En 1986, le beat'em all n'est pas encore un genre majeur sur Master System, quand bien même cette console venait juste de sortir. Effectivement, ce sont majoritairement les jeux de plateforme qui constituent le catalogue de cette console. La faute peut-être à l'absence de jeux marquants, qui viendront quelques années plus tard.
Black Belt fait partie de ces quelques beat'em all sortis peu de temps après la sortie de la 8-bits de Sega. Bien qu'à la base le jeu prend place dans l'univers de Ken le Survivant, la version occidentale a bénéficié d'un traitement pour le moins aseptisé.
Est-ce la genèse grandiose d'un genre qui va marquer toute une génération de joueurs ? Ou bien un cas complètement raté ?
Réveillez le karatéka qui sommeille en vous et allons tabasser des ennemis à la chaîne !
De Ken le Survivant à Riki le karatéka
Comme cela a été évoqué plus haut, toute référence à Ken le Survivant (ou Hokuto no Ken pour les puristes) a été retiré de Black Black. Exit Ken et son Hokuto Shinken, place ici à Riki et son karaté qui présente tout de même un air de ressemblance avec son homologue nippon.
Déjà que créer une histoire un tant soit peu intéressante autour d'un beat'em all relève de l'exploit, la mission devient limite impossible si on ampute le jeu d'un background qui a le mérite d'être conséquent. De toute façon, Black Belt ne s'embarrasse pas à ce sujet, puisqu'aucune mention autour d'un quelconque récit est faite, si ce n'est à la toute fin du jeu où on vous félicite d'avoir apporté la paix dans le monde et sauvé une demoiselle en détresse en ayant vaincu tous les boss du jeu. Outre la banalité d'une telle fin, on peut légitimement penser qu'elle comporte une certaine exagération. Si tabasser des méchants dans les rues était suffisant pour rétablir la paix, bon nombre de problèmes seraient vite réglés.
Mais là, on s'égare.
Changement de décor
Pour continuer dans la comparaison entre la version occidentale et japonaise du jeu, force est de constater que Black Belt prend place dans un univers nettement moins dévasté que celui de Hokuto no Ken. Fini les immeubles en ruine et les déserts sans fin, on se balade ici à travers des temples et bâtisses d'inspiration japonaise et des villes qui ont l'air en meilleure forme que celles que Ken traverse.
Techniquement parlant, si les graphismes de Black Belt sont un peu en dessous de certains jeux Master System sortis la même année, notamment Wonder Boy ou Alex Kidd, ils sont tout de même satisfaisants. Certes, on a l'impression que Riki est un homme sans visage jusqu'au moment où il porte le coup de grâce au boss de fin de niveau, et pas mal d’éléments du décor ou personnages manquent de détails car pas mal pixélisés, mais la réalisation est suffisamment correcte pour nous proposer un contenu honorable.
Toujours est-il que les décors manquent de variété. On a pas mal d'environnements tirés du folklore japonais qui comportent des similitudes entre eux, et le seul stage qui tranche avec les autres est seulement décliné au pixel près dans une version de nuit. De plus, le style des ennemis s'avère être discutable. Si Riki dispose d'un style vestimentaire très sobre et ordinaire, certains ennemis n’hésitent pas à parader avec des couleurs fluo d'un esthétisme douteux et d’accoutrements qui frisent le ridicule.
Côté bande-son, pas grand chose à se mettre sous la dent. On retrouve peu de thèmes musicaux pour chaque situation de jeu. L'exemple le plus notable est que l'on écoute la même musique pour les stages et la même musique pour les combats de boss, quelque soit le stage en question. D'autant plus que ces musiques là ne sont pas particulièrement marquantes. Quelques bruitages sont également de la partie, mais ils se font bien trop discrets dans le jeu.
La dictature du coup de pied
S'il y a bien une chose qui ne change pas entre Black Belt et Hokuto no Ken, c'est le gameplay. Les deux jeux étant tous les deux opposés à la contrainte de la manette de Master System, on y retrouve les mêmes fonctionnalités.
Pas la peine de s'étendre sur le pavé directionnel qui remplit son office à la manière de bien d'autres jeux, si ce n'est pour dire qu'il y a deux possibilités pour Riki de sauter. Il peut évidemment faire un saut normal avec une simple pression sur la touche haut avec une possibilité d'orienter son saut avec les diagonales haut-gauche et haut-droite, mais il peut également faire un saut bien plus haut en maintenant le bouton bas et en appuyant par la suite sur le bouton haut. On reviendra sur l'utilité d'un tel saut dans les lignes qui suivent. Ensuite, le joueur dispose de deux coups : un coup de poing en pressant le bouton 1 et un coup de pied en pressant le bouton 2. Il est également possible d'effectuer des coups de poing et de pied en étant accroupi.
Le gameplay s'avère donc simple, voire un peu famélique, mais quelques remarques doivent être présentées. Tout d'abord, la gestion des sauts est parfois capricieuse, et on se retrouve parfois à exécuter des super sauts alors que l'on souhaite utiliser des sauts simples. Ensuite, on a encore affaire à l'un des fléaux des jeux de cette époque : la quasi inutilité du coup de poing. D'une portée réduite, celui-ci s'avère parfois difficile à placer et il n'est pas rare qu'il manque son adversaire. De ce fait, le coup de pied sera votre arme la plus utile face aux hordes d'ennemis qui vous attendent, d'autant plus qu'il est le seul coup à pouvoir être exécuté en plein saut. Notons également que le coup de pied perd une grande partie de son efficacité lorsqu'il est effectué en étant accroupi, ce qui limite grandement son intérêt. Enfin, notons une hitbox parfois hasardeuse qui pourra s'avérer gênante lors de certains combats de minis-boss ou de boss.
Encas raté
Pour venir à bout de Black Belt, il vous faudra finir six stages dénommés chapitres se déroulant de la même manière, ou presque. Ainsi, il vous faudra d'abord vaincre une foule d'ennemis qui se ruent sauvagement vers vous et des minis-boss en quantité variable, avant de pouvoir affronter le boss de fin de niveau. La seule différence notable dans cette progression réside dans le passage du stage 5 au stage 6, en effet après avoir vaincu le boss du chapitre 5 vous tombez directement sur le boss du stage final.
Contrairement à Hokuto no Ken, Black Belt vous propose de récolter deux types de bonus pour vous aider lors de vos affrontements : les premiers en forme de nourriture vous permettent de récupérer de la vie et des points, et les seconds en forme de kanji confèrent une invincibilité temporaire au profit de Riki. Ces items volent au-dessus de vous assez rapidement et il vous faudra utiliser le super saut pour pouvoir les récupérer. Si ces bonus facilitent pas mal la tâche contre les ennemis de base qui sont de toute façon rarement une menace, ils ne sont parfois pas de trop vu la difficulté de certains mini-boss. Même chose pour les boss qui sont bien sûr plus ardus que le reste des ennemis. Si les deux premiers ne sont pas si difficiles après quelques parties, les autres vous donneront bien plus de fil à retordre et il vous faudra jouer de ruse et de talent afin d'en venir à bout.
De ce fait, ce n'est pas tant le nombre de stages qui rehausse la durée de vie du jeu, mais bel et bien sa difficulté, comme bon nombre de jeux de l'époque.
Conclusion
S'il n'est pas une référence ultime des beat'em all du fait de son gameplay finalement assez pauvre et de sa réalisation honnête mais loin d'être mémorable, Black Belt reste néanmoins un jeu correct et sympathique qui risque de vous retenir pas mal de temps si vous tenez à le terminer, malgré qu'il soit plus simple que son homologue japonais.