J'ai une relation étrange avec l'infini. Je n'arrive pas trop à savoir si je l'aime ou le déteste. Il me fascine dans un certain sens : regarder le ciel et se dire que, non, ce n'est pas une toile tendue, mais un grand espace qui continue encore, encore et encore a quelque chose de grisant, de formidable, une part d'inexplicable qui s'étend juste au dessus de nos têtes, un pur mystère qui nous entoure. Seulement, voilà, ce vide au dessus de moi, je l'aime bien parce que mon but n'est pas de l'explorer. Mon but n'est pas d'en voir la fin. Je m'en fous. La vérité, c'est que l'infini, je trouve ça très bien, mais je ne veux pas que ça ai quoique ce soit à faire avec moi. Je veux bien que ce soit là, mais que ça ne s'oppose jamais à moi. Parce que je ne suis pas justement pas infini. Je suis fini. Je mourrais un jour, et, quoique je fasse, je ne mesurerais pas tout ce qui s'étend au dessus de mon crâne. Et cet infini, quand il se heurte à mes limites humaines bornées, il est bien trop ironique et sordide pour que je puisse encore l'aimer.

J'ai l'air d'être parti loin, mais laissez moi en venir au coeur de mon propos : je veux des fins. je veux des conclusions. je veux des résolutions. je veux des raisons d'aller jusqu'au bout. aussi nulles soit elles, je veux que, quelque chose, à un moment, soit un marqueur pour me dire "stop", "après il n'y a plus rien", "à partir d'ici, il n'y a plus qu'à refaire le même parcours encore et encore". pour l'accomplissement. et c'est pour ça que je ne comprend pas canabalt. parce que canabalt pourrait durer toute la vie. je pourrais être une machine qui ne raterait aucun de ses sauts, je pourrais devenir un dieu et savoir toujours précisément quand appuyer sur ma pauvre barre d'espace, je n'aurais rien, je n'aurais pas de fin, mon personnage ne ferait que courir, les mètres s'accumulant pour absolument rien, sans aucun repos, ni pour cet homme de pixel, ni pour moi.

Mais, hé, me dirait-on, ce qui compte, ce n'est pas la (non) destination, c'est le chemin. Sauf que non. Le chemin, aussi génial qu'il pourrait être, ne m'intéresse pas s'il n'est qu'une longue avancée vers l'échec programmé, vers l'impossible. La quête du high score me semble horriblement superflue et finalement bien triste. Bien sûr, je pourrais passer du temps, affuter mon oeil et mes réflexes pour arriver plus loin, pour en faire toujours plus. Je pourrais avoir le plaisir simple de la confrontation avec la machine, la machine sans fin, la machine sadique. canabalt n'est pas le premier à proposer ça, non. cet infini est partout dans le jeu vidéo, depuis tetris, encore et encore, avec pour seule quête pour nous, pauvre mortels, celle d'aller le plus loin. Mais, tant bien même canabalt serait une expérience excitante (même si elle est loin de l'être pour moi puisque je ne vois que pauvreté dans sa simplicité), je ne veux pas être une jeanne calment du jeu vidéo. Je ne veux pas battre des records. Je ne veux pas m'améliorer à perdre. Je ne veux pas d'échecs moins minables. Je ne veux pas essayer de repousser le plus possible l'échéance. Je veux gagner. Et si la vie ne propose pas ce genre d'alternatives, d'autres jeux vidéos si. Et c'est à ceux là que je veux jouer. Et c'est comme ça. Et c'est pas grave. Et c'est tout.
leaids
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le 24 nov. 2012

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