La Préhistoire du jeu vidéal est une période assez méconnue. Si on demande à un joueur lambda de nommer la plus ancienne console portable qu'il connaisse, il y a au moins 90% de chance qu'il réponde le Game Boy (sorti en 1989). Certains vieux briscards évoqueront peut-être aussi les fameux Game & Watch (1980 – 1991), si tant est qu'on puisse vraiment les considérer comme du jeu vidéo…
Quoi qu'il en soit, tout le monde a tort. Et c'est d'ailleurs une boîte américaine qui est le précurseur en la matière, en l'occurrence Milton Bradley (MB pour les intimes), et sa Microvision, une sympathique machine à l'insuccès (relatif) plutôt immérité. Et non, contrairement à ce que proclament les Saintes Écritures Nintendiennes vénérées par les NSA (Nintendo Sex Addicts), Nintendo n'a pas tout inventé : il manque à son actif le feu, la roue, l'écriture, la machine à vapeur…et donc la toute première console portable de l'Histoire… Block Buster dans tout ça ? C'est le tout premier soft de la bécane…
Block Buster a beau profiter de ce statut de précurseur, il n'en est pas novateur pour autant (bien au contraire). Vous connaissez Breakout ? Vous avez des poches ? Fusionnez le tout : vous obtenez Block Buster, un Breakout-like qui tient dans la poche !! Une assez grande poche, certes, mais une poche quand même…
Rappelons au passage le principe de Breakout : un mur en haut de l'écran à démonter brique par brique, et une raquette tout en bas se mouvant sur toute l'horizontalité, permettant d'envoyer sur le dit-mur un petit pixel sensé représenter une balle. Celle-ci peut ricocher sur les bords de l'écran, tout comme détruire plusieurs briques à la suite en un rebond. Dernière précision : la balle est perdue si elle passe derrière la raquette…
Et on en vient (déjà) au plus gros défaut de ce Block Buster : la répétitivité. Tout comme un Pinball Challenge (autre Breakout clone) sur Fairchild Channel F, il se fourvoie en ne proposant aucune autre variation que ce principe de base : défoncer ce sempiternel même mur !! Il y a bien quelques options sympatoches comme pouvoir modifier la taille de la raquette, le nombre de balles jouables ou la vitesse de jeu, mais ça s'arrête là. Block Buster n'inclut même pas le principe de la balle qui accélère à mesure que le niveau s'éternise, alors que la plupart des autres clones le font…
Un autre point à relever, c'est que Block Buster est un jeu autant casse-briques que casse-couilles, d'une difficulté ahurissante, même avec les options les plus "clémentes" (grosse raquette, balles "lentes" & sept continus), souvent à la limite de la frustration. Il est sans nul doute le plus corsé des Breakout-like que j'ai pu essayé…
Parlons maintenant technique. La Microvision possède une puissance de 2 bits, ce qui est assez faible, mais tout à fait honnête pour une portable de cet âge. À côté des Game & Watch et leurs animations en deux étapes, cette paire de bits permet tout de même un graphisme très proche des Breakout clones de salon (mais en monochrome), et l'animation est fluide en toutes circonstances.
Quant à l'environnement sonore, hum, comment dire ?.. En 1979, les consoles de salon les plus puissantes se nomment l'Atari 2600 ou encore l'Intellivision, et leurs jeux disposent très rarement de musiques dignes de ce nom, tout au plus des jingles entraînants de quelques secondes… Je vous laisse imaginer l'ambiance sonore "de folie" de Block Buster : des bips uniformes lorsque la balle rebondit (on se croirait à la caisse d'un supermarché). Deux bits qu'on vous a dit…
Alors finalement, Block Buster, ça vaut le coup ou pas ? Je dirais globalement que oui. Il est certes moins complet qu'un Breakout (clone ou non) sur console de salon, mais c'est sans doute principalement dû aux capacités restrictives de son support… Block Buster reste une conversion très honnête -malgré sa difficulté qui mettra à rude épreuve les nerfs des plus Bejita-like d'entre nous- et à vrai dire, on ne lui en demande pas vraiment plus. Et franchement, en 1979, avoir un Breakout dans la poche, c'était plutôt "révolutionnaire"…