Pénitence au fin fond de l'Espagne

Je croyais partir sur la Costa Brava, ses plages blindées, son eau plastifiée, ses criques escarpées et ses bars branchés. Je me suis retrouvé au fin fond de la pampa espagnol avec des fanatiques assoiffés et des complètement locos. Magnifique.

Ah... L'Espagne... Ce pays sonne comme l'éternel été de mon adolescence qui se termine malheureusement à la fin des vacances scolaires. Ses plages farcies de baigneurs qui se languissent, tournés/retournés pour capter le maximum de soleil sur chaque millimètre de peau. Ses mêmes étendues de sable où il est difficile, que dis-je, presque impossible d'étaler sa serviette sans renifler les pieds d'un voisin tartiné de crème ou être emmerdé à chaque passage de ses gamins...

... les premiers coups de crucifix géants dans ma gueule m'ont fait ravaler mes rêveries avec un peu de terre. J'ai laissé mes claquettes dans mon sac de plage pour arpenter difficilement une Zebes hispanophone maudite par Dieu et peuplée d'extrémistes sectaires, de zombies visqueux, de sorcières volantes et de gargantuesques fous furieux.

La vida es chula. Oubliez les tapas et les Sangria en terrasse. Le pénitent préfère boire des calices de sang impie dans les recoins sombres d'une Espagne superstitieuse, mystique et mythique. Aux premiers abords, l'ambiance peut apparaître austère, quoique hostile, mais toujours captivante. Le folklore des uns et les pratiques douteuses des autres nous poussent à en savoir un peu plus sur cette femme enchevêtrée dans une cage en or, à percer le mystère de cet os de pied ou à aider comme on peut ces pestiférés reclus dans une tour. Vous ne regardez plus le bout de tissu rouge de la même manière ou cet orteil découpé avec dégoût quand vous aurez appris quel calvaire son ou sa propriétaire à traverser.

L'histoire de Cvstodia ne se révèle qu'aux plus curieux. Les traumatismes marquent dans leur chair les habitants et les paysages qui se murent dans un silence religieux. Enfouis, les cicatrices du passé ne se dévoileront que par la déduction et l'esprit. Rien n'est évident. Rien n'est vraiment très clair, laissant le voyageur de passage dans un flou persistant et oppressant.

Après un passage dans ces terres désolées, les plus réfractaires à toute forme d'opium du peuple ne lâcheront plus leur chapelet et ses pouvoirs magiques supposés. Dans le doute d'un être supérieur clément, le laïc borné s'abandonne bien facilement à espérer face aux monstrueuses bizarreries et aux horreurs inavouées.

Cvstodia n'est pas une destination qu'on recommanderait à tous les joueurs. Il faut aimer souffrir... beaucoup... énormément... à la folie ! Le genre de souffrance que seul les aventures organisées de FromSoftware peuvent proposer. Le pénitent donne le ton dès le début en s'enfonçant une capirote en métal (un chapeau pointu qui n'a rien à voir avec le KKK) fourrée d'épines. Si, contrairement à Sam, on n'a pas vraiment envie de porter son fardeau, on se contente avec plaisir de le porter lui jusqu'au bout d'un périple toujours savoureusement dérangeant et bouleversant.

[Parti de l'idée de créer un blog voyage, je cherche à partager mes expériences vidéoludiques comme autant d'aventures dans différents pays du globe sans bouger de mon canapé !]