Blaze Union
Blaze Union

Jeu de Sting Entertainment et Atlus (2010PSP)

Blaze Union, préquelle au peu connu Yggdra Union, n'a malheureusement jamais atteint nos contrées et est resté cantonné au Japon depuis sa sortie. Ce ne fut qu'après avoir trouvé une traduction sur Gamefaqs que je me décidais enfin à me procurer la bête suite à l'excellente surprise qu'avait été son prédécesseur, et bon Dieu que je ne regrette pas l'investissement.

Situés trois ans avant les événements d'Yggdra Union, l'histoire retrace la montée au pouvoir de Gulcasa (antagoniste du jeu original) dans un empire au bord de la ruine tandis que l'empereur actuel mène son pays à deux doigts du gouffre, laissant s'installer corruption et ruines dans la nation toute entière. Le jeu suit l'évolution de Garlot, jeune cavalier qui cherche à s'opposer aux injustices qui gangrènent son pays. Il se rend cependant vite compte que son petit groupe ne dispose pas de la force nécessaire pour bouleverser le déroulement des choses, et sous les conseils d'un noble bien déterminé à changer la donne et remettre l'empire sur une voie autre que celle de la déchéance, il devient alors le capitaine de sa garde personnelle. Le jeu met principalement en avant l'évolution du personnage principal face à sa faiblesse et des sacrifices qu'il effectue tout au long de son périple. Parmi les nombreux thèmes abordés, on retrouve notamment la notion de sacrifice, de vengeance, le poids de la mort, ce que partager le même sang signifie, le fardeau d'un héritage, et le fait de s'aveugler pour une cause.

Le jeu ne dispose cependant pas d'une structure linéaire, puisque certains chapitres vous laissent le choix des missions que vous souhaitez effectuer, en sachant qu'il est impossible de toutes les réaliser. En fonction de vos choix, vous pourrez alors dévier de la route principale et vous diriger vers les deux autres fins du jeu et recruter de nouveaux personnages. Malheureusement, cela entraîne quelques problèmes : en premier lieu, les conditions pour accéder aux différentes fins ne sont indiqués nulle part et leurs conditions se basent sur une sélection de missions très spécifiques à accomplir. De plus, toutes les missions n'ont pas le même intérêt pour le joueur, certaines d'entre elles ne vous offrant que peccadille tandis que d'autres peuvent vous offrir deux personnages en un coup. Comme toutes les missions disponibles ne peuvent être effectuées en une partie, vous manquerez un bon nombre d'alliés sur votre première expérience. La rejouabilité s'en trouve augmentée, mais la frustration également. Les fins que vous cherchez à atteindre modifient entièrement le sixième et dernier chapitre, celles-ci sont d'ailleurs très différentes les unes des autres abordant chacune différentes thématiques et se centrant sur différents personnages. Cependant, le changement s'avère plutôt abrupt et le rythme du jeu s'en trouve perturbé, avec une première partie plutôt lente et une montée de l'intensité assez tardive. D'un autre côté, les dénouements sont passionnants à suivre et le jeu n'en devient pas ennuyeux pour autant avec assez de personnages dont les backstory sont exposés durant les 5 premiers chapitres. Qui plus est, la présentation du titre et le gameplay empêche le jeu de devenir rébarbatif durant cette période.

