Le brouillon avant l'oeuvre finale ? Nah.

[Karrie] Je n'ai que très peu d'objectivité pour parler du premier opus de Baldur's Gate... ou même de Baldur's Gate, tout court. J'ai commencé par le numéro 2, et me suis donc salement spoilé 90% de l'histoire du premier opus.
J'ai joué à BG1 pour la première fois environ dix ans après avoir touché au second. Je ne saurai pas trancher l'éternel débat BG1 vs. BG2 et dire lequel est le meilleur : ce sont des jeux dont l'ambiance diffère entièrement et je les aime tous les deux.


Dans BG1, j'aime le postulat de départ. Le personnage joueur - femme ou homme - est un jeune boulet d'à peine vingt ans, qui dans ses souvenirs n'est jamais sorti des murs de la bibliothèque fortifiée de Châteausuif (Candlekeep en V.O), et se retrouve précipité contre son gré dans des événements qui le dépassent complètement et lui arrachent d'un coup sec tout ce qu'il a connu. Bref, c'est un voyage d'initiation, où on en chie.


Là où le bât blesse, c'est que Baldur's Gate a bien évidemment vieilli et qu'il n'est pas toujours très abordable aujourd'hui : le gameplay reprend les règles de la seconde édition du jeu de rôle Donjons et Dragons, avec la fiche personnage à construire, les sorts à mémoriser pour les mages et les prêtres, les jets de dé pour toucher l'ennemi, la classe d'armure qui est plus puissante quand le chiffre affiché est négatif, etc... et le manuel fourni avec le jeu à l'époque était un bien précieux pour piger pas mal de principes.
En outre, le jeu est difficile au départ. Quand vous jouez un petit boulet de niveau 1, la première zone hors du château peut vous tuer. Il vous suffit de croiser un loup ou même un petit gobelin pour vous faire défoncer (d'autant plus si vous êtes magicien).
Le début est assez lourd de ce côté-là : en gros, pour passer les premières zones et les premiers niveaux, il faut s'équiper d'armes à distance et jouer à tourner en rond avec l'ennemi au cul sur fond de Yakety sax en lui tirant une flèche de temps en temps - sachant que votre personnage, même guerrier, va se planter les trois quarts du temps.
Une fois entouré.e de quelques compagnons de confiance (ou pas, mais tant qu'ils tapent à vos côtés tout va bien) et un peu mieux armé.e contre les dangers de la vie, les choses deviennent un peu plus intéressantes puisque vous allez rencontrer des combats plus complexes qui nécessitent un minimum de tactique, et donc exploiter d'autres ressources que vos compétences de troll fuyard. Il y a beaucoup de combats dans Baldur's Gate, et à peu près aucun n'est facile. Il est fort fort probable que les game over s'enchaînent, le temps que vous trouviez la bonne stratégie à employer pour défaire un groupe d'ennemis.
Sauvegardez. Souvent. Et ne sous-estimez pas le pouvoir d'un groupe bien équilibré pour une première partie. Si vous partez à six guerriers, vous allez vous faire pulvériser : il vous faut au moins un mage, un prêtre (ou équivalent), et un voleur pour partir à l'aventure. Si vous êtes déjà rompu.e au jeu, vous pouvez essayer de le faire en solo, c'est très rigolo. Mais bon courage pour gérer l'inventaire, vous aurez besoin d'un maximum de potions pour vous buffer pour les combats difficiles.


Côté graphismes, les sprites du 1 sont assez rigides et les décors parfois répétitifs - genre les arbres en forêt - mais il reste globalement assez joli. Là-dessus BG2 remporte la palme.
La bande-son est signée Michael Hoenig et tout ne casse pas trop pattes à un canard à sulfateuse*, mais de très jolis musiques comme "Candlekeep" ou "The Dream" accompagnent les passages où elles sont jouées. "Candlekeep", assez majestueuse, est surtout jouée dans la ville de Baldur, c'est-à-dire la première très grande ville que votre boulet de personnage visite avec des étoiles plein les yeux ; tandis que "The Dream" est comme son nom l'indique la musique mélancolique voire inquiétante qui se joue lorsque votre personnage rêve de ses démons intérieurs.


L'histoire se déroule dans un univers relativement "rationnel" même si la magie existe, pour passer petit à petit dans une ambiance plus fantastique et divine - ambiance dont se resservira allègrement BG2 - tandis que les révélations s'enchaînent. Elle s'axe en grande partie sur la politique de la région et les rapports tendus entre la porte de Baldur et Amn, leur voisin du Sud. De prime abord on peut se demander ce qu'on a à foutre là-dedans, mais votre progression révèlera de nouvelles dimensions durant les derniers chapitres de l'histoire, pour remettre le personnage joueur au coeur de l'intrigue et rendre tout ce bazar, au final, très personnel.
Baldur's Gate est aussi drôle. L'histoire est assez bien ficelée et assez sombre, mais de nombreux passages, quêtes annexes et dialogues redonnent une légèreté de ton de bon aloi. Votre personnage a beau être paumé, il n'a de cesse de raconter des conneries aux gens qu'ils croisent, et ces derniers ne se priveront pas de raconter des bêtises en retour.


Niveau personnages jouables, je ne vais pas mentir et prétendre que ceux de BG1 sont au niveau de son successeur, puisque les dialogues sont relativement peu nombreux et globalement bien moins écrits. D'ailleurs, si vous avez déjà joué au jeu et que vous voulez renouveler votre expérience du jeu vanilla en un peu plus fouillé niveau contenu, le NPC Project n'est pas trop mal (Imoen est fidèle à elle-même. Vous êtes prévenu.e.s). Globalement, vous pouvez fouiller pour chercher les mods de votre choix, que ce soit sur le 1 ou sur le 2. La communauté a le bon goût d'être plutôt active pour renouveler le contenu de l'aventure.


Quant à mon avis sur la version améliorée du jeu, Baldur's Gate: Enhanced Edition, je suis assez partagée. Je ne pense pas que les micro-améliorations de gameplay justifient qu'on paie à nouveau le jeu au prix fort ; les personnages ajoutés sont plutôt intéressants - même s'ils ne sont pas au niveau des anciens - mais leurs missions assez courtes. Je n'ai en revanche pas encore pris le temps de faire le donjon supplémentaire en entier et ne vais donc pas me prononcer dessus. Je pense cela dit que pour une première expérience de jeu, cette nouvelle version est une bonne initiation. Car oui, il est encore temps de faire Baldur's Gate : il est moins facile à apprivoiser que les nouveaux jeux BioWare, mais même aujourd'hui, il est plus vivant que jamais et mérite qu'on s'y intéresse.


Bon jeu à vous et que les hamsters intergalactiques conduisent vos pas !


*toute référence à des canards à sulfateuse ne vient pas de moi mais de mon mentor

Ca_Cartouche
8
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le 21 juil. 2015

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Ca_Cartouche

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