Blacktail
6.7
Blacktail

Jeu de The Parasight et Focus Entertainment (2022PC)

24 heures de jeu à mon actif


Dans le domaine du merveilleux et de la Fantasy, j'aime bien voir les inspirations folkloriques qu'il y a derrière les œuvres que j'apprécie. Et autant nous sommes servis du côté de l'Europe occidental avec toute la mythologie nordique, le folklore anglais et breton ou les contes allemands... mais c'est à oublier que l'Europe oriental a également son lot d'histoires atypiques et fantastiques pouvant aisément inspirer une quelconque création artistique (ou pas ; pourquoi ce serait forcément artistique ?). C'est ainsi que j'ai découvert le jeu vidéo Blacktail, développé par The Parasight et sorti l'année dernière (2022), proposant de vivre la légende de la sorcière Baba Yaga, figure salve imposante que l'on peut notamment voir dans le conte Vassilissa la très belle. Et c'est un véritable plaisir que de vivre la naissance - ou la mort ; puisque c'est un point que j'ai eu du mal à comprendre et qui me laisse encore perplexe - de la sorcière Baba Yaga. Et pour être totalement honnête, je dois avouer que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu une telle fascination pour un jeu vidéo.


Nous incarnons une jeune fille du nom de Yaga, exilée de son village pour sorcellerie et qui tente de retrouver sa sœur Zora ainsi que ses amis, qui ont tous disparu après avoir découvert au plus profond d'une forêt... la hutte de la sorcière Baba Yaga.

Pas plus de spoil !


Donc, pour notre intrigue principale, nous allons devoir fouiller ciel et terre pour retrouver nos amis et notre sœur après avoir découvert et pénétré la maison de Baba Yaga - de quoi donner une dimension d'enquête à ce jeu d'action dans un monde onirique à souhait - pour ainsi se rappeler ce qui a provoqué ces disparitions et revenir à l'origine du bannissement qui fut celui de Yaga. Et la force de cette histoire est qu'elle nous emmène à travers une multitude de schéma narratif tous aussi atypiques les uns que les autres, ce qui donne une véritable richesse au jeu : la plupart du temps, nous évoluons à la troisième personne (classique dans le monde du rpg) - et encore, certaines quêtes et moments de la campagne principale innovent en terme de séquence de jeu (mention spéciale au passage du pont inversé et à la bataille des cailloux qui est tout bonnement bien pensé et amusante (même si c'est la guerre)) - mais durant plusieurs séquences, nous évoluons en type plateforme 2D en incarnant plusieurs animaux, des séquences narratives en tant que serpent ou encore, et j'ai absolument adoré ces moments, en incarnant une souris dans un labyrinthe vu de dessus pour échapper au Chat noir (on en reparlera dans la partie "Personnages"). De ce fait, à aucun moment de notre périple nous nous ennuyons : on enquête sur la disparition de nos amis, on rencontre des personnages qui nous aiguille vers des boss somme toute convenables même s'ils manquent quelque peu de difficulté et on a le droit à un petit mini-jeu fort sympathique concernant le sort de nos amis où l'on peut remonter (à courte échelle) le temps. C'est tout bonnement un trésor d'ingéniosité pour nous faire vivre le meilleur moment vidéoludique ! Toutes ces péripéties nous mènent bien évidemment à la conclusion de ce titre qui semble être, à mon sens, une sorte de fin ouverte où, suivant la manière dont nous avons été imprégné des aventures de Yaga, une interprétation émerge. Mais je dois avouer qu'elle secoue assez pour me demander si j'ai bien saisi tous les enjeux que la fin dévoilée présentait - sachant que, pour le moment, il n'est pas dit qu'il existe plusieurs fin, elle semble être la seule et l'unique. De ce fat, libre à chacun d'interpréter cela mais je la trouve tout de même un peu tordue (dans le sens où il est facile de ne rien y comprendre). Quoi qu'il en soit, nous sommes véritablement immergé dans cette histoire onirique fascinante et effrayante, en passant par des phases d'énigme et de choix moraux - qui auront un impact bien réel sur la manière que notre personnage a d'agir - vers la facette la plus sombre de la légende de Baba Yaga.


