J'avais à peine eu le temps d'essayer le premier Burnout sur Gamecube avant que le jeu plante (disque rayé, vive l'occasion). En tout cas ça m'avait davantage accroché que ce Burnout Paradise. J'espérais beaucoup de ce jeu : du fun, des voitures, des cascades, des crash et de la vitesse. Il y a un peu de ça - heureusement, ça reste un Burnout - mais la structure en monde ouvert n'est pas du tout adaptée à ce genre d'approche. En tout cas dans Burnout Paradise ça marche très moyen.
La carte est blindée d'épreuves mais elles n'ont absolument aucune personnalité. Il y a plusieurs types d'épreuves (finir premier, résister aux attaques des adversaires, enchaîner les takedown - péter les voitures adverses -, réaliser des cascades, battre un chrono...) mais on a l'impression de faire toujours la même course / le même parcours à cause d'une gestion du monde ouvert assez raté, et ce pour plusieurs raisons :
-je pense que le level design de base n'est pas très élaboré, la carte n'est pas très grande et propose peu de variété, les rues de la ville sont perpendiculaires, celles en montagne longues et linéaires. Il y a juste les raccourcis et les coins cachés qui donnent un peu de peps à l'ensemble.
-les épreuves n'imposent pas leur propre vision de la carte, elles ne l'exploitent pas vraiment. En gros on est lâché et on se débrouille soi-même pour arriver le plus vite possible au point d'arrivée, ou gagner l'objectif en roulant à l'arrache dans la ville. Ce qui est intéressant dans un jeu de voiture en monde ouvert c'est sa capacité à le faire vivre à nous amener à le découvrir et à l'apprivoiser à travers des épreuves imposées. The Crew, notamment, nous fait littéralement voyager, et sinon il y a souvent une petite idée, une exploitation astucieuse du level design à travers les épreuves. Dans Burnout Paradise c'est juste l'anarchie et on ne sent pas de vision. Après l'aspect ouvert c'était peut-être novateur dans un jeu de voiture à l'époque et c'était pas bien maîtrisé.
-les épreuves se réinitialisent après chaque amélioration du permis (il faut gagner un certain nombre d'épreuves pour gagner un rang de permis) ce qui fait qu'on n'a jamais vraiment l'impression de progresser ou de venir à bout des épreuves. Et en même temps cela renforce l'impression d'avoir des épreuves interchangeables, car au fond c'est bien cela dont il est question.
Après le jeu est plutôt sympa et aguicheur, en effet ça va vite (parfois trop), les carambolages sont grisants, c'est amusant... mais pas très longtemps car on tourner très vite en rond, à faire les mêmes choses, à parcourir les mêmes routes, sans en voir le but profond. Une scénarisation, même légère, aurait peut-être apporté un peu de variété, ou en tout cas un fil rouge au milieu de toutes ces épreuves impersonnelles. Peut-être aussi que le modèle Burnout gagne davantage à être un pur jeu de course avec parcours balisés mettant mieux à profit un level design linéaire et précis pensé pour la vitesse, les prises de risques et les cascades, et valorisant par ce biais l'aspect spectaculaire du jeu.