Un peu décevant

J'ai récupéré ce jeu gratuitement (merci Epic !!). N'ayant pas joué à Unity et ayant fini Origins il y a quelques mois, je me suis donc lancée dans la conquête de Londres. Et il y a du bon comme du moins bon.
Le jeu nous place tour à tour dans la peau d'Evie et Jacob Frye, deux jumeaux impatients d'arracher Londres des mains des vils Templiers, dirigés par Crawford Starrick. Disons-le clairement, le scénario n'est pas parmi les meilleurs. Les motivations des personnages sont expédiées vite fait, surtout celles des méchants. Sérieusement, Starrick avait un sacré potentiel en tant que méchant principal, mais il n'interagit jamais avec nos héros, et se contente de boire du thé dans son bureau en monologuant sur le sens de la vie, du pouvoir, tout ça. Bof.
Les héros et leurs personnalités bien tranchées restent plaisants à suivre, malgré le fait qu'ils soient un peu caricaturaux par moments. Le jeu fait aussi intervenir tout un tas de personnages secondaires, qui varient du sympa (le flic Abberline, les époux Disraeli) au carrément oubliable. Bilan mitigé aussi pour les méchants secondaires : ils ne sont que rarement assez développés avant d'être assassinés. Dommage.

La quête principale, composée de 9 séquences, comprend quelques rares fulgurances. Je pense notamment aux missions d'assassinat concluant chacune les séquences, qui rappellent HITMAN avec leurs différentes opportunités exploitables. On est quand même sur quelque chose de dirigiste mais ça passe bien.
Chaque personnage secondaire dispose d'une série de quêtes que vous pouvez accomplir afin de gagner leur loyauté et donc, de nouveaux items. Autant certaines sont intéressantes (celles de Dickens, l'assassinat de Templiers) autant pour d'autres c'est carrément du remplissage. A quel moment on nous présente un maître-voleur et un excentrique directeur de cirque, si c'est pour nous faire faire des missions copier-collé sans aucun scénario qui se ressemblent toutes ? Les missions "fight club" sont notables par leur total manque d'intérêt, surtout avec le système de combat du jeu.

Parlons-en, de ce système de combat. C'est un des moins bons que j'aie vu dans un jeu d'action. On sent la volonté d'imiter celui des Batman Arkham (bouton attaque/contre/brise-garde) mais il est juste ultra brouillon et n'offre aucune satisfaction ni sentiment de challenge. En fait, vous allez souvent vous retrouver en mode furtif, tellement les combats sont inintéressants.

Le gameplay de furtivité est passable. Les ennemis sont toujours cons comme des balais bien entendu, et les couteaux de lancer sont ridiculement puissants, mais c'est toujours aussi satisfaisant de bondir d'un toit pour atterrir sur un ennemi. Il est souhaitable de suivre les objectifs secondaires (ne pas déclencher d'alarme, tuer la cible d'une certaine manière...), afin de pimenter un peu les missions, répétitives sinon.

Ubisoft Montréal a toujours eu du talent pour créer des open-worlds intéressants, et Syndicate ne déroge pas totalement à la règle. D'un côté, l'architecture et les bâtiments célèbres sont bien là dans toute leur splendeur. De l'autre, il y a un clair manque au niveau de l'ambiance et de la direction artistique : tout est trop propret, trop uniforme. On a du mal à ressentir la différence entre les différents quartiers de Londres (où est Soho, d'ailleurs ?). Le tout manque d'une vraie âme, et c'est dommage car le jeu n'est pas moche graphiquement, malgré quelques ralentissements et effets de flou. Le grappin a souvent été décrié par les tests, mais pour moi, c'est un mal nécessaire. En fait, les rues sont tellement larges que descendre puis remonter à pied casserait totalement le rythme. En l'état, il est quand même un peu pénible d'aller d'à un point A à un point B en restant sur les toits.
La conduite est calamiteuse, entre les rues bondées de calèches qui avancent à une vitesse d'escargot et les chocs qui vous envoient valdinguer dans le décor. Les véhicules se manient comme une savonnette sur une plaque de marbre : ça glisse ! Pas terrible.

Oh, j'y pense ! Vous savez, le "Syndicate" du titre du jeu ? Créer votre propre gang ? Ben on s'en fout en fait. Vous pouvez recruter des Rooks (votre gang) pour vous aider en combat, mais comme c'est déjà facile tout seul, on s'en passera. Ils vont même se payer le luxe de vous faire repérer si vous tentez une approche furtive ! Les missions "guerre de gangs" sont complètement anecdotiques et se résument à un bête 10vs10 entre votre gang et les ennemis. C'est dommage quand on voit les efforts pour approfondir la guilde d'assassins dans les épisodes précédents.

Quant à la musique, elle accompagne relativement bien nos pérégrinations sur les toits de Londres. Dommage qu'elle soit si discrète et peu mémorable, finalement.

Quand on y pense, Syndicate avait vraiment tous les symptômes d'une série à bout de souffle. Je me suis quand même amusée en y jouant, mais il ne mérite pas plus que 6/10.