À bien des niveaux Batman Arkham City n'est pas un mauvais jeu. Mais franchement, c'est pas ma tasse de thé.
Je pense qu'il faut que je précise avant toute chose que je ne suis pas un afficionado des Batmans en général. Que ce soit en film ou en jeu vidéo (bien que Batman Returns sur Megadrive soit un véritable bonheur). Le dernier Batman que j'ai vu c'est le Burton en 1989 avec Mickael Keaton et donc le dernier auquel j'ai joué c'est Batman Returns (1992). Ça situe un peu ma grande ignorance dans le domaine des chauves-souris en général et de Batman en particulier (c'est assez valable pour tout les super héros en slip en fait).
C'est un pote qui m'avait parlé du jeu et franchement, il me l'a bien vendu ce salaud, parce que j'ai réellement été emballé par ses explications. Il m'avait aussi parlé de Dead Space, je testerais à l'occaz, mais si ça me plaît pas non plus, je lui casse les noix à coup de mablette. Naméo !
Faut dire aussi que Nintendo nous avait fait un tel flan sur ce jeu à l'E3 dernier, disant en substance qu'avec ZombiU ils étaient les dignes représentants au cœur pur (mais dark) mais pur, de la WiiU, que je me suis finalement laissé tenter. C'est donc le portefeuille vide mais le cœur plein d'espoir que je me suis lancé dans Arkham City.
Aujourd'hui, j'en suis à un peu plus de 50% du jeu, pas sûr que j'ai le courage de le finir mais je me suis fait une bonne idée de l'ambiance générale du soft. Enfin, il se peut que cette critique évolue au cours du temps.
Pour commencer, je trouve que l'idée du pitch est tout bonnement géniale. Un quartier entier d'une ville qui sert de prison de non-droit à toute la racaille de l'univers, ça me parle. D'autant que c'est un concept génialissime pour réintégrer tous les ennemis déchus des anciens Batman. Brillant.
Arkham city, c'est un huis clos géant entre malfrats de grande envergure et petites frappes. Cette ville dans la ville a ses propres lois, chaque protagoniste important a ses propres immeubles, son gang dévoué mais flippé, son ambiance à lui, son microcosme. Il y a véritablement une atmosphère unique là dedans.
Et puis j'ai toujours accroché aux jeux vidéo qui proposent un environnement un peu « bad ass ». Peut-être une réminiscence de mon moi sombre enfoui, faudrait que j'en parle à mon psy quand j'en aurais un.
L'histoire quant à elle est sympathique même si elle semble assez linéaire. La cohérence du tout semble tenir, on en demandait pas plus. Quoi qu'en y regardant de plus près, il s'agit ni plus ni moins que d'un système hyper classique de phases d'explorations/donjons maquillés derrière une liberté quasi totale d'action. De plus, de nombreuses quêtes annexes sont réalisables, par contre, je sais pas si ça vient de moi, mais j'ai le sentiment qu'on tombe plus dessus par hasard que par un réel désir de les accomplir. En plus, les mecs qu'on doit sauver passent leur temps à gémir et à se lamenter sur leur sort ce qui m'a passablement gonflé. Du coup j'en ai fait assez peu, je m'en bats les harpions de leurs problèmes, ils avaient qu'à faire gaffe.
Autre point de magnificence du jeu, c'est réellement la jouabilité qui nous est offerte à travers l'utilisation de la mablette. La prise en main est intuitive car ce pad n'est ni plus ni moins qu'une manette classique affublée d'un écran. (même si je m’emmêle toujours les pinceaux entre RL et Zr Zl, mais ça me le fait aussi sur PS3, bête des doigts que je suis). Du côté de l'écran tactile, c'est bluffant d'aisance. Tout est là, sous votre nez et il n'y a rien de plus simple et de plus plaisant que de naviguer entre les menus.
Et là, j'en profite pour faire une petite parenthèse, car même si j'étais très septique à l'annonce des spécificités de la WiiU, mes craintes se sont toutes effacées avec ZombiU et ce Arkham City. Je pense même que Nintendo a joué un coup de maître et que la concurrence va une fois de plus leur emboîter le pas. Tout ceci offre des perspectives des plus réjouissantes, tout particulièrement pour les RPG à venir. Imaginez un jeu dont les cartes, les menus, les upgrades d'armures et autres se feraient d'un simple mouvement de doigt sur la mablette. C'est un jouet hi-tech dans le jeu. Surtout si comme moi vous avez tendance à fuir les RPG de peur de vous perdre dans des menus trop long, trop grands et trop complexes voire labyrinthiques (sans rire, certains RPG, faut avoir BAC+8 pour y comprendre quelque chose). Croyez moi, j'en suis jouasse.
Mais revenons à nos agneaux égarés dans Arkham City et à notre Batman bodybuildé en slip tout de cuir vêtu. Comme je disais en préambule, Batman Arkham City est un bon jeu qui offre son lot de surprises et de bons cotés. Ce qui devrait en ravir plus d'un. Seulement il a selon moi le défaut majeur de la plupart des productions actuelles : il n'a pas d'âme. Pas de flamme épique, de désir brûlant qui nous donnerait envie de continuer le jeu coûte que coûte et de ne lâcher la manette sous aucun prétexte. En plus d'un héros fadasse à la musculature irréaliste vêtu d'un slip en cuir vous n'arriverez à trouver d'empathie pour quiconque. C'est un beau jeu, vaste, long, intuitif mais il manque indéniablement une petite étincelle, un petit coup d'audace qui l'aurait propulsé vers les sommets. Trop édulcoré, trop lissé notre Batman en slip n'est jamais réellement en danger (à part dans les trop nombreuses cinématiques) tant les ennemis sont bêtes à manger de la paille. Même à 20 contre un, notre héros écrasera quasiment sans dommage la plupart des vilains grâce à un très agaçant QTE permanent qui nous dira toujours sur quel bouton appuyer.
On nous prends pour des cons dans ces jeux, un joueur un minimum expérimenté aura la très pénible impression qu'on nous tient par la main en permanence. J'ai souvent eu le sentiment d'être plus passif qu'actif (alors que c'est pas mon genre, hein), d'être devant un film d'action aux rebondissements ratés, certains passages m'ont même carrément ennuyé. Alors, je ne doute pas un seul instant que c'est sûrement le fait d'incarner un héros en slip que je trouve moyen bof qui me donne ce sentiment (mais ce héros vise quel public à la fin?). Mais par dessus tout, ce qui m'a gonflé au point de hurler dans un oreiller, ce sont les coup de fil quasi incessants entre Batman et son majordome pour dire rien du tout. En plus de complètement casser le rythme, rarement dans l'histoire du jeu vidéo des dialogues auront été aussi inutile.
- « Alfred, il faut que j'aille botter le cul du Joker
-oh là là de là là monsieur, soyez bien prudent et ne prenez pas froid. »
GASP !!!
Bref, à aucun moment on ne te laisse l'occasion de te perdre dans Arkham City pour chercher par toi même, les repaires des ennemis se voient comme le nez au milieu de la figure de Gérard Depardiof, ça flirte avec le ridicule.
Donc autant vous dire que si il n'y avait pas eu la mablette, ce jeu n'aurait pas atteint mon généreux 5/10 tant il cumule les tares de tout ce qui m'insupporte dans la plupart des grosses productions actuelles :
Un emballage graphique impeccable, une ambiance travaillée pour un contenu non abouti et ultra linéaire. Zéro prise de risque, pas d'originalité.
Pas sûr qu'il reste grand chose de ce Arkham City d'ici un an ou deux.