Chaque année, je rattrape un Call of Duty ou un Battlefield (parfois les deux), deux licences que je considère comme des plaisirs coupables. Bien que j'aie souvent l'impression de devoir plus me justifier avec cette dernière. En l'état, bien qu'un BF semble un poil plus complexe à prendre en main qu'un CoD, le niveau de certains joueurs en ligne, et surtout, celui de la campagne solo, vous persuaderont sans aucun mal que ce n'est pas forcément le cas.
Critique de la campagne
Commençons d'ailleurs par ça : le solo. J'aurais aimé créer un peu de suspens en faisant croire aux quelques personnes qui lisent cette critique que cette fois-ci c'est la bonne… mais franchement, personne n'est dupe, et sans même y avoir déjà joué, vous devez très certainement savoir par avance que la campagne solo de ce Battlefield est mauvaise… reste à voir comment cela dit (on se contente de ce qu'on peut que voulez-vous ?…).
Comme pour Battlefield I, cet épisode V débute sur une intro… réussie ! Incroyable DICE, vous voyez que vous n'êtes pas obligé de faire complètement de la merde sur vos compagnes solos ?! C'est bien rythmé, les décors et séquences sont variés et on contrôle des personnages venant de tout horizon… on a envie de découvrir la suite quoi. À croire que DICE devrait uniquement se contenter de faire des introductions et d’arrêter les campagnes… ah bah ça tombe bien ! Ils vont arrêter d’en faire avec Battlefield 2042.
Comme pour l'épisode précédent, la campagne en elle-même se divise en quatre micro-campagnes, ici classées chronologiquement : la première porte sur l'Opération Albumen via le point de vue d'un membre des Special Boat Section, la deuxième sur une résistante norvégienne lors de l'Opération Gunnerside, la troisième sur un tirailleur sénégalais lors du débarquement de Provence, et enfin, la dernière concerne l'équipage d'un char Tigre lors des derniers jours de la guerre.
Globalement, pas grand-chose ne va. C'est fort heureusement moins mauvais que Battlefield I (mais aurait-il été possible de l'être ?) mais ça reste tout de même très médiocre dans l'ensemble ; et tout comme pour BFI, bien qu'il y ait des défauts redondants entre chaque campagne, chacune d'entre elles est mauvaise à sa manière.
La première, celle sur les Special Boat Section, est globalement très cliché. On y contrôle un jeune délinquant enrôlé dans les SBS, et bien évidemment ce jeune délinquant (voleur dans les banques et expert en explosifs tout de même) n'est pas si méchant que ça, bien qu'un poil benêt. Pour l'originalité on repassera (en fait le seul truc surprenant est que le vieux qui nous accompagne ne meurt pas), pour la crédibilité aussi (pourquoi envoyer seulement deux pauvres gars derrières les lignes ? pourquoi les nazis envoient toute leur armée pour ces mêmes deux pauvres gars ?) et il en est de même pour la rigourosité historique : le rôle des SBS semblant être bien exagéré.
Pour la deuxième, les développeurs ont décidé d'encore plus se torcher le cul avec la réalité, aucun coup de feu ayant été tiré l'Opération Gunnerside, on nous le confirme d’ailleurs via un message à la fin du niveau, et le commando ne comportant aucune femme (c'était si dur à trouver un évènement impliquant des femmes ? sérieusement DICE ?). Ce niveau m'a cependant fait rire malgré lui, notamment grâce aux skis qui nous permettent de faire des pointes à 50 km/h, même sur terrain plat, en plus de nous permettre de fuir aisément l’adversaire. J'avoue que j'ai pris un malin plaisir à me jouer de l'IA (complètement teubé) du jeu, notamment lors de « l'infiltration » dans un bunker vers la fin de cette même campagne… jugez plutôt. Bon sinon, outre le fait que cette campagne aussi soit clichée au possible (la mère qui se sacrifie pour sauver sa fille… vous n'aviez pas plus original ?), j'avoue avoir eu un peu de mal avec la volonté de rendre l'officier allemand sympa… je pars du principe qu'un bon nazi est un nazi mort.
