Bêtes d'Amer Age…

Alors qu'aujourd'hui, le marché est inondé à 90 % de FPS / TPS, à l'époque de la play (et encore plus de la PS2), si on était fan d'un genre bien particulier, on avait souvent l'embarras du choix, avec une pléthore de titres allant de la bonne surprise à l'incontournable. Pour le VS Fighting par exemple, aux côtés de l'imposant Tekken 3, on trouvait les Soulblade, Rival Schools, Dead or Alive, Dynasty Warriors, Bushido Blade, Toshinden 2, Tobal…et un certain Bloody Roar 2. Ça tombe bien, ce dernier jeu est celui qui nous intéresse…

La plupart du temps, pour se différencier un minimum des autres, chaque VS Fighting y allait de sa featurette plus ou moins originale. Pour certains, c'était l'utilisation des armes blanches (Bushido Blade poussant le concept jusqu'au bout, avec la possibilité de tuer l'adversaire en un coup), pour d'autres, ça pouvait être le combat en tag battle, avec combos et prises spéciales à 2 (un peu comme le catch)… La série Bloody Roar elle, permet de se "touffiser"… Je sens le terme un peu obscur pour certains, donc c'est parti pour les explications…

Concrètement, en frappant son adversaire, on remplit une jauge dite de "bestiality" qui, une fois pleine, permet de se transformer en un gros animal anthropomorphique beaucoup plus puissant que l'état de base, un peu comme certains changent de teinture de cheveux dans une autre franchise… Sous cette forme sauvage, la jauge se désemplit (à chaque coup paré ou encaissé), les éventuels points de vie perdus remontent lentement mais sûrement, et on dispose en plus d'une technique de-la-mort-qui-tue overcheatée qui nous fait reprendre forme humaine une fois lancée (qu'elle soit réussie ou non), comme si elle avait draîné toute notre force intérieure… Un parti-pris à mon sens bien plus intelligent et logique que le principe à la mode (que je déteste) de devenir plus fort lorsqu'on frôle le K.O. de certains jeux plus récents comme Tekken 6 ou Dead or Alive 5…

Bloody Roar 2 fait aussi le choix de la haute résolution, à l'instar de Dead or Alive. Comme dans ce dernier, cela implique forcément quelques concessions minimes comme des persos légèrement cubiques et un niveau de détail un peu light sur les environnements, particulièrement visible dans la "zone de vide" entre le ring au centre et le "papier peint" du décor du fond. Ça n'empêche pas d'avoir des combattants plutôt classieux, des transformations impressionnantes et des effets de lumière de toute beauté… En contrepartie, on y gagne une action rapide et fluide.

Ce qui tombe bien, puisque la base du gameplay de Bloody Roar 2, c'est le combo. Un bouton pour les poings, un pour les pieds, l'indispensable garde (sur la tranche), les projections, et bien sûr la transformation. Les coups sont nombreux et sortent assez facilement (là encore, tout comme dans Dead or Alive). Bloody Roar 2 fait notamment la part belle aux juggles combos (enchaînements qui maintiennent l'adversaire en l'air) : me croiriez-vous si je vous disais qu'une lapine bien maîtrisée est beaucoup plus dangereuse qu'un fauve ?

Et ici, pas de manip' de mutant à base de trois demi-cercles, suivis d'un super cancel et de cinq tours du pâté de maison pour sortir les grosses techniques (toute ressemblance avec un certain SF IV est purement fortuite), tout au plus un court passage par la case entraînement… Bien sûr, maîtriser son combattant sur le bout des doigts sera obligatoire pour se défaire de Shen Long en super hard, mais le jeu reste dans son ensemble très accessible.

On en vient aux points qui fâchent (car le jeu parfait n'existe pas). Ma principale réserve, c'est le casting un peu faiblard de 11 combattants (9+2 à débloquer), un peu limite, surtout pour un soft sorti en 1999. Mais mieux vaut un roster réduit et équilibré qu'un vaste choix plombé par des problèmes d'équilibrages (toute ressemblance avec un certain SF…). On (je) aurait aussi aimé un peu plus de prise de risque au niveau des modes de jeu, complets (arcade, story, VS, survival, time attack, training) mais désespérément classiques. Un peu comme le Tekken Ball de Tekken 3. Il y avait sûrement quelque chose à tenter avec les métamorphoses…

Malgré tout, Bloody Roar 2 s'impose comme un indispensable du genre sur la PlayStation. Il est d'ailleurs vraiment dommage que la franchise se soit si vite cassée la gueule, et qu'elle soit encore plus rapidement tombée dans l'oubli. Elle a pourtant un sacré potentiel de come back…