Conker's Bad Fur Day par benton
J'ai un avis partagé sur Conker's Bad Fur Day. J'ai voulu ce jeu dès sa sortie. J'étais devenu fan de Rare avec Banjo Kazooie, et imaginer un Banjo dans un univers déjanté et trash comme semblait le proposer Conker me faisait saliver. Mais je n'ai pas pu avoir le jeu à l'époque, notamment parce qu'il était trop cher (et puis j'avais eu Banjo Tooie qui était sorti à peine un ou deux mois avant). Finalement j'ai pu jouer à Conker en 2007 et je dois dire que le jeu m'a légèrement déçu.
En fait, je m'attendais vraiment à un Banjo, c'est à dire un jeu de plateforme, dans un univers délirant, sauf que Conker ce n'est pas du tout ça. On a surtout affaire à un jeu d'action, très séquentiel, plutôt linéaire, sans niveaux découpés, où les situations loufoques aussi diverses que variées font appel à un tas d'idées de gameplay différentes (rien que le fait de manier Conker quand il est bourré). Conker est un jeu boulimique, qui tente beaucoup de choses et qui apporte de nouvelles façons de jouer. Chaque passage est l'occasion d'expérimenter quelque chose dans un mélange des genres foufou (course, jeu de tir, action pure, survival horror, combat de boss, plateforme...). Certains passages sont anthologiques, comme celui avec le taureau, avec l'homme préhistorique, le moment dans la boîte de nuit, ou chez Dracula. Evidemment, le côté trash et gore participe au côté déluré et jouissif du jeu. Le travail sur l'ambiance est excellent (les musiques sont très bonnes, celle dans la boîte de nuit est fantastique tant elle met presque mal à l'aise). Conker ne ressemble à rien d'autre, c'est certain, et c'est déjà énorme.
Mais j'ai l'impression que Conker est surtout un jeu à ambiance, à univers. Je trouve que l'essentiel, à savoir la jouabilité, est souvent bâclée. Conker multiplie les gameplay mais n'excelle jamais dans aucun genre. Les passages plateforme sont difficiles à gérer (j'ai foiré un nombre monstrueux de sauts et le passage dans le moulin est à s'arracher les cheveux, sans parler des phases sous l'eau). C'est là où je me suis rendu compte que Conker ce n'est définitivement pas Banjo. Le passage où il faut éviter les faisceaux laser dans le niveau de la guerre est également horrible. Bref, si on peut s'enthousiasmer des idées que peut avoir Conker, je n'ai jamais vraiment eu un plaisir total à manier l'écureuil (sauf peut-être durant le passage survival horror, une fois la technique de visée adoptée). Le plaisir essentiel que l'on retire à exécuter des prouesses avec le personnage que l'on dirige, ce qui fait la force d'un Banjo ou d'un Mario, est inexistant dans Conker. Le jeu est brillant dans ses idées mais besogneux dans la pratique. Rare s'est sans doute plié à l'aspect "à l'arrache" et "coup de pied dans la fourmilière" du jeu, en torchant la jouabilité sans se soucier de sa précision. Je trouve que c'est dommage. Il n'en reste pas moins un jeu unique en son genre.