La troisième concerne quant à elle les tirailleurs sénégalais… et ce chapitre m'a quelque peu gêné. Si le fait de traiter ces unités est une excellente chose, il m'est impossible de ne pas voir un parti pris quelque peu douteux de la part des développeurs. Le blanchiment des troupes est par exemple évoqué, ce qui est d'une certaine manière une bonne chose, mais le fait est que cela résulte d'une demande du chef d'état-major américain non. J'y vois là un certain cynisme (ou une manière de baisser son froc), surtout quand on se rappelle que Battlefield I nous faisait contrôler des soldats noirs tout en évitant de nous rappeler comment ils étaient traités, dans l'armée américaine notamment. J'ai la forte impression que DICE choisit soigneusement les pays qu'ils critiquent, comme s'il ne fallait pas se mettre à dos certaines communautés (pour des raisons pécuniaires par exemple ?). Concrètement, en plus de ne pas être très intéressant à jouer (même indirectement), ce chapitre est plutôt maladroit puisqu'encore moins subtile que les autres : nous montrant les tirailleurs comme de vulgaires membres d'une guérilla (sous-)équipés avec des armes de la première Guerre Mondiale, alors que ce n'était pas le cas… et puis de toute façon on récupère des armes allemandes en quelques secondes et on finit par leur rouler dessus après deux minutes.
Enfin, terminons par cet équipage nazi à bord d'un char Tigre. Bon… au niveau du gameplay ça va, c'est très certainement le moins mauvais des niveaux du jeu ; et outre le fait que le fonctionnement du tank n'est absolument pas crédible (réparable en cinq secondes montre en main, munitions illimités, pas de réservoir d'essence à gérer), ce dernier reste tout de même très sympa à contrôler et le niveau est globalement bien rythmé. Mais voilà, il y a un hic ! Ce hic c'est que ce chapitre semble quelque peu vouloir humaniser (un peu trop) son équipage, notamment en leur faisant douter de l'intérêt de leur mission ou encore en tentant de rendre sympathique l'un d'entre eux… et mise à part pour le jeune fanatique de la bande qui finit par buter tout le monde à la fin du niveau, j'ai vraiment eu l'impression que les développeurs voulaient que l'on s'identifie à l'équipage de ce char d'assaut. Il y a un gros côté « sacralisation » dans la mise en scène, spécialement lors de la fin, jugez plutôt… sans commentaire.
Que le solo de Battlefield V ne soit pas intéressant à parcourir est une chose, que ses situations provoquent le malaise en est une autre. Un point que je n'ai volontairement pas traité jusqu'ici est le « message » qu'on voulut transmettre les développeurs. Il y a beau avoir un discours anti-guerre, la mise en scène héroïse très souvent les personnages qui nous sont présentés. En plus de ça, il faut ajouter des musiques, très bonnes certes, mais qui sonnent tout autant faux que le discours du jeu. Il faut encore ajouter des lignes, des interstices, quelques peu gênantes tel que « Avec la guerre, tout le potentiel de l'Homme se manifesta. De belles victoires, des heures sombres. » (personnellement je vois le potentiel de l'Homme autre part) ou encore un message d'intro tout simplement délirant : « La Grande Guerre s'acheva dans un silence assourdissant. Le monde tourna la page. Et plongés dans ce silence, nous oubliâmes. » …encore une fois : sérieusement DICE ? Je sais que vous n'aviez ouvert aucun livre d'histoire en développant Battlefield I, mais c'était encore trop compliqué de le faire pour le V ?
Au niveau du gameplay, le jeu possède de nombreuses séquences d'infiltrations (plus ou moins forcées) qui sont clairement ratées : entre l'IA des ennemis qui oscillent entre le complètement teubé et le « j't'ai vu à travers le mur ! », j'ai très souvent perdu patience. Bien évidemment, c'est très souvent linéaire et les quelques niveaux un peu plus ouverts ne profitent pas de cette potentielle ouverture. C'est un truc que je n'ai jamais compris avec cette série. Le multijoueur met en avant le choix des classes et des approches : pourquoi ne pas faire de même avec les campagnes ? Ou sinon pourquoi ne pas confier ces mêmes campagnes solo à des développeurs qui savent en concevoir ?
