Si le nom de PixelOpus ne vous évoque rien, sachez qu'ils sont aux commandes de Entwined, un petit jeu qui avait été présenté lors d'une conférence (E3 il me semble) et qui proposait de tirer parti de certaines fonctionnalités de la manette pour amener deux oiseaux à bon port. Dis ainsi, ça a l'air simplissime et pas très distrayant, mais le parti pris graphique conférait un charme certain à l'ensemble. Le studio revient, des années après, avec Concrete Genie et, une fois encore, le charme opère.
Denska est une cité portuaire abandonnée depuis un incident dont on découvrira la nature et l'ampleur plus tardivement dans le récit. Malgré les interdictions parentales, Ash y retourne régulièrement, attaché qu'il est à ce port dans lequel il a passé énormément de temps. Solitaire, son passe-temps consiste à dessiner... et à esquiver la bande de brutes qui occupe aussi les lieux et apprécie de le tourner en ridicule quand ils ne dégradent pas les alentours.
Aujourd'hui est la fois de trop : non content d'avoir arraché les pages de son carnet de croquis, la troupe d'enfants perdus l'envoie au phare, lieu réputé hanté. C'est là que la vie de Ash va prendre un nouveau tournant. L'une des créatures qu'il avait dessiné, et qu'il nomme "les génies", a pris vie et lui offre un pinceau capable de rendre réel les génies qu'il dessine. C'est grâce à ses peintures qu'il va pouvoir ramener la vie à Denska et la purifier de toute cette noirceur qui la ronge.
Côté gameplay, on est sur du simple et de l'efficace et PixelOpus joue encore avec les fonctionnalités de la manette (et ça arrive bien trop rarement que des studios exploitent cela). Si les options permettent de dessiner avec les joysticks, par défaut il faudra appuyer sur quelques boutons et bouger la manette. Avec le petit son sortant directement du micro du périphérique, ça confère rapidement un petit côté "peintre sans limite". Le joueur est libre d'utiliser les motifs de son choix (à trouver en récupérant les pages du carnet), d'invoquer des génies qu'il peut customiser. L'imagination est au cœur du jeu !
Les développeurs ont même créé un mode reprenant les niveaux traversés dans l'histoire pour les joueurs souhaitant créer leurs propres tableaux vivants. Il existe même un DLC VR (gratuit) qui, même si très court, est très plaisant surtout avec cet aspect de peinture donnant vie à de la 3D.
Côté histoire, Concrete Genie pourrait se ranger dans le film d'animation familial. Les messages véhiculés sont classiques mais efficaces et racontés avec beaucoup de douceur. Si quelqu'un touche le pinceau magique de Ash en même temps que lui, le garçon perçoit des fragments de souvenir de l'autre individu. Ce qui permet d'expliquer l'attitude du groupe de gros bras. Pour autant Ash a une petite phrase qui permet de compatir sans pour autant excuser complètement les agissements de ses tortionnaires.
Des dissensions sont d'ailleurs présentes dans le groupe. Lorsque Chuck frappe Ash mis à terre, certains détournent le regard, une gêne s'installe et d'autres le réprimandent. "Chuck ça se fait pas. [...] On est là pour le taquiner pas pour l'envoyer à l'hôpital". Des propos et attitudes qui nuancent les personnages. On peut d'ailleurs supposer que leurs attitudes est accrue par la présence de la matière noire qui recouvre Denska, comme elle accentue la colère de Ash au point de créer de sombres génies qui se vengent sur ses tortionnaires.
Scène qui permet aussi de montrer que Ash n'est pas exempte de mauvaises actions, lui aussi. Tous ces enfants ont des fractures en eux qui peuvent les faire basculer du mauvais côté si quelque chose les y pousse (la colère de Ash, le ressentiment des autres enfants envers leurs parents).
D'ailleurs Concrete Genie se conclut sur une belle note. C'est une histoire de pardon mais aussi d'ode à l'imagination présentée comme un échappatoire mais aussi comme lien possible avec d'autres personnes. Le jeu idéal pour se poser et décompresser et qui peut aussi se lancer en famille. PixelOpus a encore frappé juste et j'espère qu'ils vont continuer à nous régaler de créations toutes aussi imaginatives.