les gros mots. (ou, de la prétention de dire "prétentieux").
ceci est un message aux idiots. oui, vous, les abrutis là, c'est à vous que je cause. les habitués de l'adjectif prêt-à-l'emploi. les pourfendeurs qui colorient leurs crachats avec l'aide de chiffres. les critiques impeccables qui viennent pré-équipées avec leur petit dictionnaire de gros mots qui font toujours mouche. ouais, vous voyez très bien de qui je veux parler. ceux qui jouent à des jeux indés. qui les trouvent nuls. qui pourraient aisément en vouloir au level design, au scénario qui ne les a pas intéressé, à la durée de vie trop courte pour un prix trop cher. qui pourraient en fait dire des choses très pertinentes. mais qui préfèrent se rabattre plutôt sur des termes qui vont bien, qui font bien, qui sont sans concession, qui disent "je m'y connais on me l'a fait pas", qui résument sans rien dire de plus.
"PRÉTENTIEUX".
"INTELLO".
"BRANLETTE".
"ARTY".
"POSEUR".
"BOBO".
"HIPSTER".
si vous saviez à quel point je hais ces mots. l'altérité dégueulasse qu'ils créent. l'impression d'un contre-snobisme contre le snobisme, lâché en pleine gueule et qui nous fait plonger dans des tourbillons d'ironie qui n'en finissent pas. une sorte de fierté de vouloir être plus con/simple. pas que je refuse ce désir. pas que je ne comprenne pas ce sentiment. jouer à un jeu raté sur lequel l'auteur a voulu réfléchir gros, quitte à tomber dans la maladresse ou une énervante volonté d'en faire trop. ça existe. mais ces mots là... ce sont des overkills. c'est le point godwin des critiques de merdes. c'est le niveau zéro de l'écriture. et j'en ai lu des gens qui disaient ça à propos de thomas was alone. ils auraient pu dire tant d'autre chose. que c'est un jeu trop simple, trop court (3h et des brouettes pour le finir à 100%), que la narration est définitivement post-bastion/the stanley parable et peut aisément agacer si l'on est pas dans l'humeur, que les mécaniques de jeu ne sont pas plus originales que ça, que l'histoire ne tient finalement pas sur grand chose.
mais prétentieux thomas was alone ? parce que c'est une histoire racontée avec des cubes ? parce que ça veut parler vaguement d'amitié ? parce qu'il y a un narrateur omniscient qui multiplie les clins d'oeil et les blagues gentillettes ? parce que le créateur a voulu mettre une simili-intrigue au milieu de son jeu de plate-forme minimaliste ? parce qu'il y a deux-trois allégories au sein même du système de jeu ? on me rétorquera que tout cela est le cache-misère d'un jeu finalement assez pauvre. et ? quel est le rapport avec "poseur" ? vous voulez savoir des adjectifs qui collent avec ce jeu ? CUL-CUL. MIÈVRE. MIGNON. NAÏF. NEU-NEU. tout ce que vous voulez. même FACILE si vous voulez. ouais, c'est fastoche de nous servir de la petite musique tristoune et des histoires de cubes qui ressemblent à des pauvres types un peu à la ramasse qui se retrouvent et deviennent amis. c'est du jeu indépendant façon cinéma indépendant américain, façon little miss sunshine. y'a un achievement du jeu qui s'appellent "the breakfast club". c'est aussi un peu ça oui. et pourtant, je ne crois pas cependant qu'on accuse souvent john hugues d'être un poseur.
moi ? et bah ça m'a plu cette petite histoire sans prétention. j'ai trouvé ça chouette que ces rectangles aient des noms, des histoires, des pensées. j'ai été touché par l'avancée de l'histoire, par certains niveaux, par certaines idées. j'ai même bien aimé le look du jeu, élégant, simple, clair, pas révolutionnaire mais agréable à voir et jouer. et quand est venue la fin, toute simple forcément, j'étais simplement content. et je me suis même refait quelques niveaux, pour le plaisir de revoir certains passages que j'avais trouvé particulièrement sympathiques.
et ce n'était pas parce que je suis un hipster. pas parce que je suis un branché. pas parce que je suis un gros bobo arty prétentieux qui aime la branlette intello de mes deux. non. parce que je suis une vraie chiffe-molle qui se fait avoir émotionellement dès que c'est mignon et gentil. parce que j'aime bien les histoires d'amitié toutes jolies et cul-cul. parce que je trouve ça beau les couleurs des petits cubes qui se promènent. PARCE QUE JE SUIS UNE PUTAIN DE GROSSE TAPETTE, JUSTE UNE SALE TAPETTE, RIEN QU'UNE PAUVRE TAPETTE, POUR TOUJOURS ET À JAMAIS UNE FOUTUE TAPETTE, RIEN DE PLUS, RIEN DE MOINS. et n'allez jamais essayer d'insinuer du contraire, bande de débiles partis à la chasse aux prétentieux comme de vulgaires croisés braillards et méprisables.