Sinon, bien évidemment, les armes que l'on peut ramasser ne sont pas souvent en raccord avec la réalité, mais pour le coup on a l'habitude avec les FPS sur la Seconde Guerre Mondiale. Enfin, pour continuer à parler des erreurs que Battlefield V commet comme n'importe quel FPS générique, les seuls objets/secrets à découvrir sont de simples lettres (inintéressantes) à lire.
Bref, la campagne de Battlefield 3 était un navet, celle du 4 un nanard et pour le I c'était un patchwork. Battlefield V réussit l'exploit d'être un peu tout ça à la fois : les développeurs se prennent au sérieux, très souvent on s'ennuie, bien que parfois on en rigole, mais très souvent on se demande bien ce qu'ils ont voulu faire avec ce qu'on a entre les mains. Un gâchis, encore une fois.
J'en profite tout de même pour recommander la très bonne analyse de JVH sur Battlefield I et V ainsi que sur Call of Duty WWII et qui m'a clairement inspiré lors de l'écriture de la première partie de cette critique.
Critique du mode multijoueur
Venons-en maintenant à ce qui fait la force de la série, venons-en au multijoueur. Autant vous saviez déjà que le solo était nul, autant vous savez très certainement aussi que le multi est de bien meilleur qualité. Inutile de créer du mystère autour du fait qu'il soit bon ou non donc, ce serait surprenant que DICE arrive à se rater sur ce pont-là… quoique Battlefield 4 ainsi que le premier Bad Company n'ont pas été bien loin d'y arriver.
Vous connaissez l'adage « on ne change pas une équipe qui gagne », et sans surprise, Battlefield V ne bouleverse pas trop la formule… déjà que DICE ne s'étaient pas foulés à la changer avec un jeu sur la Première Guerre Mondiale, alors de là le faire avec la Seconde… quoi qu'il en soit, le véritable intérêt ici est de savoir quels changements ont été appliqués sur la formule.
Premièrement, si vous avez déjà joué à un Battlefield, tenez-vous bien parce que je vais vous apprendre quelque chose d'ô combien surprenant ! D'extraordinaire même ! Attention ?! Vous êtes prêt ?… les médecins soignent ! Je sais que ça peut paraitre surprenant si vous connaissez bien la série, mais dans BFV, les joueurs alliés se soignent entre eux et réaniment même leurs coéquipiers. Je le répète : dans la majorité des cas, ceux-ci viennent vous soigner et ne passent pas à côté de vous comme un vulgaire déchet afin de vous laisser crever. Il faut dire aussi que tous les alliés agonisants se trouvant proches de vous sont marqués d'un gros cercle bleu (ou vert pour les membres de votre escouade) afin que vous soyez sûr de ne pas les louper. Aussi, pas de seringue ou de défibrillateur à sortir de sa poche : la réanimation se fait tout simplement en maintenant la touche d'action enfoncé. C'est un peu prendre les joueurs pour des cons c'est vrai (quoique pour avoir parlé à certains joueurs sur BFI, certains ne savaient pas que la classe médecin pouvait soigner… voilà voilà), mais le résultat reste tout de même très positif et ça renforce grandement le jeu en équipe. En tous cas, ça faisait longtemps qu'un épisode de la série ne mettait pas autant en avant la coopération. Il faut dire aussi qu'indépendamment de ça, on peut aussi se soigner entre membre d'escouade, qu'importe la classe que nous jouons, ce qui renforce donc encore plus le jeu en équipe.
D'ailleurs, pour parler des classes, dans l'ensemble elles sont plutôt bien équilibrées. En fait, il n'y a que la classe soutien que je trouve un peu raté, notamment parce que les tirs de suppressions n'ont pratiquement plus aucun effet sur le joueur. Je ne demande pas à ce que ça ait forcément le même effet de flou hardcore que dans BF3, mais ici, entre le manque d'effet de suppression et le nerf global des armes par rapport à Battlefield I, la classe soutien ne sert plus qu'à camper sur certaines zones, soit avec un fusil à pompe aux dégâts erratiques, soit avec une mitrailleuse posée sur pied et qui attend sagement qu'un ennemi passe devant le viseur.
