Et voilà, cette année, j’aurai découvert et complété la trilogie Borderlands.
L’expérience a été assez singulière, car ce jeu ressemblait beaucoup à son prédécesseur tout en s’en distinguant nettement. Comment expliquer ? Sept ans séparaient le deuxième et le troisième opus : pour un tel intervalle de temps, il est logique de noter une évolution. Au-delà d’un cœur de jeu identique, où un humour absurde se mêle à une action à la fois gore et cartoonesque, de nouvelles options enrichissent le parcours. Notre personnage sait parler ! Dommage qu’il n’apparaisse pas dans les cinématiques… La possibilité de glissade rend les séquences de combat d’autant plus dynamique tandis que nous quittons l’emblématique Pandore (sauf au début et à la fin) pour explorer d’autres planètes à bord d’un vaisseau labyrinthique.
Borderlands 3 a donc compris ce qui faisait la force de ses prédécesseurs et a tenté d’innover. Peu de surprises sur certains aspects sans que ce soit redondant grâce à cette palette de personnages oscillant entre le surprenamment badass et l’hilarant, tout comme des missions toujours plus déjantées et parfois imprévisibles. C’est un plaisir de revoir certaines têtes connues et de rencontrer d’autres personnages qui s’intègrent à merveille dans cet univers unique. Et j’offre une mention à la bande-son rythmée se mariant parfaitement avec l’ambiance du jeu, et aussi à la VF énergique qui rend honneur à cette atmosphère.
Qu’est-ce qui empêche ce jeu de totalement égaler son prédécesseur, à mes yeux ? Pour chaque nouvel aspect réussi ou corrigé, l’œuvre pâtit sur une autre partie. Le duo de méchants constitue le point faible de ce troisième opus, même si quelques antagonistes secondaires relèvent le niveau. Ils font pâle figure face au Beau Jack : tandis que ce dernier était un personnage à la fois terrifiant et aux répliques caustiques, les jumeaux Tyreen et Troy semblent sortis tout droit de Youtube. Les scénaristes ont-ils vraiment vu Screwball dans le jeu Spider-Man et se sont dits : « Oh, les joueurs adorent les méchants liés au streaming et adeptes du lol, et si on en faisait les principaux » ?? À aucun moment ils n’effraient en dépit des tentatives de les rendre menaçants, et d’un twist flirtant bon les « daddy issues ». Je comprends l’idée de mélanger le complexe divin avec des technologiques plus modernes, sauf que leur vocabulaire et leur attitude sentent une tentative forcée de « moderniser » la franchise.
Par certaines missions, lors desquelles les références pleuvent, on comprend combien les développeurs étaient conscients de l’industrie du jeu vidéo, avec ses forces et faiblesses. Alors pourquoi de l’autre côté rajouter une substance qui dénature un peu l’expérience ? Les atouts de la saga Borderlands reposent sur son action explosive et dynamique dans laquelle s’imbrique un humour toujours plus absurde et sans limite, entre une ambiance futuriste et un « Mad Max », dans un univers au background étonnamment intéressant, et que l’on explore encore plus ici. Or l’humour « réseaux sociaux » se marie mal à mon goût avec ce ton global, et il vieillira sans doute très mal.
Borderlands 3 excelle sur de nombreux points, y compris dans ses nouveautés, mais hélas pèche sur certains points essentiels. Il en résulte un jeu très agréable et hilarant qui n’a rien à envier à ses prédécesseurs, sinon ses antagonistes. Je ne regrette rien, le fun est le plus important !