Call of Duty : Le Jour de gloire
5.8
Call of Duty : Le Jour de gloire

Jeu de Spark Unlimited et Activision (2004PlayStation 2)

Peut-être pas les heures les plus glorieuses de la saga, mais certainement pas les pires

Alors que Call of Duty fait des ravages sur PC et que la solide extension United Offensive la bien soutenu dans l’effort de guerre quelques mois plus tôt, Activision se dit qu’ouvrir un nouveau front sur le marché des consoles de salon se tenterait bien. C’est ainsi qu’apparaît Finest Hour, pas tant un portage de la version PC original qu’une sorte de version alternative à bien des égards, peut-être même un jeu à part entière bien que plus modeste dans ses ambitions. Personnellement, je le considère comme le début de la trilogie sur la sixième génération de consoles, une sous-saga bien particulière en parallèle des 2 premiers jeux PC, beaucoup plus connus et appréciés.


Pour être tout à fait honnête, je l’ai essayé en me disant que j’allais juste y jouer une petite heure pour voir à quoi ça ressemble avant de passer au « vrai » Call of Duty 2, sa réputation critique étant si faible que je pensais qu’il ne présenterait que peu d’intérêt. Si pourtant je vous rédige cette critique c’est bien que j’ai fini ce jeu et que j’ai des choses à en dire, et pas toujours en mal qui plus est. Commençons par le plus évident et pas un bon point pour le coup : dès les premières minutes de jeu, la mise en scène se fait sentir comme plus économe en hommes et en explosions dans un espace réduit pour une situation analogue au jeu original, soit la traversée de la Volga sous le feu des stukas avant la marche forcée sur Stalingrad.


C’est pourtant l’une des scènes les plus ambitieuses de tout le titre sur cette question, je ne vois que la scène de fin qui rivalise d’intensité dans l’action à l’écran, ce n’est pas pour rien qu’ils ont choisi d’ouvrir le jeu avec ce passage mais ça tend à accentuer la déception. Passer après les très grandes batailles de United Offensive paru seulement 2 mois plus tôt n’arrange rien au constat, les champs de bataille de Finest Hour sont loin d’être aussi impressionnants que ceux des versions PC dont c’était l’une des plus grandes forces et l’une des plus communément admises.


Mais c’est surtout le sound-design qui a cruellement régressé avec des sons très génériques, notamment pour les armes à feu. Que ce soit pour celles que la franchise a déjà déployé, comme le Garand dont le bruit de la recharge a été assez atténué, ou pour celles inédites jusqu’ici avec même des bruitages hors-sujet pour des armements pourtant très singuliers comme avec les Katiouchas. L’une des plus grandes forces et promesses de la franchise, le grand spectacle, s’en voit amoindrie, tant sur le plan visuel que sur le plan sonore. C’est le premier grand reproche que l’on pourrait formuler à cette démarche d’adaptation.


Mais je vous l’ai dit plus tôt j’ai aussi de bons points à distribuer et sur ce plan-là très précis il y a un aspect que je trouve plus réussi, c’est la musique dont les chœurs viennent apporter un renfort conséquent pour appuyer les charges héroïques sous les mitrailles ennemies. C’est pourtant toujours Michael Giacchino à la composition, mais je le la trouve ici simplement meilleure que sur PC. Si l’on prend l’ensemble des musiques du premier Call of Duty, jeu original, extension et cette version alternative sur console, ça serait Bridge at Remagen de cette OST que je trouverai la plus réussie.


Le passage sur console de salon s’accompagne malheureusement d’un gameplay plus mou et plus brouillon que sur PC, sans même parler de la perte de précision dans les tirs dû au joystick qui nécessite l’aide à la visée paramétrée d’ailleurs par défaut, favorisant grandement les armes à cadence de tir élevée qui compense très bien la visée approximative. Par contre, cette philosophie plus brouillonne peut aussi rendre le jeu moins prise de tête et plus fun, comme avec le tank au blindage qui se répare tout seul face à toute l’armée allemande soudainement équipée de Panzerschrecks, c’est pas très fin mais ça a le mérite d’être drôle, mais peut-être pas autant que le canon du même tank utilisé comme DCA pour abattre une dizaine d’avions en vol.


Par delà cet aspect plus fun et décomplexé, cet épisode est le premier à embarquer quelques mécaniques de jeu mineures mais futurs standards de la série comme du genre, à l’image du lancer de grenade ne nécessitant pas un changement d’arme. Il est aussi désormais possible de stocker des trousses de soin pour les utiliser au moment voulu, même si la bonne répartition de ses trousses sur PC ne laissait pas penser qu’un tel ajout s’imposait pour un meilleur équilibrage, c’est un ajout qui n’est pas sans intérêt, surtout qu’il est aussi possible de soigner ses alliés.


Mais tout ceci est secondaire et le plus important est tout de même de qualité très moyenne, la progression est beaucoup plus scriptée, le level-design beaucoup plus cloisonné… Sans que la maîtrise ne soit toujours là avec des scripts qui ne s’enclenchent pas bien, des alliés qui nous bloquent facilement dans notre progression en restant fermement plantés au milieu du chemin, des checkpoints mal répartis, un équilibrage en dents de scie avec des passages très frustrants et d’autres quasiment en pilote automatique… rien d’aberrant mais tout est un bon cran en-dessous de l’original.


Néanmoins, il y a un bel effort de contextualisation des événements historiques avant mission et je trouve qu’on comprend mieux les enjeux et les enchaînements de séquence plutôt que d’être baladé à travers le temps et l’espace à n’y rien comprendre. Les dialogues pendant les séquences de jeu peuvent facilement prendre la forme de petites cinématiques les mettant davantage en avant et je trouve que c’est tant mieux. Les personnages en sont mieux caractérisés et plus mémorables à mon sens que par la narration toute en temps réel des versions originales.


J’ai été très surpris non seulement par la qualité de certains dialogues mais aussi par le casting en lui-même intégrant une femme comme personnage jouable, en profitant du contexte historique de l’armée rouge, un choix plutôt audacieux que l’on n’est pas prêt de revoir dans la saga, encore moins de manière aussi réussie, Tanya ayant du caractère, faisant preuve d’intelligence… De la même manière, incarner un soldat afro-américain qui parle d’une victoire sur les allemands comme d’une victoire à double sens pour lui, j’apprécie également.


Profondément oublié au profit de ses aînés sur PC incontestablement plus aboutis, Finest Hour ne manque pourtant pas d’intérêt. Ce ne sont peut-être pas les heures les plus glorieuses de la saga, mais certainement pas les pires grâce à quelques mécaniques de jeu intelligentes, des musiques époques bien efficaces, une philosophie décomplexée bien amusante par moment… Il faudra attendre la génération suivante pour qu’Activision trouve sa formule miracle sur console, mais tout n’était pas à jeter sur cette génération-ci pour autant.

damon8671
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le 21 févr. 2022

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