Les snipers aussi ont été nerf et il n'est plus possible de tuer un ennemi en une seule balle à moins de tirer dans la tête, mais pour le coup je trouve que c'est une très bonne chose : ça favorise les autres classes qui ont tendance à plus facilement se regrouper, et donc le jeu en équipe. La classe sniper est en fait plus orienté sur le contournement et le marquage des adversaires… parce que oui, il n'est plus possible de marquer les adversaires comme c'était le cas dans les précédents épisodes de la série.
La classe qui a très certainement le plus gagné en intérêt est le médecin. Outre les ajouts que j'évoquais déjà plus haut, les médecins sont dorénavant principalement équipés de pistolets mitrailleurs et de fumigènes, favorisant donc le jeu à courte portée et la prise de risque : l'envoi d'un fumigène à un bon endroit (et au bon moment) permettant très souvent l'avancée de l'une des deux équipes.
Enfin, la classe qui a subit le moins de changement est l’assaut, qui porte toujours aussi bien son nom puisque la plus appropriée pour faire des dégâts, entre ces armes à courte et moyenne portées, et ses explosifs tout autant adaptés aux véhicules qu'à l'infanterie.
Autre nouveauté, il est possible pour chaque classe, de se spécialiser dans l'un de ses domaines de prédilections : un rôle plus précisément. L'assaut peut par exemple se spécialiser dans l'anti-infanterie ou l'anti-véhicule, le premier nous octroie par exemple la possibilité de récupérer plus de munitions sur les corps mais aussi de regagner plus de santé, là où le second permet de marquer les véhicules ennemis pour toute l'équipe et de gagner plus de points lors de la destruction de l'un d'eux. Pour être franc, bien que cet ajout ne change pas grand-chose au gameplay, je n'en suis pas trop fan et j'aurais préféré que chaque classe possède d'emblée l'ensemble de ces différents attributs : finalement, ça crée de la confusion pour pas grand-chose.
Concernant les cartes et le level-design notamment, je dirais qu'on est dans la moyenne de la série. On est en dessous de Battlefield I (les cartes originales tout du moins), mais heureusement au-dessus du naufrage BF4 : cela n'empêche cependant pas un déséquilibrage sur certaines d'entre elles. En mode percée, Aérodrome est un exemple de ce qu'il ne faut pas faire, les différentes zones étant bien trop rapprochées entre elles (les deux dernières sont seulement espacées d'une dizaine de mètres) cela favorise grandement l'équipe offensive, et à vrai dire, je n'ai vu l'équipe défensive remporter la partie sur cette map. En mode conquête, Merka est aussi pas mal déséquilibré, mais cette fois-ci pour l'effet inverse que précédemment : les trop grands espaces entre B et C, et C et D, favorise clairement le combat à distance, sans vraiment avoir de possibilité de contournement. Enfin, Hamada et (surtout) Panzerstorm, pour lesquels c'est le jour ou la nuit en fonction du fait que l'on possède un véhicule ou non (généralement non). Personnellement, j'apprécie les cartes avec une zone (très souvent) centrale orientée pour le combat rapproché, et des espaces sur les côtés permettant le combat à longue distance et l'utilisation de véhicules, avec tout de même des possibilités de contournement pour l'infanterie. Pour le coup, s'il y a bien une map qui réussit ça, c'est sans conteste Arras ou dans le même registre Dévastation.
Je ne suis pas un grand fan des cartes du Pacifique, car elles sont trop étirées et tout simplement parce que je ne suis pas fan du style visuel… mais elles restent tout de même de bonnes factures dans l'ensemble.
Par contre, les maps ont beau faire 10 km², ça n'empêche pas le spawnkill lorsqu'on apparait sur certains points. Autant je comprends ça sur des jeux avec des maps beaucoup plus étriqués (CoD pour ne reprendre que lui), autant ça n'a aucun sens sur un jeu avec des cartes bien plus grandes.
