Défouloir Haut de Gamme & effet Fnac

J'apprécie cette vague de FPS-RPG qui se généralise, pour plusieurs raisons.
La première est qu'à défaut d'avoir de l'originalité dans leurs trames, au moins les jeux jouent un peu plus la carte de la profondeur, étayant un peu le prétexte qui sert généralement à planter le décors d'un FPS.
C'est le cas ici, avec une localisation de haute voltige. Tous les doublages sont qualitatifs, voir carrément borderline dans leurs thématiques ou leur mise en place. J'aime ce côté non linéaire et transgressif, plutôt rare dans le jeu vidéo et l'espace multimédia en général.
Les grosses blagounettes potaches font quelquefois place à de la bonne grosse blague scato, voir surfant en grinçant sur les rails de références pop qui en prennent du coup pour leur grade.
Si l'effet est toujours inattendu, il peut dérouter, surtout si on prend en compte que ce jeu s'adresse d'avantage à un public jeune que mature.

Quoi qu'il en soit, je salue l'initiative et apprécie le résultat.

La seconde raison est que le Gameplay s'en trouve généralement rehaussé pour une immersion plus profonde, et même si je trouve l'appellation FPS RPG un tant soit peu galvaudée, j'aime là aussi l'initiative.
Car Borderlands 2 peut s'enorgueillir d'un ensemble de menus, de mécaniques de jeu et d'un level design plus qu'intéressant.
Si l'aspect gain d'XP et fouille archéologique reste ancré génétiquement dans le genre et dans ce jeu en particulier, il est toutefois intéressant de noter le soin avec lequel il a été développé.
Les niveaux sont gigantesques, les quêtes principales nombreuses et variées, et l'ambiance excellente.
La difficulté est bien gérée, qui plus est relativement ardue si vous vous lancez dans les quêtes annexes.
Vous exploserez ainsi la durée de vie déjà sympathique, pour taquiner gentiment les 70 heures de jeu pour un premier trait.
Enfin la bande son est variée, agréable a écouter et bien trouvée en général. Elle est donc tout à fait dans l'esprit de la déconnade assumée du titre; ce qui confère une vraie cerise sur le gâteau.

Vous aurez donc un grand confort de jeu, agrémenté d'un humour rafraîchissant et bienvenu à l'heure où la plupart des jeux à licence révèlent un nivellement par le bas de l'expérience du joueur.

Mais Borderlands 2 peut aussi décevoir un petit peu.
Car si le jeu ne baisse jamais d'intensité dans sa trame principale et si l'on en suit le déroulement avec un certain plaisir, je regrette plusieurs petites choses.
En premier lieu l'aspect vache à lait encore une fois présent par le biais des DLC, qui pour le coût sont plus étoffées qu'à l'ordinaire; mais qui n'apportent pas non plus quelque chose d'inoubliable.
D'autant que la fin du jeu permet de débloquer toute une foule de nouvelles missions par le biais d'une sorte de New Game + ou l'on conserve son expérience et ses équipements, mais avec en revanche des ennemis plus puissants et de meilleurs bonus.

N'étant pas un grand fan des Lan et autres joyeusetés de groupe, je me tairais sur le sujet du multijoueur.
Par contre la grande redondance des quêtes annexes, et c'est mon second grief, a eu raison de moi.
J'ai voulu booster un peu mon personnage histoire de me coltiner un Boss de fin dans de bonnes conditions, ce qui fut le cas.
Mais la fin m'a laissé peu motivé justement: Continuer l'aventure ? Pourquoi ?
C'est le sentiment de vacuité qui l'a emporté au final. Car si l'aventure était intéressante et rythmée, elle ne l'a pas été suffisamment pour me maintenir dans le jeu après l'avoir fini.
Car l'avalanche de choix proposés ne renouvelle pas pour autant l'essence du Gameplay, et le personnage incarné est presque totalement lisse.
Du coup on ne peut pas savourer l'évolution du personnage à la manière d'un J RPG, et l'ensemble des choix proposés pour rallonger l'expérience deviennent transparents.

C'est un peu le syndrome de la FNAC. On veut se faire un petit plaisir, et si on y va sans but précis, on ressort sans rien, noyé par le choix.
En fait je ne comprends pas vraiment ce qui justifie ça en dehors d'un aspect purement mercantile. Car si on peut comprendre la démarche d'un New Game + ou de DLC dans un Résident Evil, (qui transformera du coup la partie en défouloir) ici on a d'autant plus le sentiment de se faire entuber pour les DLC que la fin du jeu vous permet d'emblée de prolonger une durée de vie très conséquente.
Or si je salue au moins la volonté de construire un minimum de scénario avec de nouvelles micro-histoires, les nouvelles quêtes annexes apparaissant dans le nouveau mode de jeu du New Game + s'auto-suffisent et se positionnent sur le même niveau de narration.
On va jusqu'au point d'exclamation, on écoute la petite transition rigolote et on y va. Seule la durée de la quête varie un peu...
Mouais. Encore plus racoleur que d'habitude, quoi, surtout quand on voit le nombre de DLC qu'on vous balance à la figure dès le démarrage du jeu.
Donc si vous avez acheté les DLC en dehors de Steam, l'impression de ramonage à sec vous laissera sans doutes sans voix.

Mais j'en ai fini avec les récriminations. Car au final Borderlands 2 étoffe de manière surprenante l'expérience de jeu, et malgré une palette d'options qui finit par littéralement noyer le joueur, le reste tient quand même dans le haut du panier. Corrosif et bien fichu.
Quant à justifier les DLC... Qui a déjà réussi cet exploit ?