Temps de jeu : 10 heures
Reçu dans le Humble Choice de février 2021
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#70]
Disponible depuis le 13 août 2020 sur le Nintendo eShop, Boomerang Fu est un party-game développé et édité par Cranky Watermelon, un petit studio australien basé à Sydney et dirigé par Paul Kopetko, souhaitant proposer des « jeux mignons » qui « rapprocheraient les gens entre eux », à une époque où les mesures sanitaires tendent à nous éloigner. Avec sa galerie de personnages prenant les traits de légumes, fruits et autres consommables chibi, ainsi que sa volonté de regrouper jusqu’à six joueurs dans une même arène, nul doute que le studio applique sa philosophie à la lettre ou presque. Si en plus de tout cela leur titre parvient à se révéler amusant, alors tout le monde – et surtout le joueur – est gagnant !
Boomerangs Fous
Votre délire à vous, c’est le kung-fu ? Badass ! Vous adorez également manger ? Pourquoi pas, mais mieux vaut faire attention à sa ligne pour espérer maîtriser un tel art martial. Pardon ? Votre passion numéro une, c’est le boomerang ? « Les goûts et les couleurs » ; au fond, qui sommes-nous pour juger de tel ou tel passe-temps ? Dans tous les cas, et surtout si vous cumulez ces trois hobbies, Boomerang Fu est un titre taillé pour vous ! Après avoir choisi un combattant parmi lesquels se dressent fièrement une banane, une brique de lait, un maki ou encore un morceau de pastèque très énervé, vous voilà plongé dans l’enfer de la guerre, seul contre tous ou en équipes dans une des nombreuses arènes choisies aléatoirement. Armé de votre boomerang fétiche, une arme de jet revenant naturellement vers vous après l’avoir lancée ou, si elle vient à être bloquée par un mur, via une mécanique de contrôle psychique (mais aussi à pied, pour peu que vous daigniez bouger votre mignon petit postérieur), il vous faudra trancher d’un seul coup les adversaires, dans l’unique but d’être le dernier debout.
Pour remporter la partie, il suffira d’atteindre le nombre de manches gagnantes nécessaire, ou, selon les options choisies, d’éliminer le plus d’ennemis durant toute la session de jeu. Dit comme ça, le concept et la mécanique de jeu y sont simples comme bonjour. C’est peu ou prou le cas, mais comme on ne cesse de le répéter, simple ne veut pas forcément dire simpliste. Outre la multitude d’arènes aux constructions diverses et variées (vides ou remplies de bâtiments et murs, labyrinthiques et étroites ou basiques et espacées, dotées de portails de téléportation, de vastes étendues d’eau mortelles ou de verdures prêtes à s’embraser et à disperser la moindre flamme qui entrerait en contact avec elles, etc.), lesquelles peuvent être utilisées de manière défensive, on notera également la présence d’une touche servant de ruée vers l’avant et qui permet d’esquiver les boomerangs adverses. Rapides et soumises à un temps de récupération d’une petite seconde, il faudra tout de même en user avec intelligence, histoire de ne pas se retrouver coupé en deux, ou pire, se jeter dans la flotte après un saut précipité et malencontreux.
Tranchez cinq fruits et légumes par jour
Si les personnages ne possèdent pas d’éléments de gameplay ou de statistiques qui leur sont propres, les arènes elles, se verront régulièrement ou non – toujours selon les options de préférence déterminées – jonchées de pouvoirs à récupérer. S’il s’agit majoritairement de bonus, il est aussi tout à fait possible de dénicher un malus dit de « confusion », lequel inversera tous vos mouvements de direction pendant un court laps de temps. Les bonus eux, sont aléatoires, et peuvent se cumuler jusqu’à trois capacités au maximum ; en récupérer une nouvelle éliminera la capacité la plus ancienne. Certaines d’entre elles permettent de traverser les murs lors d’une ruée en avant, de donner des propriétés physiques à son boomerang (scissions, explosions, gel ou encore brûlures), si ce n’est la possibilité de porter une deuxième arme de jet ou de bénéficier d’un bouclier capable de nullifier un éventuel coup reçu.
