Temps de jeu : 10 heures
Mon sixième League of Legends
Mon quatrième A League of Legends Story
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#90]
À la manière d’un Ruined King, CONVERGENCE est un titre qui a su se faire attendre. Originellement prévu pour 2022, ce dernier a finalement été repoussé d’un an ou presque pour paraître ce 23 mai sur le Nintendo eShop, mais également de nombreuses autres plateformes. Une arrivée si tardive qu’entre temps Riot Forge a pu dévoiler ET publier The Mageseeker, que nous avons également pu traiter et tester sur notre site. Loin d’être imparfaite, la gamme Riot Forge parvient toutefois à concilier l’univers riche de League of Legends, une direction artistique léchée ainsi qu’une variété des genres abordés, allant d’un RPG au tour par tour à un runner rythmique, sans oublier un jeu d’action aux relents de hack’n slash. Toutefois, impossible de ne pas ressentir une certaine constante au travers de la série A League of Legends Story : l’impression de ne jouer qu’à des jeux de commande, lesquels ne parviennent que trop rarement à s’extirper du poids du matériau de base, ceux-ci étant toujours sujets à un manque de finition global, notamment du côté de l’aspect technique. Seul le temps nous le dira vraiment, mais un petit arrêt sur images vis à vis de CONVERGENCE : A League of Legends Story peut d’ores et déjà apporter quelques éléments de réponse.
Si tu meurs, combien vont survivre ?
Ici et là, on a déjà pu vous vanter les qualités indiscutables d’Arcane, la série animée Netflix de Fortiche Production prenant place au sein de Runeterra (l’univers de League of Legends). Rien n’a changé depuis, si ce n’est que la saison 2 a été repoussée d’un an, mais il nous paraissait nécessaire de la mentionner de nouveau pour inviter les retardataires à la visionner au plus vite. Ça, et aussi parce que CONVERGENCE prend place dans la ville de Zaun, un des deux lieus centraux de l’intrigue d’Arcane. Les téléspectateurs et fans y retrouveront d’ailleurs plusieurs personnages connus, comme l’iconique Jinx, mais aussi et surtout Ekko en tant que personnage principal. Quant aux fans du jeu d’origine, il y a bien sûr d’autres visages connus comme Warwick ou Camille, sans compter un tas d’autres clins d’œil ici et là. Comme dans The Mageseeker ou Ruined King, il sera possible de mettre la main sur des babioles et des documents narrant des événements liés au lore de League of Legends (les démons primordiaux, d’autres champions invisibilisés comme Blitzcrank ou Twitch, etc.).
Et si CONVERGENCE possède sa part de personnages, lieux et événements inédits sur lesquels nous reviendrons plus tard, on peut également y retrouver des pans scénaristiques explorés dans d’autres titres de Riot Games, à l’image de Corina Veraza, un personnage introduit pour la première fois dans Legends of Runeterra et toujours absent du MOBA. En résulte un vrai sentiment de respect et de crédibilité vis-à-vis de l’univers originel, comme souvent avec la gamme Riot Forge. Double Stallion Games, les développeurs montréalais derrière CONVERGENCE, lui ont par ailleurs dédié toute une zone dans le jeu, la rendant tout aussi – si ce n’est plus – importante qu’un personnage majeur comme la Gâchette Folle. Toutefois, soulignons également le travail apporté à la bande de copains orphelins accompagnant Ekko, lesquels sont charmants sans jamais être envahissants. C’est aussi l’opportunité de découvrir les parents du petit génie de Zaun, ainsi que Ekko… du futur ! Avec une telle « nouvelle » identité, on comprend très vite que le concept de multivers est canon et accepté, ouvrant de nouvelles opportunités excitantes en dépit d’un concept surexploité par de nombreuses franchises vidéoludiques ou cinématographiques.
