forte tête dès son enfance pour devenir encore plus ronchon à cause de cette malheureuse tragédie que fut la perte de sa mère, pourtant il n'y a qu'a revoir comment Ezio passe du Don Juan charmeur de ses dames, puis d'homme assoiffé de vengeance lorsqu'il perd sa famille, jusqu'à devenir apprenti Assassin au fil de l'aventure. Son traitement était bien mieux développé et plus intéressant selon moi.
Là, j'avais toujours cette impression d'incarner un indien qui fait sa vendetta pour lui et son peuple tout le long du jeu,mais en portant un costume d'assassin.
Un cosplay revanchard quoi... histoire de montrer qu'on joue bien a un jeu estampillé Assassin's Creed.
C'est ce que je garde en mémoire. Si je prend le jeu comme une simple aventure mettant en scène un héros qui se bat pour son peuple et venger la mort sa mère, le jeu est plutôt réussi. En revanche, pris en tant que produit "AC", j'admets être un peu déçu du résultat. Ce qui est dommage. Juste au moment où les phases avec Desmond se révèlent assez fun pour une fois et le fait que son parcours soit désormais très riche en informations tout le long. J'ai été plutôt satisfait de la conclusion chez les deux personnages en tout cas. Sur ce point, je trouve qu'il remplit bien son contrat.
Hélas, la trilogie "Ezio" avait su jongler entre la quête de vengeance, l'ascension au sein d'un clan et la méta-histoire tout en gardant l'esprit "Assassin's Creed" jusqu'au bout de manière assez efficace.
Elle restera à mes yeux, plus que jamais, le coeur de cette saga.