Avec Battlefield I, les véhicules étaient un peu plus en retrait. C'est le cas ici aussi, bien que comme je l'ai indiqué plus haut, certaines des cartes ne sont intéressantes que si on en possède un. Il y a cependant toujours le syndrome « c'est le premier qui choppe le tank qu'a gagné » …et franchement je ne comprendrais jamais de choix de la part de DICE tant certains joueurs ont tendance à rester dans le menu de déploiement rien que pour ça, ce qui ne favorise pas les joueurs les plus méritants donc. Le VRAI gros problème de véhicule dans ce BFV reste cependant l'aviation qui est beaucoup, mais alors beaucoup trop surpuissantes par rapport aux autres unités et véhicules. Sur certaines maps, la partie peut véritablement devenir un enfer à cause d'un joueur qui maîtrise l'aviation et qui va sans cesse bombarder les unités au sol. Ce qui est encore plus dommage c'est qu'il n'y a pas vraiment de moyen pour contrer ça hormis de la DCA vraiment pas fun à utiliser… et encore plus quand on est mauvais comme moi.
Les plus gros ajouts de ce Battlefield V, tout du moins ceux qui ont fait le plus parler d'eux, sont sans nul doute le battle-royale ainsi que le mode construction. Par « parler d'eux », il faut comprendre « parler d'eux en mal » puisqu'étant annoncés en 2018, soit en pleine hype Fortnite, les joueurs ont plutôt mal vu ces ajouts semblants vouloir faire de l'œil à un nouveau public.
En l'état, en ce qui concerne le mode battle-royale, il suffit de lancer une simple recherche de partie afin de constater que l'on peine à trouver ne serait-ce qu'une dizaine de joueurs, même après 5 minutes d'attente : un gros flop sur lequel je ne m'attarderais pas donc.
L'apport d'un mode de construction est quant à lui plus intéressant et permet de ralentir la progression de l'équipe adverse, voir même de bloquer certains joueurs ne possédant pas les explosifs leur permettant de se frayer un chemin. De surcroit, ça reste toujours des moyens de se défendre en plus, notamment face à des joueurs privilégiant le combat à longue distance. Pour le coup, je dirais que cet ajout est dans l'ensemble plutôt un bon truc.
Pour rester dans la veine Fortnite, tout du moins d'une certaine manière, il est désormais possible de personnaliser ses soldats : pour le coup, je ne suis absolument pas fan de ça. Premièrement parce qu'au niveau du gameplay, on ne peut plus différencier ses adversaires de loin et savoir qui joue quoi (un joueur campant un sniper peut avoir la même apparence qu'un autre jouant un médecin), mais surtout parce que c'est la porte ouverte à un système proche d'un f2p, de nombreuses apparences étant bien évidemment payantes. Ce qui est encore plus con, c'est que les développeurs se sont limités à créer des skins soit orientés soit Royaume-Uni (même pour Rotterdam ou pour le débarquement de Provence), soit Allemagne Nazi. Le but est de rester crédible historiquement et géographiquement vous allez me dire… ok, mais pourquoi alors les skins légendaires peuvent être utilisés n'importe où ? Résultat : on voit courir des pilotes nippons en plein milieu des champs français et des soldats britanniques sur les porte-avions américains en plein Pacifique. Je ne comprends pas pour le coup : soit tu restes un minimum crédible historiquement, soit tu t'en branles et tu laisses les joueurs faire ce qu'ils veulent au niveau de la personnalisation… tu ne fais pas un mix louche entre les deux. Je ne demande pas à ce que Battlefield soit une ressource historique pertinente (et je ne parle pas de la présence de certaines armes ou de certaines cartes), mais ce serait bien d'avoir une logique et de la conserver, non ?
Pour rentrer dans les détails plus « techniques », je trouve le niveau des serveurs plutôt décevants. Après un Battlefield I qui mettait la barre assez haut et qui avait corrigé pas mal de problèmes des anciens épisodes (le plus connu étant le problème de netcode qui faisait que notre adversaire ne voyait pas forcément la même chose que nous), il faut noter qu'ici on régresse un peu et qu'on ressent un décalage entre nous et les joueurs adverses. Ce même décalage s'avère parfois assez important puisqu'il est possible de se retrouver avec un adversaire nous éliminant en une seule balle sans pour autant nous avoir tiré dans la tête. Bien que ça ne rende pas le jeu injouable, ça a tendance à le déséquilibrer et ça peut parfois se montrer bien frustrant.