Et bien sûr, un si bon scénario - du moins une si bonne façon de le présenter - est accompagné de personnages attachants. Pour commencer : Yaga, notre personnage principale qui, selon nos humeurs et envies, oscillera entre des choix moraux douteux ou louables, amenant à se créer des alliés qui interviendront durant la confrontation finale - d'où le fait de ne surtout pas sous-estimer les quêtes secondaires qui, soit dit en passant, sont à la hauteur de l'intrigue principale - et à revêtir différents masques - détail qui a, en parti, causé notre bannissement du village ; la "Fille sans visage" comme nous appelait les paysans et autres membres de la communauté. Ces choix amènent à une évolution fort sympathique de ce personnage que l'on découvre petit à petit durant nos investigations mais surtout, sous le prisme observateur de l'adjuvante principale : la Voix. En effet, Yaga se ballade dans ce monde merveilleux et onirique, pour seule compagnie une voix qui a bien plus d'une moralité dans son sac : d'où vient-elle, qui est-elle ? Tant de questions qui nous hantera jusqu'au moment de la confrontation final qui consolidera ce lien entre Yaga et la Voix, seule entité avec qui Yaga peut s'entendre - autrement, le monde entier a décidé de fuir la jeune fille comme la peste. Et bien évidemment, nous avons de nombreux autres personnages en liste, plus secondaires - si ce n'est tertiaires - qui font leur apparition : en premier lieu, parce qu'ils sont les plus nombreux, les... champignons. En effet, nous avons une forêt mystique où l'on croise de nombreux phénomènes surnaturels (apparition de squelettes, lieux d'offrandes, cabanes abandonnées mais occupées par d'étranges arachnides...) mais également des champignons doués d'intelligence, dont certains plus imposants que les autres et qui offrent tellement à l'aventure que l'on vit. Bayard, l'Espion et tant d'autres, à la philosophie bien rodée et au charisme évident. Nous avons également des personnages plus animaliers à l'image de M. Larve ou de la Reine Fourmi, mais mon préféré demeure le fameux Chat noir (qui propose le mini-jeu du labyrinthe, mais qui sert aussi d'intermédiaire entre la hutte de Baba Yaga et le monde) ; du coup, mention spécial pour ce dernier. Et bien entendu, nous avons une antagoniste de choix : la sorcière Baba Yaga, que l'on ne voit quasi jamais si ce n'est par flash nerveux, durant des brides de souvenirs... et c'est ce qui la rend effrayante et imposante à la fois. Ainsi, c'est un véritable panel de protagonistes que l'on nous propose, pour notre plus grand bonheur. Des protagonistes qui contribuent grandement au charme de cette histoire et aventure.


Pour la patte graphique à présent. Bon... Pour un jeu de 2022, ça reste convenable mais c'est vrai que l'on aurait pu espérer mieux. Néanmoins, le style proposé - du moins, c'est une lecture (ou excuse) personnelle - va de pair avec l'ambiance générée par ce jeu : des traits pas forcément précis, une sorte de grossièreté... mais, en contre coup, les fameuses séquences animalières qui sont bien présentées, un jeu sur les lumières bien pensé et l'horrifique de l'histoire "sublimé" par cette patte artistique. De ce fait, il n'y a vraiment pas lieu de se plaindre même si on aurait pu espéré mieux, encore une fois.


Concernant les combats, on arrive sur une zone un peu plus glissante... La spécificité de ce jeu est que Yaga ne se défend qu'avec une seule arme : son arc ; en vrai, elle peut également utiliser de la magie mais son utilisation se résume à lancer un champ de force qui repousse quelques secondes les ennemis. Alors, en soi, c'est original de n'avoir qu'un arc pour se défendre, mais dans les faits, c'est tout de même bien handicapant. Néanmoins, on arrive tout de même à avoir un arsenal intéressant, notamment au niveau des flèches : flèches basiques, collantes ou de glace, suivant l'ennemi que l'on souhaite affronter ou suivant la stratégie appliquée. Mais, en plus de notre arc, on pourra compter sur notre balai (quitte à être pointé comme étant sorcière, autant y aller jusqu'au bout !) qui sera bien utile une fois bien amélioré ; sachant que l'on trouve des améliorations un peu partout ou dès lors que l'on finit une quête. Et là où c'est une zone glissante, c'est que les combats laissent un peu à désirer, notamment quand on n'a pas encore le balai (qui a tendance à attirer l'ennemi pour être frappé à notre place) ou quand on affronte de nombreux Gnolls - qui ont tendance à faire rudement mal. Néanmoins, une fois bien avancé et équipé, les affrontements ne deviennent plus tellement un problème, ce qui peut engranger un combat final peut-être trop facile...


Concernant les lieux et divers décors, autant dire que nous sommes servis, notamment avec cette petite pointe d'onirisme qui fait plaisir ! Du pont inversé aux sculptures aériennes aux grands champs de blé en passant par les marais, il y a du biome en pagaille et ça fait plaisir à voir, surtout que les sculptures sont généralement des sortes de squelettes géants de lapins, de corbeaux et de serpents, de quoi appuyer encore plus son ambiance particulière.


Et pour ce qui est des musiques, force est de constater qu'elles sont également à la hauteur ; une mention spéciale à la chanson du menu qui nous met directement dans l'ambiance et à la mélodie du labyrinthe du Chat noir qui appuie vraiment la partie prise en chasse.


Blacktail est un jeu vidéo véritablement revigorant et drôlement inventif, non dans ces procédés et autres systèmes de jeu - là, on reste sur du basique, mais dans son ambiance onirique, dans sa manière de raconter une histoire et surtout dans la manière de nous faire vivre une aventure de cette ampleur. Un très bon jeu et une très bonne expérience qui mérite vraiment le coup - en espérant que le studio de développement puisse à l'avenir proposer des histoires de ce même gabarit. Donc, bien évidemment, pour toutes ses qualités, même si certaines demeurent imparfaites à l'instar de la qualité graphique ou de certaines séquences d'affrontement, je ne peux que recommander ce jeu qui nous prouve que les légendes slaves ont encore des choses passionnantes à raconter.

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
8
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Créée

le 12 avr. 2023

Critique lue 45 fois

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PhenixduXib

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