J'ai joué à ce jeu d'après les aimables recommandations qui m'avaient été faites. A vrai dire je ne peux pas dire que je regrette mon achat puisque j'ai eu le jeu pour 2€ grâce à une promotion piñata de GOG.com. J'écris donc cette critique après un peu moins de 6 heures de jeu et l'impression d'avoir fait le tour de Banished, ce qui est plutôt dommage pour un jeu de gestion sandbox.
Le jeu nous place donc à la tête d'une troupe d'une dizaine de péquenauds en plein milieu d'une (petite) map générée aléatoirement. Les-dits bouseux vont devoir bâtir un petit village et subvenir à leurs besoins afin d'espérer survivre dans ce monde si hostile.
Premier constat : la pauvreté du contenu. La sélection de bâtiments est franchement restreinte et ne permet pas de donner de véritable caractère à notre village. On doit gérer une multitude de ressources variées (différents types de nourriture, des outils, des vêtements, des matériaux de construction...) et composer avec les besoins moins primaires de nos paysans dépressifs, c'est à dire leur besoin de santé, de religion et d'enseignement. Ah, j'allais oublier l'essentiel : ils ont également besoin de bière.
On tente de répondre à ces besoins en construisant les bâtiments correspondants et en y assignant du personnel. Naturellement, un bâtiment sans ouvriers ne produira rien. Petit à petit une vie de communauté s'installe, les hommes ont le ventre arrondi par la bière et les femmes ont le leur arrondi par leurs maris. Puis survient l'hiver, et l'on regrette alors de ne pas avoir prévu de nourriture ni d'avoir coupé assez de bois de chauffage. En quelques mois, c'est l'hécatombe : 60% de la population mange les pissenlits par la racine sous un maussade manteau de neige. Puis reviennent les beaux jours et les bourgeons éclosent, et les femmes donnent naissance à un enfant (pour celles qui ne sont pas mortes chez elles, dans les bras cadavériques de leur homme à la chair rongée par le gel). Le village se retrouve composé presque pour moitié d'enfants, ce qui laisse imaginer les problèmes d'éducation de nos campagnards bannis. Le problème se pose alors : comment récolter assez de ressources pour faire vivre tout ce petit monde maintenant que la majeure partie des travailleurs est entrain de pourrir sous les premiers rayons de février ? Réponse : on ne le fait pas, ou très rarement et sous la torture. Votre village est foutu. La prochaine fois vous anticiperez l'hiver.
Banished est un jeu fait avec le cœur (le petit gars était tout seul, respect maggle) et à partir d'un bon matériau. Ce qui ne l'empêche pas d'être chiant. En l'état le jeu propose un carcan cohérent et solide mais sans aucune personnalité. Vous ne rencontrerez aucune opposition hormis celle des dures lois de la nature ; vous n'aurez aucun autre objectif que de faire croître votre village (toujours de la même manière car peu d'options sont viables) dans les limites de la map étriquée ; vous ne pourrez chercher aucun plaisir dans l'apparence de vos œuvres car tout se ressemble et manque de caractère ; en votre qualité de décideur/bâtisseur/dieu vous ne pourrez pas prendre de décisions d'ordre social, politique ni diplomatique car rien de tout cela n'existe. En venant de Tropico, croyez-moi le choc est rude. J'aurais tellement aimé pouvoir édicter des lois, m'entretenir et commercer avec des villages voisins, éventuellement les piller, etc. Mais non. De toutes façons, au vu de la rudesse de l'univers du jeu, on n'aurait surement pas le temps de s'occuper de tout ce qui touche à cela. Dans le monde de Banished, seuls l'urbanisme et la production comptent. Il y a bien de l'économie, mais si peu...
En plus de l'austérité de son gameplay, on ne peut pas dire que l'enrobage de Banished soit enchanteur. On nous donne des décors plutôt champêtres et de bonne facture mais qui manquent cruellement de vie. Même en été tout semble figé et déjà mort. Et ce ne sont pas les 3 ou 4 cerfs folâtres qui gambadent où bon leur semble (même en plein milieu de vos rues, no complex) qui y changeront quelque chose. Quant aux bâtiments ils sont réalistes et tristes. Pas de petits éclairages, pas de petits détails animés qui pourraient donner du charme à tout ça. Non. Uniquement des poutres et des tuiles. L'interface s'accorde d'ailleurs merveilleusement bien au reste puisqu'elle est très sobre (mais efficace ceci dit). La musique est pour sa part plutôt bonne même si un peu curieuse parfois dans ses sonorités.
Et là vient l'argument incontournable des gens qui adorent Banished : "Voui mais les mods !?" Et à moi de leur répondre : "Onche onche tu veux du punch ?" Les mods ne sont pas et ne devraient JAMAIS être un argument de vente pour un jeu, quel qu'il soit. Le développeur est là pour fournir un jeu complet (c'est ici le cas, a priori tout fonctionne et le monsieur a tenu ses engagements) et intéressant. Si des mods sont nécessaires pour rendre le jeu agréable, c'est qu'il est mauvais de base. Les Elder Scrolls ou les GTA sont des jeux réputés pour leurs mods foisonnants mais le support de base est tout de même un excellent jeu. Avec Banished ce n'est pas le cas : manque d'options, de caractère, d'ambiance, de bâtiments... Ce qui est présent est juste mais insuffisant.
Allez, je retourne sur Fallout Shelter qui m'amuse, lui. Je n'aurais jamais cru préférer un jeu mobile à un jeu PC/consoles.