« L’homme choisit, l’esclave obéit ».
L’aventure commence et déjà tout est si sombre. Je flotte dans un océan d’incompréhension, sans repère, et je m’aperçois bien vite que je suffoque. Le manque d’air devient terrible : je me noie ! Terrifié, je nage vers cette lueur jaunâtre espérant y trouver mon salut, et c’est en puisant dans mes dernières forces que j’atteins la surface. Je suis vivant ! Mais tout autour c’est le chaos. Je dois être l’unique survivant de ce crash d’avion dont les débris enflammés flottent au beau milieu de l’Atlantique. Au loin, j’aperçois une tour émerger des profondeurs. Peut-être y trouverais-je du secours. Je progresse dans la nuit pour rejoindre le phare mais il n’y rien à l’intérieur. Juste une bathysphère prête à plonger. Ai-je vraiment le choix ? J’entre et amorce la descente vers les profondeurs de l’océan. Ce que je découvre me laisse sans voix : une cité sous-marine qui se dresse sous les eaux. Rapture… Mais c’est un spectacle macabre qui m’attend : à mon arrivée, j’aperçois un homme se faire éventrer par une créature décharnée qui disparait bien vite après avoir saboté mon submersible. La porte s’ouvre finalement, me livrant seul à Rapture…
À l’instar du héros que l’on incarne, c’est réticent que je fais mes premiers pas dans Rapture. N’étant pas amateur de FPS, et appréciant encore moins le genre survival, c’est sur les conseils d’un ami que j’entame Bioshock, persuadé que je n’y accrocherais pas. Et pourtant dès le départ, je me retrouve happer par cette ambiance que dégage le jeu et, prisonnier de Rapture, je choisis de continuer.
Pour ce qui est des considérations techniques, autant dire les choses clairement : le jeu est beau, notamment les effets d’eau ultra-crédibles, un bon point car de l’eau on en verra. La musique et la direction artistique donnent vie à un univers original et peu exploité dans le jeu vidéo, les années 60. Tout ceci participe à une ambiance saisissante car rarement un jeu a été capable de véhiculer autant de sensations. On se sent oppresser par cette ville sous-marine empreinte de folie et qui ne nous laisse aucune échappatoire, ce qui est une des principales forces du soft. Il est important malgré tout de noter dans cette partie technique le plus gros défaut du jeu : la gestion du son lamentable. On en apprendra beaucoup sur l’histoire grâce à des enregistrements audio, et même avec des réglages, ceux-ci s’entendent à peine. On pense alors à l’alternative des sous-titres, mais on déchante vite car ils sont ridiculement petits (inutile d’espérer les lire si vous n’êtes pas passés à la HD).
Côté gameplay, encore une recette originale. Le jeu nous propose tout un panel d’armes qui nous permettra de sortir des situations les plus délicates mais pas que… En effet, dans Bioshock on a découvert comment modifier son génome, ce qui laisse place à de nombreuses possibilités. Vous rêvez de lancer des éclairs destructeurs d’un claquement de doigt, de soulever les objets à distance ou de faire apparaitre un clone de vous que vos ennemis attaqueront ? Et bien tout cela est faisable dans Bioshock ! Les possibilités sont infinis, mais attention, car le pouvoir n’est pas gratuit…
J’en viens alors au scénario de Bioshock. Etonnant, et fort bien trouvé. Une histoire qui, sans être transcendante, se révèle pleine de surprises, comprenant notamment une fin alternative. Mais Bioshock se démarque tout particulièrement de la masse par les choix moraux qu’il nous demandera de faire. Quel genre d’homme êtes-vous ? Un jeu qui vous mettra face à vos responsabilités, qui vous incitera à porter un jugement sur vos propres actes.
Au final, Bioshock ne fait pas peur à proprement parlé, mais il se révèle réellement oppressant. Une ambiance unique qui a elle-seule vaut le détour. Et malgré quelques défauts (son et sous-titres), Bioshock est un jeu aux innombrables qualités, se déroulant dans la cité de Rapture au combien riche et originale, annonciateur d’un deuxième opus qui lui sera encore meilleur.