Arkham Asylum apparaissait comme une véritable ode au Chevalier Noir: un jeu basé essentiellement sur l'exploration et la contemplation d'un univers sombre et lyrique, offrant de se laisser bercer par le charisme de ses protagonistes à travers une aventure particulièrement grisante.
Arkham City lui, faisait le choix de sacrifier le charme de la flânerie en proposant un open world au contenu gargantuesque et au rythme effréné.
Que préférence soit acquise au premier ou au second volet, on ne pouvait que souligner l'amour témoigné par Rocksteady pour le soin apporté à son héros, le soucis du détail et d'une finition quasi irréprochable.
Quand Warner rachète Rocksteady et se charge du développement, ce n'est plus la même danse: l'amour du travail bien fait se transforme aussitôt en amour de l'argent facile.
Pour l'occasion on a simplement gratté l'étiquette "City" pour coller "Origins" à la place. Entendons que les rouages et mécaniques sont identiques: combats, défis, quêtes annexes,... tout a été repris tel quel. Dans l'absolu, le titre originel plaçait la barre si haut qu'il aurait été difficile de bouder un simple prolongement de l'expérience. Toutefois la grogne devient légitime dès lors qu'Origins propose tout, mais en moins bien que son prédécesseur.
Les absences d'innovations et d'ajouts sont un moindre mal au regard du caractère poussif de la progression. City avait fait le choix discutable de recentrer davantage la saga autour des phases de combat en aménageant un système de "respawn" d'ennemis. Origins lui, se lâche totalement en implémentant des hordes d'ennemis sur le toit de chaque immeuble d'Arkham, instaurant ainsi des affrontements stériles perpétuels et servis par un système de combat qui n'a toujours pas réussi à s'affranchir de la monotonie des QTE, ni à rendre l'utilisation des gadgets plus gratifiante. Les combats de boss suivent la même logique QTE-centrée, signant ainsi l'absence d'efforts créatifs clairement assumée du studio.
Cette paresse transpire de façon particulièrement criante dans l'aménagement de Gotham: les points de fixation du grappin semblent avoir été placé au pifomètre et disparaissent de l'horizon faute d'effectuer régulièrement des plongeons pour les réactiver en visuel. Bug ou non, survoler la cité est devenu un calvaire!
"Bug ou non", car le clou du spectacle tient clairement dans la prolifération de ces derniers.
Modèles en matière de finition, Asylum et City réalisaient l'exploit de s'exonérer de bugs. Or sur Origins, on atteint le sommet de la négligence!
Car si on peut traditionnellement excuser quelques "ratés" lorsqu'ils restent d'ordre esthétique ou n'ont qu'un impact mineur sur quelques séquences de jeu, il est néanmoins absolument scandaleux de laisser choir des bugs totalement invalidants!
Le plus courant vous amputera « juste » de la possibilité de finaliser les deux quêtes annexes les plus importantes (qui à elles-seules représentent pas loin de 50% du jeu). De fait il est consternant qu'aucun des 200 testeurs crédités au générique ne se soit aperçu de l'absence de détection de collision dans tout un quartier de Gotham. Et que dire de WB qui, face aux nombreuses remontées de joueurs désabusés, prend acte du problème sans toutefois proposer le moindre correctif spécifique à ce jour!
Alors au final, difficile de dire si les plus férus Batfans feront fi de la frustration pour se recentrer sur le plaisir de découvrir une nouvelle aventure de leur héros, ne serait-ce que pour un contenu fan-service préservé et l'implantation d'un mode multi convenable. Le fan d'Asylum et de City lui, aura pour sûr la désagréable sensation d'avoir été pris pour un pigeon, et n'excusera pas un titre qui se permet de régresser techniquement par rapport à un homologue sorti trois ans plus tôt.
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