Les combinaisons possibles peuvent être particulièrement puissantes, comme celle permettant de se téléporter à la place de son boomerang, lequel s’est auparavant scindé en six copies ; on se téléporte alors un peu de partout, donnant le tournis aux adversaires et les poussant à la faute. D’autres peuvent être carrément létales, tout autant pour les adversaires que celui qui les possède : le même pouvoir de scission, combiné au boomerang explosif, aura tôt fait de créer le chaos total, plus encore dans une arène très étroite (la faute d’une multitude de murs). Les boomerangs rebondissent alors sur les surfaces solides, peuvent revenir vers son lanceur et lui détoner au visage. Cruel, mais assurément poilant. Et si jamais vous veniez à être à la ramasse au niveau des points, le jeu peut vous offrir un bouclier bonus et des pouvoirs intéressants, de quoi ressortir – légèrement – la tête de l’eau. Toujours est-il qu’il est également possible de désactiver toutes ces mécaniques de jeu, même si, dans notre cas, nous ne pouvons que vous conseiller de les garder. Testez toutes les combinaisons possibles, c’est avec le temps et l’entraînement que Boomerang Fu deviendra plus clair et compréhensible (et donc forcément plus fun).
Tranches de vie
A priori, hors boucliers et ruées en avant, il paraît impossible de se sortir de mauvaises situations. Pire encore : où est donc passé l’art martial tant mis en avant dans le titre du jeu de Cranky Watermelon ? Il est bien là, rassurez-vous, mais plus subtil que le lancer de projectiles ou leurs pouvoirs explosifs. Non content de balancer votre arme au visage de vos adversaires, vous pourrez également vous en servir au corps-à-corps, notamment après une approche sournoise dans le dos de votre cible. Ce coup à bout portant, le joueur pourra également s’en servir pour contrer un coup similaire ou, s’il a le réflexe transcendantal d’un Saiyan, de dévier un tir ennemi. Il s’agit ici de la plus grosse courbe de progression que le jeu a à offrir, avec les trajectoires des lancers de boomerangs. Il faudra quelques parties aux plus talentueux joueurs pour maîtriser cette aptitude vitale et rester ainsi le dernier debout. Enfin, il faudra bien faire attention à ne pas rester dans les zones hors-arène trop longtemps, sous peine d’y laisser la vie. Et si la partie s’éternise trop, alors cette zone se resserre petit à petit, à la manière d’un battle royale.
Avec le temps et les sessions de jeu, il sera possible de débloquer des éléments cosmétiques voire des avatars alternatifs pour certains personnages. Rien d’incroyable, mais un petit plus toujours appréciable. Côté technique et enrobage, aucun bug ou chute de framerate ne sont à déplorer, le titre restant très simple dans ses propriétés visuelles en tout genre (textures, effets de particules, lumières, etc.). La bande-son, très jazzy et funky, est quant à elle composée par Zorsy (ou Julian Sanchez), plus connu comme étant le pianiste de The Consouls, une bande de musiciens spécialisée dans les covers de jeux vidéo et officiant sur YouTube. La direction artistique est tout aussi jolie en dépit de sa simplicité apparente, notamment grâce à ses couleurs pastelles, très douces et homogènes. Enfin, une mention bien pour les menus du jeu, qui vont à l’essentiel tout en étant intuitifs, bien réalisés et agréables pour les yeux. Se dégage alors du jeu un minimalisme réussi et cohérent. Finalement, le plus gros point noir du titre réside dans l’absence de jeu en ligne, Boomerang Fu préférant se cantonner au jeu local. Ironique, quand on repense à la philosophie du studio évoquée dans l’introduction de ce test.
Verdict
Si vous êtes à la recherche d'un party-game prenant les traits d'un jeu en arène presque compétitif, mais préférant le minimalisme à la multitude de caractéristiques chiffrées et autres tier-lists, alors Boomerang Fu est le jeu qu'il vous faut ! Drôle, technique, mignon et loin d'être aussi simpliste qu'il n’y paraît, on regrettera uniquement son manque de jeu en ligne, mais aussi son prix, un poil trop élevé pour le contenu qu'il offre. En effet, il nous parait difficile d'assurer de passer la dizaine d'heures dessus, à moins d'être bien – et régulièrement – entouré de proches. Plutôt dommage, puisque le premier titre de Cranky Watermelon est particulièrement bien pensé et fignolé. Avec une promotion, en revanche, on ne dit pas non !