Cacastlevania

(Seigneur, pardonnez-moi pour ce titre facile, mais c'est tout ce que ce jeu m'inspirait)

Castlevania est une série mythique du jeu vidéo, et comme toute série mythique, on a tous quelque chose à raconter sur notre rencontre avec elle. Certains en sont tombés amoureux dés le premier jeu sur NES, avec son pixel art méticuleux et ses musiques mythiques ; d'autres ont eu le coup de foudre pour le quatrième opus sur SNES, véritable démo technique de la 16-bits de Nintendo ; beaucoup ont pris une énorme claque après s'être perdus dans le labyrinthique château de Symphony of the Night...
Mais moi, en tant que prolo jouant sur consoles portables, le premier jeu de la série que j'ai possédé fût Castlevania Lords of Shadow Mirror of Fate sur 3DS (un des titres les plus longs et nuls depuis Mario & Sonic aux Jeux Olympiques de Londres 2012). Bon...

Acheté en 2014, un an après sa sortie, et fini 3 jours plus tard, il m'avait laissé un goût très amer dans la bouche. Après avoir joué aux bien meilleurs Dracula X Chronicles et Castlevania 3, je me suis dit qu'il était temps de revenir sur ce jeu, pour voir si mon avis avait changé et ce qui avait pu me laisser un souvenir désagréable. Qui sait, peut-être étais-je simplement de mauvais poil à l'époque ?

Mirror of Shame

Mirror of Fate est le deuxième jeu de la série spin-off Lords of Shadow. Son aventure commence environ 60 ans après le premier jeu, lorsque Simon Belmont pénètre dans le château de Dracula, aka son grand-père Gabriel.
Le gameplay du jeu se veut être un pot-pourri des 3 principaux styles de la série. Du style old-school, il hérite ses nombreuses phases de plate-formes et sa vue en 2D ; du style Metroidvania, il hérite ses nombreuses améliorations à récolter au fil de l'aventure pour progresser et découvrir des secrets dans des salles préalablement visitées ; et du style beat'em all, il hérite de ses phases de combat couillues à base de combos et de contres.

Avant de parler de la (non-)réussite de ce mélange, je vais pour une fois commencer à parler des graphismes. Et bordel, que c'est moche !
Je ne sais pas si ce jeu a été pensé pour la 3DS puis porté sur les machines HD, ou au contraire développé sur machines HD mais sorti plus rapidement sur 3DS, mais mon Dieu que ça aliase de partout. Pour offrir une meilleure lisibilité, les développeurs ont énormément reculé la caméra, mais ça a transformé les modèles (très détaillés) des personnages en bouillie de pixels sans intérêt. Et le pire, c'est qu'à cause de tous les éléments à afficher à l'écran, le jeu n'est absolument pas fluide ! On doit être à 15fps grand max pendant la majorité de l'aventure, avec de fréquentes chutes lorsque des ennemis apparaissent à l'écran ou qu'un Boss fait une attaque un peu trop gourmande en effets visuels.

Et autant les modèles 3D des personnages jouables sont plutôt sympas, autant le reste c'est super générique. Les ennemis sont quasiment tous oubliables (à l'exception de ce truc, qui a une bonne gueule et dont l'arrivée est bien mise en scène, tu m'étonnes que la démo tournait autour de lui) et les décors sont sombres et vides, sans aucune originalité ou folie visuelle. Même des lieux mythiques de la série comme la tour de l'horloge, ici c'est triste et marron chiasse.
Quand aux cinématiques, si j'aime bien leur look comic-book, je ne m'explique pas pourquoi les personnages ne prennent pas la peine d'ouvrir la bouche quand ils parlent, ça donne un rendu très étrange. Et inutile de dire qu'elles aussi aliasent bien comme il faut.
Sinon, le scénario est assez basique, on comprend très vite où le jeu veut en venir et les liens qui unissent chaque personnages entre eux. Dommage, mais pas gravissime. Par contre le Fabricant de Jouets est un personnage souvent mentionné dans les 3 campagnes et même aperçu par Trevor, mais étrangement jamais affronté. J'ai pas compris le délire avec lui.

Un mot sur les musiques ? Une des composantes majeures de la série, on se souvient tous de l'entraînant Vampire Killer, de l'inquiétant Bloody Tears ou de mon petit chouchou Aquarius. Qu'est-ce que nos amis hispaniques de Mercury Steam ont bien pu nous concocter ?
...
Bizarrement, je ne suis pas surpris.
Enfin, l'OST n'est pas mauvaise, mais elle est surtout très atmosphérique. Aucun morceau n'est marquant, donc fatalement on s'ennuie un peu. Mais bon, ça colle avec les décors chiants au moins.

Avant de revenir sur le gameplay, je voudrais juste parler de la campagne marketing du jeu, que j'ai suivie à l'époque. Dans les pubs magazines ou sur jeuxvideo.com, l'argument qui revenait le plus souvent était "Jouez avec 4 personnages !", perspective alléchante s'il en est.
Sauf qu'une fois le jeu en sa possession, on se rend vite compte qu'il n'en est rien : tous les personnages se contrôlent de manière identique (la seule différence se situe au niveau des armes secondaires, qu'on n'utilise quasiment jamais), mais surtout un des personnages (Gabriel) n'est jouable que le temps du prologue ! Ca signifie qu'on parcourt 2 décors avec lui, on affronte un Boss et c'est fini. Waouh, quel passage intéressant c'était, je ne me sens pas du tout arnaqué, messieurs de la comm' !

