Ubisoft cède sa place à EA, en tant qu'éditeur ici, mais c'est à Eurocom que revient la tâche d'adapter vidéoludiquement le film alors tout fraîchement sorti en salle. L'histoire suit donc la trame principale de ce dernier, agrémenté de diverses extraits du métrage au montage clipesque donnant un coté impersonnel à l'ensemble. On se contentera surtout des nombreuses cutscenes entièrement doublés par les acteurs du film eux-mêmes, un gros plus pour suivre cette aventure extrêmement scriptée. Car les niveaux de type couloirs composent à 99% la progression du jeu.
Pour le gameplay, Eurocom décide de surfer sur la tendance d'alors des jeux furtifs made in Splinter Cell, avec de phases d’infiltrations prédominantes sur les combats. Un choix judicieux tellement cet aspect est une franche réussite. Se faufiler derrière un ennemi pour le mettre K.O. ou l'interroger de manière plutôt musclé apporte une plus-value à l'ensemble. Pas mal de séquences proche du plate-forme pousse le personnage à se prendre pour un équilibriste en se suspendant la tête à l'envers ou en jouant des rebords. Difficile de ne pas trouver les points d'accroches et par où passer tellement les icônes d'indications apparaissent constamment pour t'indiquer où aller et quoi faire. Être un peu moins pris par la main n'aurait d'ailleurs pas été un mal.
Les deux niveaux en Batmobile sont géniaux et offre des sensations de conduite arcade au top, avec un coté Burnout avec les takedowns à placer sur les voitures belliqueuses. Passages aussi courts qu'intenses.
Niveau combat, c'est la douche écossaise. On se retrouve avec un système de coups offrant des possibilités de mouvements spéciaux quand les circonstances sont réunies, i.e. une attaque multiple quand t'es encerclé ou un finish move quand l'ennemi est à terre. L'un des problèmes étant étant que l'activation de ceux-ci n’apparaît pas toujours, un autre étant cette putain de caméra qui te locke un ennemi au pif et te rend aveugle sur les autres gusses, un troisième se résumant à prendre un coup paralyse ton héros et entraîne potentiellement un gangbang mortel.
À coté, de ça, il existe des moyens de te faciliter la tâche. Un système de réputation augmente au fur et à mesure que tu élimines tes adversaires, suivi d'un système de peur permettant de paralyser via l'effroi certains adversaires et te donnant la possibilité de prendre l'avantage face à un effectif en surnombre. C'est très intelligent car ça facilite vraiment la vie, au point de rendre totalement indispensable la manipulation psychologique des tes cibles pour t'offrir une vraie chance de survie. Car les rares bastons où tu te retrouves face à plusieurs adversaires motivés à te défoncer offre des pics de difficultés assez violent. J'ai ragé comme un fou sur une baston sur le bateau, à un moment du jeu où je n'avais pas encore une très bonne maîtrise des fights. Le bon point, c'est que plus tu avances dans l'aventure, plus les possibilités de te rendre la tâche aisée s'offre à toi.
Et c'est dommage que le système de combat soit en partie loupée, car on tient dans le fond un bon jeu, et surtout, les prémices de ce qui allait devenir quelques années plus tard les Arkham, améliorants nettement la formule proposé par Batman Begins. Techniquement correcte sans exploser les ténors du support en fin de vie de la console, on prend un vrai plaisir à progresser dans ce Batou résolument moderne par ses mécaniques et qui vient en partie rehausser le niveau après mal d'années d'errements de la licence. La durée de vie est d'un peu moins de dix heures, le challenge correcte en hard et les mini-jeux de piratages et de crochetages apportent sporadiquement un peu de variété sans révolutionner l'ensemble. J'aurais volontiers rajouté un point de plus, mais de trop nombreux coups de sang sur ce design des combats trop imparfaits ont eu raison de ma patience.