SPOIL
Si je n'ai qu'assez peu de reproches sur l'histoire en général, un point noir vient m'assombrir le tableau, que je ne peux mentionner sans dévoiler le twist principal de la fin principale. Dans celle-ci, Garlot, brisé par la mort d'un de ses camarades, libère le sang maudit qu'il possède et devient Gulcasa avant d'aller prendre la tête de l'empereur puis de l'empire. Si vis-à-vis du personnage de Garlot l'évolution est logique, cohérente et le twist réussi (même si prévisible), c'est plus du côté de Gulcasa et sa représentation dans Yggdra Union que le bât blesse. Gulcasa dans Yggdra Union est un leader compétent, déterminé et charismatique, avec la tête sur les épaules tandis que Garlot fait trop immature dans la première partie, et une fois qu'il porte le nom de Gulcasa, il paraît moins raisonnable que son équivalent d'Yggdra, et la carte de l'aveuglement idéologique et du traumatisme est trop appuyé à mon goût. Après, il est vrai qu'entre les deux jeux a lieu une ellipse temporelle de trois ans et qu'entre temps Gulcasa a eu le temps de mûrir, mais il perd tout de même de son image flamboyante et charismatique.
À côté, la seconde fin du jeu scindée en deux variantes est une totale réussite. Apportant toutes les réponses au passé d'un des personnages les plus intéressants et mystérieux, elle peut s'achever d'une façon étonnamment optimiste (nous sommes dans un jeu Sting, la compagnie où un jeu ne peut se terminer sans avoir achevé la moitié du casting) ou horriblement déprimante, la responsabilité incombant 100% au joueur le cas échéant. Dans cette route, la jeune sœur du héros, qui possède également l'héritage démoniaque de son frère et qui, accablé par sa faiblesse, effectue le même choix que son frère dans la route précédente et se sent alors enfin utile au combat. Envoyez-la trop souvent sur le champ de bataille (malgré quelques avertissements de la part d'un des personnages principaux) et cela lui montera à la tête. Effrayée de ne plus servir à quoi que ce soit une fois la paix de retour, cette dernière devient folle et psychotique, libérant le démon en elle, tuant un personnage-clé, traumatisant un second, ainsi que le protagoniste qui se voit condamné à la tuer de sa lame. Ah, Sting, à quel point peux-tu faire mal à nos parties intimes (Game of Thrones n'a qu'à bien se tenir...).
FIN SPOIL

Je ne parlerai pas du système de jeu qui est identique au précédent opus, les nouveautés à ce niveau se limitant à quelques nouvelles compétences et des personnages différents, je vous renvoie à ma précédente critique d'Yggdra Union sur le sujet. Si le système est toujours suffisamment solide et complexe pour tenir le jeu, on pourra reprocher le manque de changements à ce niveau. D'un autre côté, le jeu s'avère mieux équilibré avec moins d'emphase sur les personnages principaux et plus d'originalité pour les seconds également plus nombreux. On retrouvera parmi les personnages jouables beaucoup d'anciens ennemis du précédent opus mais également de nouveaux visages dans le lot. Les chasseurs deviennent bien plus intéressants qu'ils n'étaient dans Yggdra et se battent désormais sur un pied d'égalité avec les assassins qui leur volaient la vedette précédemment. Par contre, le nombre de combattants à la hache est très réduit, deux des fins ne nous laissant qu'une seule unité se battant avec cette arme alors que l'on peut se retrouver avec 3 épéistes et 3 lanciers dans certains dénouements. Les compétences ont été modifiés pour être moins restrictives, on se retrouve également à utiliser bien plus de compétences différentes que dans l'original où 3-4 cartes obtenaient une puissance démesurée pendant que le reste était mis de côté.
Constatation personnelle, le jeu m'a semblé beaucoup, beaucoup plus simple que son prédécesseur, du moins en mode normal, à l'exception d'une ou deux missions, le jeu m'a semblé bien plus facile. Il est dommage que le fait de jouer en difficile n'octroie pas de bonus cette fois-ci d'ailleurs.

On ne retrouve plus Satoko Kiyuduki pour le chara-design mais Rui Kousaki, pour un design plus mature cette fois-ci. Avoir droit à de nouveaux designs pour les anciens designs est sympathique, cependant je suis bien plus amateur du style artistique précédent que je trouvais plus original, sans pour autant dédaigner ceux du jeu. On dispose cependant de designs qui semblent bien plus orientés fan-service qu'auparavant. D'un autre côté les personnages disposent de plus d'expressions et rendent les conversations plus agréables à suivre, le doublage semble également y avoir gagné au change. la bande-son elle nous livre de très bons thèmes pour les personnages (à trois cas près), les thèmes sur le champ de bataille sont cependant moins mémorables et jouent parfois la surenchère d'instruments rendant paradoxalement les thèmes moins impressionnants.

Pour résumer, Blaze Union est un plaisir absolu pour quiconque ayant déjà apprécié Yggdra Union. Malgré quelques retouches discutables ci et là, une meilleure écriture et une plus grande diversité narrative rendent le jeu plus rejouable et intéressant, le tout avec un système qui s'il ne se renouvelle que très peu reste toujours aussi jouissif et orienté stratégie plutôt que grinding (qui encore une fois est impossible à effectuer). Si le jeu ne dépasse pas Yggdra Union en termes de qualité, il reste très certainement sur un pied d'égalité et nous apporte un préquelle très satisfaisant que je ne pourrais vous recommander assez.

Créée

le 22 févr. 2015

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Souv

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