Après, si j'en crois le tchat, il y aurait pas mal de cheaters en ligne. Autant je n'en doute pas quand un joueur « fait la toupie » en plein milieu et enchaine les headshots sans être censé savoir où se situent les adversaires… autant je pense que c'est aussi une excuse facile pour certains joueurs afin de ne pas accepter la défaite.
Après, pour le coup BFV est loin d'être l'épisode de la série qui a le meilleur suivi de la part de DICE, le fait qu'il ait été abandonné plus rapidement que les autres, rien que sur l'ajout de nouvelles cartes (notamment le front de l'Est), a tendance à aller dans ce sens. D'ailleurs, en parlant d'abandon, je pense que les joueurs les plus hardcores, les plus gros fans, l'ont eux aussi vite abandonnés : pour preuve, je finis très souvent premier, et dans 90 % des cas, dans le premier quart de mon équipe. C'est toujours un peu surprenant de faire de la merde mais de quand même truster le podium… quoique quand on voit le niveau de certains joueurs, on comprend vite pourquoi il est plutôt aisé de se frayer une bonne place dans le classement.
De plus, concernant le niveau des joueurs, et plus précisément l'équilibrage des parties, il me semble important de noter qu'il n'y en a pratiquement pas. Dans la plupart des cas, quand on emporte la victoire, on l'emporte aussi sur les parties suivantes… et il en est de même pour les défaites donc. Un détail complétement con quoi, puisqu'en plus de ruiner tout suspens, les serveurs finissent par se vider après plusieurs parties… Aïe !
Pour en revenir à la technique, ça reste tout de même plutôt bien optimisé. Peut-être pas autant qu'un BFI, mais rien de vraiment reprochable tout de même. Le moteur Frostbite fait toujours autant des merveilles que ce soit au niveau de la physique ou des très nombreux détails visibles.
Côté bogues, c'est un peu moins glorieux et entre les bogues de son en plein milieu de partie (très rare tout de même) et l'impossibilité de tirer sans aucune raison (bogue qui pour le coup m'arrive au moins une fois par partie) il y a de quoi rager un petit peu à certains moments… cela dit, il faut préciser qu'en ce qui concerne la gestion du son, ça reste toujours autant de la frappe, tant au niveau des effets que de la spatialisation.
Je suis cependant toujours aussi peu fan de la direction artistique, qui manque encore d'âme, et qui ne fait pas forcément Seconde Guerre Mondiale.
Conclusion
Du coup ? Que vaut ce Battlefield V ?
Du côté des points négatifs, il ne change pas grand-chose à la formule et reste toujours aussi navrant en solo… du côté des points positifs, il faut bien avouer que le retour du jeu en équipe et le nouvel équilibrage des classes fait énormément de bien. Du coup, Battlefield V est d'une certaine manière, bien que non dénué de défauts, une très bonne pioche dans la saga, surtout si on le compare à ses prédécesseurs qui avaient de plus grosses failles (le solo pour Battlefield I, tout pour Battlefield 4). Du coup, je dirais que c'est globalement le meilleur épisode de la série depuis Battlefield 3.
Après, les défauts cités dans l'introduction de cette conclusion (oui) sont bien présents, et si comme moi (et comme beaucoup d'autres) vous avez déjà touché à Battlefield I, vous serez déçu de constater qu'encore une fois DICE n'a pas réussi à complétement épouser l'époque qu'il traite à travers son jeu. Et encore une fois, ce qui personnellement me gêne le plus avec cet épisode, et qui me gênait déjà avec BFI, est bien le côté « cul entre deux chaises » : entre la volonté d'être authentique et d'être fun d’une part et la volonté d'être rigoureux et de laisser une liberté au joueur d’autre part, DICE n'est malheureusement toujours pas arrivé à faire un choix… pour le coup, je pense que ce qui résume le mieux le niveau de la licence d’un point de vue historique est ce simple tweet provenant des développeurs eux-mêmes.