Chameleon Twist par Ninesisters
Chameleon Twist appartient à la première génération de titres Nintendo 64, et comme il n’a pas été édité par Nintendo, cela suffit à sous-entendre un certain nombre de défauts sur lesquels je reviendrai plus tard.
Ce jeu, c’est avant une idée de gameplay : à la différence de Kid Chameleon, ce n’est pas la faculté mimétique de l’animal qui lui donne ce nom, mais bien sa langue démesurée. Et le fait que, pour le coup, nous incarnions effectivement ledit animal. Cette langue sera votre arme : vous pouvez l’allonger sur une distance plus que raisonnable (un code couleur vous indique si vous pouvez encore l’étendre ou non) et en contrôler la direction, et elle vous servira aussi bien à attraper des éléments fixes du décor – par exemple un poteau de l’autre côté d’un ravin, vous permettant de le franchir – que de petits ennemis, qu’il vous sera ensuite possible recracher sur des ennemis plus gros impossibles à gober ; bien entendu, plus vous manger, plus votre personnage est lourd, mais plus le coup qu’il produit est puissant. Votre langue vous servira aussi à prendre de la hauteur, pour atteindre certaines plates-formes en temps normal inaccessibles.
Le gameplay est donc plutôt original, et à un détail près (le bouton qui vous permet de tourner autour d’un poteau après s’y être accroché), il est intuitif.
Le level design est aussi lié au gameplay, puisque c’est en vous proposant des éléments fixes inédits dans chacun des 6 mondes que vous pourrez utiliser de nouveaux mouvements.
Chaque monde est globalement bâti de la même manière, sous la forme d’une succession de salles. Celles-ci vous demanderont soit de récupérer des items, soit de franchir un parcours, soit d’éliminer des ennemis ; et à la fin, vous vous retrouverez face à un boss. Le système est donc relativement simple, mais exploite bien les différentes facultés du personnage. Outre le fait d’aller au bout, il vous faudra collecter des couronnes, au nombre de 25 dans chaque niveau, pas indispensables mais qui feront office de score ; certaines étant difficiles à atteindre, toutes les récupérer offre une bonne rejouabilité. Et il faudra bien ça, car le jeu lui-même est court, avec seulement 6 niveaux divisés uniquement en salles, et une difficulté aisément surmontable une fois les subtilités du gameplay assimilées (ce qui là non plus n’a rien de bien compliqué).
Pour le reste, Chameleon Twist a donc les défauts inhérents aux pionniers de la console, ou du moins ceux qui ne furent développés par Nintendo. A savoir des graphismes loin d’exploiter correctement les capacités de la console et qui vieillissent mal, et une gestion atroce de la caméra. Le graphisme apporte pourtant une identité visuelle assez plaisante, avec ses personnages aux têtes énormes et ses couleurs vives, mais les développeurs semblent coincés à l’époque de la PSX ; et encore, cette-dernière pouvait offrir mieux. Quant à la caméra, ils ont fait le choix de la laisser fixe ; ou du moins, dans chaque pièce, elle semble se trouver à un point fixe, mais il est possible de la faire tourner sur elle-même pour explorer la salle et ses éventuels secrets. Ce n’est pas idiot dans la mesure où cela nous évite les bugs de caméra très fréquents sur cette console, mais les angles choisis ne sont pas toujours heureux, et nous regrettons rapidement de ne pas pouvoir suivre notre personnage dans les passages les plus délicats ; cela complique sérieusement la gestion de l’espace.
Chameleon Twist n’est pas un mauvais jeu en soi, mais je ne dirai pas non plus qu’il est bon. Son gameplay original constitue son point fort, mais se trouve trop souvent plombé par la gestion de la caméra. Dans l’ensemble, il souffre d’un manque d’ambition patent de la part de ses concepteurs ; le système de salles est agréable sur le moment mais témoigne de ce manque, de même qu’une durée de vie affreusement faible. Mais c’est amusant. C’est ce que nous appellerons un petit jeu sympathique, qui mérite d’être testé si vous en avez l’occasion. Seulement, il convient de savoir mettre les choses en perspective : si vous le trouvez d’occasion à 1 ou 2€, cela vaut le coup ; mais je plains ceux qui l’ont acheté au prix fort à l’époque.