Assassin's Creed III par Valdrade
Comme beaucoup l'ont dit avant moi, la très longue introduction du jeu est barbante. On a juste envie que ça se termine le plus vite possible afin de prendre le contrôle de Connor, que les choses sérieuses commencent et que s'arrête cette horrifiante cascade de cutscenes et de séquences de missions ultra-scriptés (je rigole pas, à côté Assassin's creed 2, c'est Metal Slug). Puis on finit par prendre le contrôle de Connor, on arrive 10h plus tard à la fin, et là on réalise que l'intro était tout compte fait le meilleurs moment du jeu.
Tout bonnement catastrophique. Etant fan du deuxième opus et relatif amateur des deux suivants, j'attendait AC3 avec la bienveillance que me conférait la perspective de passer un bon moment. La deception fut violente.
Tout d'abord le gameplay. Ce dernier à été simplifié et seul un bouton est nécéssaire pour grimper aux murs et sur les arbres. Dans un contexte de promenade, c'est une assez bonne idée, ça permet de crapahuter un peu partout tout en gardant le pouce sur le stick de la caméra. Dans un contexte de mission, ou l'urgence et la précision sont de mises, ça devient vite catastrophique. Le personnage réagit de manière imprécise, grimpe sur un mur ou un obstacle dont on s'était trop approché alors que l'on veut juste courir tout droit et le personnage manque de réactivité lorsqu'on veut redescendre. J'ai dût recommencer moult missions à cause de couacs dans ce genre (surtout les missions d'infiltrations en fait). De même le jeu peut éventuellement lors d'un free running bloquer le joueur sur un rebord, ce dernier doit alors appuyer sur le bouton saut pour passer au toit suivant. Sauf que si une brouette pleine de paille se trouve dans le coin, le jeu va automatiquement dévier le saut pour faire atterrir Connor dedans. Bref, si en plus on ajoute le fait que la caméra est étrangement proche du dos du héros (pour mieux apprécier les textures de son dos peut-être?) ce qui empêche d'avoir une meilleure vision de ce qui entoure, on peut dire que le gameplay est encore plus imprécis dans le 3 que dans les anciens. Un exploit quand même.
Mais ce n'est pas seulement au niveau de la maniabilité mais aussi de la structure de jeu que l'on peut parler de régression. Désormais le héros ne peut plus se lancer vers le haut lors d'une escalade pour atteindre un rebord en hauteur mais doit bel et bien trouver une prise intermédiaire à chaque fois. Pour le rappel, cette aptitude était présente dans le 2 déjà à partir du moment ou on arrive à Venise. Et ça faisait déjà du bien à l'époque.
Pareil pour les mercenaires, prostitués et autres voleurs que l'on pouvait embaucher pour nous aider dans les missions en combattant ou attirant l'attention des gardes, ici ils ont tous disparus. C'est logique dans un contexte fin XVIIIème siècle américain de ne pas avoir de prostitués et des mercenaires armés dans la rue (et encore) mais il y aurait pût y avoir des équivalents. Mais non. Quand au système d'embauche et d'entrainement d'assassin, il est tellement anecdotique et peu encouragé par le jeu qu'il donne clairement l'impression d'avoir été implanté à l'arrache en cours de route. Quand à la capacité de se fondre dans la foule, là elle est carrément abusée, il suffit d'avoir deux passant à ses côtés pour devenir invisible aux yeux des gardes.
S'en est finis de la verticalité de Florence, Rome et Constantinople. Maintenant on se retrouve dans des villes bien plus horizontales. Et le level design qui faisait la force des anciens opus a disparu. La ville n'est plus "faite" pour que l'on coure dessus. Les rue de Boston sont irrégulières, les maisons sont peu reliés entre elles et il n'est pas rare de devoir descendre d'un toit ou d'une corniche et traverser la rue à même le sol comme un piéton lambda pour pouvoir aller escalader les maisons en face. Certes cette irrégularité donne un certain réalisme à la ville mais au final, on se retrouve rapidement à ne plus voir d'intérêt à grimper vu qu'il est plus rapide d'aller d'un point A à un point B en marchant comme tout le monde. C'est moins le cas dans New York, la ville étant quand même mieux conçue que Boston mais ça reste quand même moyen.
Mais le gameplay dans un Assassin's creed, c'est secondaire. Ce qui compte c'est le trip. Mais même là le jeu se ramasse lamentablement. Le jeu est juste horriblement scripté. A un point ou par exemple on ne sait plus dans une course-poursuite si on doit vraiment tenter d'attraper le type ou simplement le suivre jusqu'à la prochaine cutscene.Je me rappelle de la séquence de la prison ou les seules objectifs pendant une heure, c'est de descendre les escaliers, mater une cutscene, remonter les escalier, appuyer sur un bouton, redescendre, cutscene, cutscene, 5 minutes d'infiltration, cutscene, cutscene, mission scripté de moins de 60 secondes, cutscene. De même pour les objectifs facultatif. Ces derniers dans Brotherhood permettaient de mettre des contraintes sur le joueur pour le "forcer" à appréhender différemment l'objectif tout en laissant le choix des armes et une certaines liberté sur la méthode. Ici les objectifs facultatifs ne laissent même plus la moindre marge de manoeuvre et, combinés aux objectifs de missions, dictent la conduite du joueur à chaque instant. Le truc, c'est que si on les suit pas, le jeu devient très simple, si on veut les suivre pour avoir la synchro totale, certaines missions peuvent rapidement devenir un avant goût de l'enfer.
Pour ce qui est de l'histoire, disons pour faire bref qu'elle est aussi bof qu'elle est envahissante. L'abondance des cutscenes expose plutôt qu'elle ne cache la vacuité du scénario et les passage avec Desmond n'améliorent que très peu l'ensemble. C'est d'autant plus dommage vu le cadre historique choisit et surtout au vu de l'angle adopté par les scénaristes vis à vis de l'histoire américaine, bien plus critique qu'on n'aurait pût le prévoir. Quand au nouveau personnage principal, Connor, il se révèle moins attachant qu'Ezio et quasi-impossible à cerner. Peu charismatique et absolument pas sympathique, on passera le jeu entier à se demander qu'elle sont ses motivations. La simple vengeance? Une foi en les valeurs de la révolution américaine? On se le demande. D'autant plus qu'on se demande s'il adhère réellement à la voie d'Assassin ou s'il n'utilise ce statut que par pretexte, par simple opportunisme. Et bien qu'il gagne en profondeur vers le dernier tiers du jeu, il est difficile de s'attacher à ce personnage principal un peu nébuleux et on en viendra à lui préférer Haytham (un comble). C'est encore une fois dommage vu que jouer un indiens lors de la révolution américaine était une idée intéressante sur le papier mais le déchirement culturel promis est malheureusement assez mal amené.
Pour finir, exit les quêtes annexes sous forme de promenade dans la nef d'une cathédrale ou au dessus d'un lac souterrain habité par une pieuvre géante et bonjours le système de crafting ignoble. Rien de tel que de passer un heure à chasser le daim et l'ours (à travers de superbes séquences QTE! Miam!) ou d'avoir ses propres bucherons pour pouvoirs construire des tonneaux et des couvertures qui permettront de se faire 16$ de profit au bout d'un quart d'heure.
Pour conclure, une deception totale. Difficile de croire que trois ans ont été nécéssaire pour sortir un jeu au final moins bon que la trilogie Ezio (oui oui, même de Revelation). A l'heure ou j'écris ces lignes, le 4ème opus est annoncé en préparation. ça promet.