Hiver 1991, dans un charmant petit pavillon de la banlieue-est parisienne, un très intimidé petit Wyz est invité chez son voisin et ami. C’est alors qu’il fait face à une créature pour le moins bizarre… Affûblée d’un très étrange appendice appelé "souris", cette dernière lui propose un petit jeu, et l’incite ardemment à empoigner avec fermeté cette inhabituelle protubérance… S’étant présentée sous les initiales PC (Philippe Candeloro? Patrice Carmouze? le Prince Charles?), l’inconnue souhaite l’affronter dans un combat d’échecs virtuel, intitulé Battle Chess. Et ça tombe bien, car ça fait déjà quelques mois que le petit Wyz a appris les règles du jeu… On va d’ailleurs rappeler la base, juste au cas où…


Le terrain de jeu (l’échiquier) se présente sous la forme d’un plateau de 8x8 cases, chaque joueur ayant à sa disposition 16 pièces disposées en deux rangées, l’avant-garde étant composée des 8 pions de base, tandis que s’agglutinent derrière 8 pièces spéciales : 2 tours, 2 cavaliers, 2 fous, 1 dame (et non "reine" comme on l’entend trop souvent, à cause de son équivalent anglophone) et 1 roi. Le but du jeu est de mettre le roi adverse en "échec et mat", autrement dit l’acculer de telle sorte qu’il ne puisse plus échapper à une situation de capture au tour suivant. Chaque pièce a une mobilité propre, et se déplace comme suit :


-le pion avance toujours droit devant lui, d’une case à la fois, sauf en deux exceptions : lorsqu’il est encore sur sa position initiale, il lui est permis d’avancer de deux cases en même temps (mais il s’expose alors à la règle spéciale de la prise en passant). L’autre exception étant son mode de capture, le pion ne pouvant le faire qu’en diagonale, et obligatoirement vers l’avant.


Malgré sa force de frappe réduite, le pion n’est pourtant pas à négliger : en atteignant les limites du camp adverse, il "va à dame", ce qui lui permet d’être promu en n’importe quelle autre pièce du jeu, excepté le roi. Pour la faire court, il est donc théoriquement possible d’avoir jusqu’à 9 dames (!!) dans une seule et même partie en gérant bien ses pions, ce qui impliquerait tout de même un adversaire particulièrement mauvais…


-la tour (anciennement char) peut se déplacer horizontalement ou verticalement sur toute la longueur / largeur de l’échiquier. Pièce de quadrillage par excellence, elle ne montre généralement son potentiel destructeur qu’en milieu de partie, du fait de sa position de départ très excentrée, notamment après avoir effectuer un roque (mouvement défensif permettant de décentrer le roi).


-le cavalier (aka l’imprévisible, ou l’emmerdeur) a un mouvement plutôt original, puisqu’il se déplace en L, de deux cases sur une ou inversement, et ce, même si une autre pièce se trouve sur son chemin. À l’inverse de la tour, le cavalier trouve surtout son utilité en tout début de partie, permettant notamment de pourrir le jeu de l’adversaire en faisant des "fourchettes"(menaces simultanées de deux pièces).


-le fou quant à lui, se déplace sur toute la diagonale. C’est une pièce relativement "mineure", dans le sens où, ne pouvant se mouvoir que sur les cases de la couleur de celle de sa position de départ, elle ne peut pas mater toute seule le roi adverse. Elle est d’ailleurs la pièce la plus souvent sacrifiée pour la protection du roi…


-la dame, débutant toujours dans la colonne D (1-D pour les blancs, 8-D pour les noirs), est la pièce la plus puissante du jeu, pouvant se déplacer dans toutes les directions et d’autant de cases qu’elle le veut, combinant donc les déplacements diagonaux du fou et rectilignes de la tour. Beaucoup de joueurs inexpérimentés font l’erreur de la sortir trop tôt, tentant des coups parfois démesurés (et finissant par la perdre…), alors qu’elle révèle plutôt son plein potentiel en milieu de partie, lorsque le plateau est un peu dégagé…


-le roi pour finir, toujours placé initialement dans la colonne E (1-E pour les blancs, 8-E pour les noirs), peut lui aussi se déplacer dans toutes les directions, mais d’une seule case à la fois. De par sa nature, il est d’une utilité moindre en attaque, mais il peut se révéler efficace pour contrer la tentative de promotion d’un pion adverse. Mais il passera surtout la plupart du temps à fuir…


Bon, les règles de base étant maintenant rappelées, que vaut donc ce Battle Chess, souris en main ? Ben en fait, c’est pas mal du tout. Graphiquement tout d’abord, et même si on peut opter pour une traditionnelle vue 2D et des pièces classiquement représentées, il reste bien plus sympa de privilégier le plateau en 3D isométrique et ses pièces prenant vie lorsqu’elles se déplacent ou capturent un ennemi. Dans ce dernier cas, on assiste alors à une petite animation rigolote, et différente selon les forces en présence, pendant laquelle l’assaillant élimine sa pauvre victime (précipitation dans un gouffre, jet d’un sort, découpage en deux…la tour, transformée en une sorte de golem, allant même jusqu’à avaler tout rond la dame :p). C’est honnêtement très réussi pour l’époque (1988!) et même parfois assez gore.


Côté durée de vie, c’est correct sans plus. Il y a bien un petit tutorial (réservé à ceux qui maîtrisent un tant soit peu la langue de Beckham), mais il ne vous apprendra pas grand-chose de plus (et même moins) que mon petit topo ci-dessus : aucune aide, conseil ou astuce pour vous aider à progresser et saisir les subtilités du jeu de société millénaire et c’est bien dommage. Il est sinon possible d’y jouer soit à deux, soit en affrontant l’IA sur 10 niveaux de difficulté, sachant que seuls les deux derniers proposeront un semblant de challenge aux joueurs un minimum aguerris… On est donc loin d’un Chessmaster 2000, bien plus austère, mais beaucoup plus complet à ce niveau…


Et puis, il y a les tous les petits trucs qui ont -parfois très- mal vieilli. Les bruitages par exemple, accusent clairement leur âge, et cette saleté de trompette tentant bien maladroitement de se faire passer pour de la musique tape très vite sur le système…mais il y a pire. Le pire, c’est la lenteur des animations. Pardon, la LEEEEENTEEEEEUR des animations. Quand on y rajoute en sus les nombreux ralentissements, mais aussi le fait que le CPU mette parfois trois plombes à jouer un coup… Battle Chess est clairement à déconseiller aux impatients…


Mais à qui donc le conseiller finalement ? La question est pertinente et la réponse complexe. Les échecs étant un jeu encore beaucoup pratiqué aujourd’hui malgré son caractère ancestral (ses règles ayant très peu évolué depuis cinq siècles), il est logique de retrouver nombre adaptations vidéoludiques sur à peu près tous les supports…et bien meilleurs sur certains points cruciaux (progrès de l’IA, toussa…). Il garde certes pour lui ses petites scénettes humoristiques mais là encore, avec un minimum de recherches, je suis sûr qu’on peut en trouver des compiles sur Youtube… Bref, à moins d’être un fervent amateur de vieilleries, il n’amusera sans doute que ceux qui l’ont connu à l’époque (comme moi :p), le temps d’un demi-après-midi…

Wyzargo
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le 3 mars 2018

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