Beat'em Allucard

Vous l'aurez compris, avec tout ce que j'ai cité plus haut, on n'est pas face à un chef-d'oeuvre. Reste le gameplay qui pourrait sauver le jeu...mais en fait non. Au contraire, il plante les derniers clous dans ce cercueil qui n'en avait pas franchement besoin.

Faisons simple : TOUTES les phases de gameplay sont mauvaises, à chaque fois pour des raisons différentes.
Si à première vue les phases de plate-formes sont convenables, plus on avance dans le jeu et plus on se rend compte qu'elles n'arrivent pas à se renouveler. Elles sont toujours très basiques, légèrement plombées par des contrôles un peu rigides (on s'y accommode cela dit), et les nouvelles capacités acquises étant peu sollicitées dans ces phases, elles ne changent pas la manière d'aborder un obstacle (90% des trous du jeu se franchissent avec un simple saut). On a bien de temps en temps des phases marines ou en chariot pour varier le gameplay, mais tout cela reste basique et lent, donc facilement abordable.
Et parfois, on trouve des coffres sur notre route. Etrangement, ils ne s'ouvrent pas tous seuls, il faut au contraire spammer le bouton B pour ouvrir le couvercle. C'est débile puisqu'il n'y a aucune pénalité si on rate, j'ai l'impression que ça servait juste à faire perdre du temps aux joueurs, histoire que ceux-ci ne finissent pas le jeu trop vite.

Les phases d'exploration, dites Metroidvania, sont probablement les plus ratées du jeu, pour une raison très simple : le jeu vous indique où aller.
En effet, l'écran tactile affiche en permanence une carte avec un gros point rouge qui clignote pour vous montrer où vous rendre. A ma connaissance, cette option n'est pas désactivable, il est donc parfaitement impossible de l'ignorer afin de se perdre et d'errer au hasard dans le château.
Quand aux améliorations récoltées sur votre chemin, celles-ci n'ont hélas qu'une utilité toute relative. Elles servent à ouvrir quelques portes, sur votre route ou sur des chemins annexes, mais il doit y en avoir une vingtaine à tout casser pour les 3 personnages. On pouvait (non, on DEVAIT) espérer mieux vues les ambitions du titre.

Quand aux phases BTA, elles n'ont aucun intérêt, tout simplement. Les ennemis de base se font tous tuer par des combos simplistes (à base de Y-Y-Y-Y-Y, voire X-X-X-X-X pour les plus fifous d'entre vous) et ne nécessitent pas une connaissance approfondie des autres mécaniques du jeu (contre, objets annexes...).
Les Boss sont beaucoup plus coriaces et pourraient être un défi... Si votre mort ne vous était pas autant favorable.
Ca m'avait fait halluciner lors de mon premier essai il y a 5 ans et j'ai retrouvé cette sensation lors de mon replay : quand vous mourez, vous revenez sur le terrain avec environ 1/4 de votre vie. Sauf que si vous mourez de nouveau, vous revenez avec la moitié de votre vie et ainsi de suite. Et les Boss ont des checkpoints dans leurs combats, c'est-à-dire que si vous leurs enlevez 1/3 de leur vie, une cinématique se déclenche. Si vous mourez, vous reprendrez le combat juste après cette cinématique. Vous voyez le problème ?
Pour les battre, pas la peine de connaître les mécaniques de combat et les patterns des Boss sur le bout des doigts, équipez-vous simplement du sortilège qui augmente votre attaque et bourrez le Boss jusqu'à ce qu'il déclenche sa cinématique. Là, mourrez en boucle 2 ou 3 fois histoire de reprendre de la vie, et recommencez le combat complètement guéri face à un Boss qui n'a plus toute sa vie. Et voilà, vous avez gagné le jeu !
Et encore une fois, ce n'est pas une mécanique désactivable dans les options, on est obligés de jouer en mode assisté et la punition pour avoir échoué à comprendre comment fonctionne un Boss, c'est de rendre le combat plus simple. A quel moment c'est fun ?
Peut-être que le mode Boss Rush corrige ce défaut, mais il est hélas exclusif aux versions HD. On se consolera en se disant que la 3D de la version 3DS est plutôt jolie ?

Et pour enfoncer le clou, tous les Boss sont mis à mort au cours d'un QTE. Parce que qui ça amuse de jouer, hein ? Moi ce que je veux quand je suis sur un Castlevania, c'est regarder un film interactif digne de la Sega CD ! D'ailleurs, un Boss entier de la campagne de Trevor est affronté via un QTE, trop bien, je me sens investi de ouf dans l'action !

What a Horrible Night...

Je ne comprends pas ce jeu.
Je ne comprends pas à quel moment les développeurs ont pensé que le produit final était prêt à être vendu. C'est moche, c'est facile, ça se joue tout seul... J'ai juste l'impression que le jeu n'a pas été béta-testé, parce qu'il fallait absolument qu'il sorte avant Lords of Shadow 2, donc tant pis pour l'équilibrage ! On met une jolie couverture sur la boîte, on rédige un communiqué disant qu'on peut jouer avec 4 personnages et voilà, ça va se vendre !

Je ne suis pas assez connaisseur de la série pour dire s'il s'agit du pire Castlevania. Je sais que les épisodes GameBoy, N64 et PS2 sont souvent décriés et je veux bien croire qu'ils aient plus de défauts, reste que ce Mirror of Fate est clairement dans le bas du panier.
Aujourd'hui, Mercury Steam répète à qui veut l'entendre qu'ils sont le seul studio au monde à avoir bossé sur les deux franchises-phares du genre Metroidvania. Mais si j'aime beaucoup leur remake de Metroid 2, je me ferais discret à leur place vu le massacre que leur travail sur Castlevania a donné.