Passé les quelques instants d'émerveillement propres à la découverte d'un univers aussi charmant que celui de Pillars of Eternity transposé dans une formulle action/rpg à la première personne, Avowed dévoile vite ses lacunes.
D'abord, le manque de vie et d'interaction du monde ouvert nous ramène des années en arrière, tout est figé, statique, inamovible, on ne peut ni voler, ni tuer, ni marchander, ni draguer...en fait on ne peut strictement rien faire qui ressemblerait de près ou de loin à ce qu'on attend d'un jeu de rôle. Premier pavé dans la marre et premier choc, Avowed n'est pas un RPG, pourtant largement marketté de la sorte par Obsidian et Microsoft.
On est finalement plus face à une sorte de jeu action/aventure très grand public avec des mécaniques de butin digne du premier chapitre du premier tome d'un mauvais Hack n Slash. L'itémisation, la gestion du loot, autrement dit l'ensemble du game design qui structure la progression est d'une paresse affligeante se résumant à ramasser frénétiquement des coffres de différentes couleurs qui contiendront plus ou moins de branche ou de fer pour améliorer notre équipement.
Le design des quêtes est aberrant de nullité et de manque d'inventivité, se résumant à de bêtes allers et retours entre un point A et B ou alors proposant des contrats pour aller tuer le monstre qui se trouve dans le champ d'à côté sans aucune forme de mise en scène, avec à chaque fois exactement la même récompense de 500 pièces d'or, c'est presque plus divertissant d'aller bosser à l'usine.
Tous les systèmes de jeu restent superficiels tout en réussissant l'exploit de paraître datés.
Même les combats, supposés force du titre selon certains tests, sont à la fois mal équilibrés, très mal animés (désespérant quand en plus constate le peu de variété des animations) et bien trop nombreux face a des ennemis qui sont de véritables éponges à haut niveau, le redondance des mécaniques de combat devient absurde passé la vingtaine d'heures. Les combats résument à eux seuls le manque général de polish du jeu, sorti du musée de cire, sorti de la carte postale inanimée, tout semble avoir été rushé alors que le développement dure depuis plus de 6 ans et qu'ils avaient déjà tout l'univers clé en main. C'est juste incompréhensible.
Seule la forme et l'esthétique surnagent dans cet océan de médiocrité, forme qui est une simple transposition d'un univers déjà construit dans deux précédents jeux et qui n'a donc rien d'originale. L'exploration reste cependant très agréable grâce à une partie parkour/plateforme verticale de très bonne facture, bien que basique permettant d'accéder à de splendides panoramas, pour peu qu'on ait choisi de désactiver l'ath qui prend la moitié de l'écran (les 3/4 contre un boss). On m'avait parlé d'une interface modulable dans certains tests alors qu'il n'en n'est absolument rien. Soit on désactive l'ensemble de l'ath et on ne voit plus rien soit on conserve tout, il n'est pas possible par exemple de conserver à l'écran ses pv/mana et de masquer les sorts. C'est pourtant une feature basique à implémenter.
Le titre d'Obsidian ne réussit ni à être un bon jeu d'action (il aurait pu jouer la carte de l'immersive sim à fond avec ce moteur parfaitement optimisé et cette direction artistique first person "à la Besthesda" ) ni à être un bon jeu narratif, les dialogues sont insipides, les personnages et les compagnons n'ont aucune aspérité et sont d'un ennui et d'une platitude mortels. Encore une fois, tout reste en surface, si la forme est plutôt réussie, toute la richesse narrative de l'univers de Pillars of Eternity, ses dizaines de dieux, ses différentes peuplades, ses différentes classes (il en manque beaucoup) tout cela est largement sous-exploité.
En bref, Avowed c'est la tristesse d'une armarture rpg aseptisée jusqu'à l'outrance indigne d'un studio comme Obsidian, une coquille vide, surtout quand on sait que tout l'univers, de la direction artistique à l'ensemble du lore en passant par les armes, était déjà crée avant même le début du développement, on était en droit de s'attendre à un jeu qui tente un parti pris et excelle dedans.
Au contraire le jeu décide de passer tout ce qui faisait le sel de Pillars of Eternity au presse purée pour en faire une bouillie fade et indigeste qui a elle seule incarne la lente descente aux enfers de tous ces grands noms du RPG des années 2000.
Enfin, une question, doit-on se réjouir de pouvoir jouer à ce genre de médiocrité sur game pass sans devoir débourser 80 euros ou doit-on blâmer le game pass de tirer les jeux vers le bas avec son modèle économique antithétique avec la production de triple AAA? Est-ce le remède ou la cause? Plus le temps passe et plus mon avis penche pour la deuxième proposition.