Ubisoft a clairement voulu faire évoluer sa série phare après trois jeux très similaires (et très réussis) se déroulant en Italie. Adieu la Renaissance, on a droit à un nouveau cadre complètement différent : la Révolution Américaine.
Alors c’est sûr que pour les fidèles de la série ça pique un peu : Boston est objectivement plutôt moche, et passer après Florence ben forcément ça aide pas ! La ville est beaucoup moins fun à parcourir car les maisons sont plutôt basses, les rues larges, et au final on va passer beaucoup plus de temps au sol que sur les toits. Par contre visuellement c’est hyper sympa et ça a très bien vieilli. Les graphismes sont très propres et on s’y croirait vraiment si les fameux « artefacts d’animus » ne venaient pas encore une fois briser régulièrement l’immersion. L’ambiance est excellente, avec des tas d’accents merveilleux qui charcutent chacun à sa façon la langue de Shakespeare.
Autre facteur déstabilisant pour les habitués : Desmond a encore changé de tête. On a un peu l’habitude avec cette série, mais ça casse toujours un peu la continuité en début de partie. Côté histoire on a droit au gloubi-boulga conspirationniste habituel, et Ubisoft assume à fond en centrant carrément son jeu autour de la supposée fin du monde de 2012 !
Mais la nouveauté majeure de cet opus, c’est la Frontière, autrement dit la campagne environnant Boston. Vous pourrez vous y livrer à des activités bucoliques comme la chasse d’espèces menacées, ou encore la fondation et l’amélioration d’un petit village peuplé de gens que vous aurez aidés. Car la variété des activités secondaire a été revue nettement à la hausse, et vous passerez à volonté ou presque d’un combat naval à un sauvetage, tout menant des attaques de fort et en ramassant les collectibles comme dans tout jeu Ubisoft. D’ailleurs, si leur chasse dans la cité est moins intéressante du fait de l’aspect plus horizontal de Boston, sauter d’arbre en arbre afin d’attraper une plume ou de chasser une espèce rare dans la Frontière est bien plus fun. Dommage que ladite Frontière soit physiquement séparée de Boston, il eut été bien plus sympa que le tout forme une seule grande zone à la GTA San Andreas.
Le jeu commence par une intro hyper longue (6 heures dans mon cas) pendant laquelle vous jouerez un personnage qui n’est clairement pas le héros, puisque ce n’est pas lui sur la jaquette ! Si cela partait d’une bonne idée (exposer les tensions servant de prélude à la Révolution elle-même), on ne peut que regretter la longueur de ce didacticiel déguisé absolument interminable. En plus après c’est l’enfance du héros, et bim 5 heures de jeu castré en plus, avec toujours aucune révolution en vue. 11 heures de jeu se sont écoulées avant que le jeu ne me laisse incarner le bad-ass sur la pochette du jeu, à la période qui m’a été promise, et c’est clairement beaucoup trop long !
Mais quand le jeu est enfin lancé, on retrouve avec plaisir un bouquet d'occupations encore plus variées que d'habitude, et on ne s'ennuie jamais puisqu'on court toujours d’une activité à l’autre grâce à un gameplay très varié mêlant parkour, infiltration, combats, chasse, crafting, j’en passe et des meilleures.
Malheureusement, si tout ça a l’air très alléchant sur le papier, pas mal de choses sont gâchées par un niveau de finition absolument inacceptable pour un jeu de cette envergure. L’ambition affichée par le jeu aurait mérité un temps de développement plus long, car des tas et des tas de choses sont mal équilibrées et/ou mal finies. Planques qui ne fonctionnent pas, séquence de vol absolument injouable, des contrôles qui ne répondent pas toujours de manière satisfaisante, des missions infaisables car un bug empêche la suite des événements de se produire, bref c’est pas joli-joli. Et des bugs c’est pas ce qui manque dans ce jeu : problème de pathfinding, de spawn, crashs intempestifs, c’est pas injouable mais ça gâche clairement une bonne partie du plaisir de jeu.
L’interface n’est pas non plus un modèle du genre, et le crafting est notamment rendu particulièrement ardu, en plus d’être très très mal équilibré. Oh et je n'avais même pas compris comment envoyer des recrues en mission, il a fallu que j'aille voir sur le net pour éclaircir ma lanterne.
Et comme d'hab' la traduction est pourrie, et ici ça a la particularité de rendre certaines énigmes impossibles à résoudre en version française car elles sont basées sur un texte mal traduit.
Donc même si d’autres améliorations sont à noter, comme par exemple des sidekicks avec plus de personnalité, ou une ligne de démarcation gentils/méchants astucieusement floutée, ce sont bien tous ces défauts crispants qui prendront le pas sur tout ça, en vous faisant prodigieusement râler à intervalles réguliers.
Bref Assassin’s Creed III c’est l’exemple typique du jeu ambitieux sorti trop tôt, rempli de bonne volonté mais pris de court par une date de sortie fixée à l’avance.
14 /20
(sans bugs j’aurais mis un 15, et si certaines mécaniques avaient été peaufinées le jeu aurait facilement pu mériter un 16/17)
PS : Un autre défaut du jeu, auquel vous ne serez pas forcément sensible, c’est le double rapprochement opéré par les scénaristes : rapprochement temporel, en nous faisant visiter une époque plus proche et donc plus familière, mais aussi rapprochement entre le héros et les personnages/faits historiques majeurs de son époque. Connor est tellement présent dans les évènements majeurs de la Révolution Américaine que ça en devient gênant : il participe à la Tea Party, est un proche de Washington, est là pour la signature de la Déclaration d’Indépendance, bref c’est vraiment trop au bout d’un moment. Connor agit directement avec des personnes illustres voire à leur place, et ça finit par jurer un peu trop avec la réalité historique avec laquelle nous sommes familiers... Et encore je ne suis que français, donc les événements historiques sont loin de m'être tous familiers. Mais pour les américains ça doit être encore pire je pense.