La série Call of Juarez arrivait à sortir un peu du lot des FPS grâce à son sympathique univers western, thématique étrangement rare dans le jeu vidéo. Mais, tout comme Call of Duty (aucun lien cependant), la série de Techland fait le choix de la modernité.
Adieu prédicateurs, pistoleros, attaque de diligence et haricots en boite !
Bonjour uzi, musique techno, SUV et Fast food !
On se retrouve donc avec une équipe des trois crétins caricaturaux qui livrent une guerre secrète contre le crime venu du Mexique (bravo Marcel, ça c'est du pitch !). De Call of Juarez il ne reste, pour ainsi dire, rien : on a Ben McCall, descendant du pasteur McCall, qui est là pour faire pitoyablement illusion et on a la ville de Juarez qui ne sert à rien non plus. Le reste est affreusement générique et recyclé déjà mille fois.
Outre l'usurpation de licence caractérisée le titre se paye le luxe de proposer une ambiance simplement pourrie. Les dialogues sont nuls à chier (des insultes gratuites et répétitives séparées par du vent), les cinématiques sont merdiques (en plus d'être longues et très nombreuses), les ennemis sont anecdotiques, les niveaux sans inspirations et l'aspect "Western moderne" se limite à deux/trois notes de Banjo dans la mélasse auditive qui sert de bande-son.
Il faut dire aussi que la technique n'aide pas non plus : modélisation à la serpe, animations ridicules, profondeur de champs anémique avec le bon brouillard unicolore pour masquer le tout, level-design répétitif et étriqué, les effets de lumières parfois complètements absents... Le jeu est simplement honteux et, comme si ça ne suffisait pas, le tout baigne dans une lumière à tendance moite-diffuse qui donne la sensation que le décor est systématiquement flou. Dans le genre choix artistique raté, on peut difficilement faire pire.
Le joueur courageux pourra admirer cette galerie des horreurs permanente au fil d'un scénario proprement débile (et je pèse mes mots) qui nous propose des situations qui ne se renouvèlent pas. Ainsi la moitié du jeu est constitué de séquences de conduite soporifiques. Au début on pardonne puis, quand arrive la 18ème phase de voiture identique et sans intérêt, on commence franchement à devenir fou.
A pied ce n'est guère mieux avec des armes qui n'offre aucune sensation. Merci les bruitages miteux, merci les animations des ennemis qui tombent sans la moindre impression d'impact, merci mes flingues modélisés n'importe comment, merci la sensation de puissance absente (les fusils à pompe sont particulièrement nazes).
En plus de perdre son identité, et donc de se retrouver en concurrence directe avec la tonne de FPS moderne du marché, ce Call of Juarez n'arrive même pas à proposer quelque chose d'acceptable.
Bien sûr on peut y jouer en coop, super, grandiose, awesome, méga original. Bien sûr on a trois personnages différents... qui n'ont aucune incidence sur le gameplay. Bien sûr il y a des objectifs secrets à accomplir dans le dos des compagnons... mais l'IA est tellement conne qu'on peut faire ce qu'on veut de toute façon. Bien sûr il y a le multi... qui conserve le gameplay sans intérêt sur des maps ennuyeuses. Bien sûr il y a bien quelques idées balancées ça et là mais qui ne servent finalement à rien car elles ne sont jamais exploitées.
Et dans tout ça on n'a pas encore parlé des innombrables bugs qui parcourent le jeu comme des scripts qui se déclenchent 2 heures après notre passage (alors qu'ils sont indispensables à la progression dans le niveau), des ennemis protégés par des obstacles 5 fois moins larges qu'eux ou des alliés qui refusent d'avancer et bloquent ainsi la progression du niveau obligeant ainsi à relancer la sauvegarde. Ah oui puisqu'on en parle : les chargements sont affreusement longs et particulièrement pénibles (merci les doublages à la noix, on croirait un sketch).
Moche, insipide, mou, répétitif... ce Call of Juarez : The Cartel a tout du jeux pas fini sortie en catastrophe pour des raisons obscures. On aurait volontiers pardonné certaines choses mais le jeu est en plus inintéressant à jouer et profondément idiot. Ubisoft s'en est bien rendu compte et tente de noyer le poisson en sortant son jeu à "petit" prix (40 euros, ça reste tout de même cher pour un bousin) et en le coinçant en plein été histoire de passer inaperçu. Manque de bol, un tel niveau de nullité ça se remarque forcément.