De la frustration dans les transports en commun ? Quelle belle simulation !

Rarement un jeu ne m'aura autant frustré que Cities in Motion 2 !

Bah oui, finalement le monde du jeu vidéo est généralement assez binaire. Il y a d'un côté les jeux pourris ou tout simplement pas bien, qu'on apprécie généralement pas, et de l'autre les bons voire excellents jeux, qui attisent notre curiosité, notre doigté sur le pad ou la souris, notre sensibilité. Evidement, il y a des jeux qui fleurtent avec le milieu et sont tout simplement moyens, médiocres ou paresseux.

CiM2 échappe - comme d'autres - à cette catégorisation sommaire. En effet, sur le principe, c'est plutôt un bon jeu. Je m'explique.

CiM2, c'est un jeu de gestion s'inscrivant dans l'héritage de SimCity. On y gère non pas une ville mais le système de transports en commun que l'on va installer au sein d'une ville déjà existante mais a priori uniquement dédié au transport par la voiture. Autant dire que vous allez être attendu comme le messie de l'annihilation des bouchons et autres ralentissements. Outre votre capacité d'investissement, vous disposerez de plusieurs types de transports en commun (du simple bus jusqu'au métro) que vous allez pouvoir déployer au sein de la cité.

De nombreux paramètres - que dis-je, de très nombreux paramètres - seront ajustables pour parfaire votre gestion de votre système de transport, puisque CiM2 vous permettra notamment de créer intégralement des lignes de transports (quels arrêts, quel parcours, quels aménagements aux arrêts, quel type de véhicules, ...), de paramètrer les fréquences de passages en fonction du moment de la semaine et des différents rush de la journée (genre la sortie du boulot), de moduler la paie des différents agents de votre réseau, de définir plusieurs zones tarifaires pour vos différents modes de transport, ... Bref, vous allez devenir l'égal du directeur de la RATP !

Pour prendre vos décisions, le jeu met à votre disposition toute une panoplie de statistiques et de cartes dynamiques vous permettant d'anticiper les pôles, les centralités, qui va où en fonction de son boulot, de son profil socio-économique, ...

Et franchement - et c'est là où CiM2 fait très fort - il y a quelque chose de particulièrement grisant à créer ses différentes lignes, à les peaufiner, puis à lancer le système et voir ses véhicules traverser la ville, charger les différents voyageurs, engendrer des recettes. Une vrai satisfaction d'ingénieur ou d'urbanisme !

Mais le problème, c'est que sur ce chemin idyllique, CiM2 se casse la figure. Car il y a une espèce d'erreur stratégique dans la construction de ce jeu selon moi. CiM2 tente de vous faire vivre une simulation des plus fidèles de la gestion d'un système de transport en commun. Pour cela, il a le soin du détail. Comme je le disais plus haut, il y a énormément de paramétrages disponibles. C'est un peu compliqué à assimiler, car pas du tout intuitif (et franchement, en passant, le didacticiel est un contre-modèle de pédagogie), mais ça reste motivant car on fait tout pour optimiser ses choix.

Mais CiM2 pousse le détail dans tout ce qu'il a de moins intéressant ! Et ce qui illustre le mieux cette pensée est ce que j'appelle l'exemple du tram. Vous voulez construire une ligne de tram : il va falloir créer un dépôt qu'il va falloir connecter à une infrastructure de tramway, c'est à dire créer des rails sur des routes existantes. Cela ne peut se faire que portion de route par portion de route. Et avec le choix de la voie de circulation impactée. Et de temps en temps, ça merdouille, et on se retrouve pas sur la bonne voie. Puis on se rend compte que nos choix sont incompatibles avec la pose d'une station de tram. Et on galère. Et on galère.

Mais on galère encore plus quand on combine ça aux commandes du jeu qui sont très inconfortables. La navigation au sein de la ville n'est vraiment pas un modèle d'ergonomie, et chaque fois qu'on se déplace trop vite, on perd de vue sa ligne en construction. Alors on zoom pour voir mieux, mais du coup on est obligé de se déplacer à chaque fois avec des commandes clavier dont on se demande, les yeux écarquillés, comment elles ont été pensées !!!

Et du coup, malgré la motivation et la volonté de bien faire, on se rend compte que la simulation a été poussée trop loin. Ca en devient presque une simulation d'ingénierie urbaine. Et franchement, il n'y a pas grand chose de ludique là-dedans.

Résultat des courses. Malgré de nombreuses tentatives et un intérêt certain pour la matière de CiM2, je ne suis jamais parvenu à vraiment y jouer (et pourtant j'y ai passé plusieurs heures. C'est la frustration la plus totale, en plus consolidée par le fait que le jeu est très chiche en mode de jeu.

CiM2 aurait pu proposer, par exemple, une ville de départ plus modeste, pas facile à appréhender, qui se serait développée avec le temps (vu que le jeu propose par défaut cette capacité).

Bref, CiM2 est un paradoxe en lui-même. Un jeu plutôt bon, au concept réussi pour qui s'intéresse à cette thématique de gestion, mais qui a cause de choix d'ergonomie vraiment pourris réussit à être un génération de frustration ludique. Pour cette raison, ma note est sans doute particulièrement dure mais reflète vraiment le sentiment que j'ai eu sur ce jeu.

Je vais faire grève ...