Le progrès surpasse la souffrance
Prenant la forme d’un Metroidvania allégé, CONVERGENCE est composé de sept zones distinctes dans lesquelles sont disséminés ennemis, plateformes, épreuves et coffres. À force d’avancée et de confrontations face à de multiples boss, Ekko pourra améliorer ses capacités et obtenir de nouveaux équipements et pouvoirs, le tout sous les conseils avisés de son double du futur. Si les premiers pas se révèlent très basiques, le titre gagne rapidement en profondeur et propose un sentiment grisant de montée en puissance, comme le ferait un excellent Metroid-like. En plus de se défendre au corps-à-corps à l’aide de sa batte, Ekko pourra également glisser sur ou sous des câbles, effectuer un double saut, courir sur certains murs et autres parois verticales, créer une zone où le temps s’écoule moins vite, parer les coups adverses pour les contrer ou bien encore effectuer une ruée en avant, dans les airs ou sur terre. De nombreux autres pouvoirs et capacités sont à débloquer et maîtriser, lesquels mènent à une palette de mouvements et d’actions assez large et agréable à manier. Le parkour est par ailleurs la grosse réussite du titre, ne demandant qu’une simple pression de touche pour s’accrocher à une corniche et l’escalader, se balancer d’une barre à une autre à la manière d’un talentueux voltigeur ou encore de se téléporter à la volée une demi-douzaine de fois de suite.
Tout se fait avec légèreté et fluidité, et même lorsque l’échec pointe son nez, alors le véritable talent d’Ekko refait surface : la possibilité de rembobiner le temps pour revenir à un point de l’action où le pire peut encore être évité. De cette faculté limitée à quelques secondes découle l’opportunité d’esquiver un coup ennemi ou une chute mortelle, regagnant de fait sa vie perdue, tant que le joueur possède suffisamment de charges dans sa clepsydre-zéro, l’outil principal du héros. En combat, sur le chemin ou dans des arènes, le Fractureur du temps possède tout autant de techniques pour venir à bout des monstres et figures qui lui feront face ; le Rétrobang (une grenade agissant comme un boomerang à retardement), le Rush déphasé lui permettant de se téléporter jusqu’à un ennemi, la Convergence parallèle pour ralentir les projectiles ennemis dans une zone, mais aussi et surtout la Chronofracture, laquelle lui donne la possibilité de revenir là où se trouve une rémanence de son propre corps, le tout dans une explosion de zone infligeant de lourds dégâts. Si les joutes peuvent parfois manquer de lisibilité, notamment sur la fin de l’aventure, toutes ces options permettent d’appréhender et de corriger les combats avec une certaine aisance.
Chaque seconde compte
Chargé de mettre la main sur un matériau nommé Syntixite avant que celui-ci ne provoque la chute mutuelle de Zaun et Piltover, Ekko devra parcourir la ville souterraine de fond en comble, allant des bas-fonds crasseux du Puisard aux cieux vertigineux d’un théâtre volant, sans oublier les serres d’une baronne de la techno-chimie ou une fête foraine abandonnée. Les environnements y sont variés, bien plus que dans The Mageseeker ou Ruined King, tout en étant magnifiés par une direction artistique léchée, laquelle puise son inspiration du côté des comics tant dans ses couleurs que dans son trait épais et racé. Toutefois, on ne peut s’empêcher de regretter une certaine redondance dans le bestiaire, qu’il s’agisse des multiples versions d’un même monstre ou des patterns assez classiques des boss. Les premiers bénéficient de quelques ajouts basiques, comme un peu plus de vie ou des dégâts accrus, tandis que les seconds peinent à réellement se révéler mémorables sortis de leur mise en scène. Les différentes phases gagnent trop peu en variété, tandis que l’aspect plateforme du titre est carrément écarté de ces gros duels.
Question challenge, CONVERGENCE possède une multitude d’options pour faciliter ou corser son aventure. Qu’il s’agisse de la difficulté générale scindée en trois paliers, mais aussi et surtout de petits ajustements bienvenus comme le nombre de « cœurs » que possède Ekko ou les charges de sa clepsydre-zéro, permettant de paramétrer à sa guise l’aventure qui nous attend, simplifiant ou non l’aspect combat et/ou plateforme du titre. Aussi, la courbe de progression y est parfaitement dosée, mais tend à se montrer rapide, la faute à une durée de vie riquiqui. En effet, il ne nous aura fallu que dix petites heures pour boucler le jeu à 100%, impliquant une ligne droite proche des six heures, voire moins. Pour trente euros (quarante si vous craquez pour l’édition deluxe et ses éléments cosmétique), le voyage parait excessivement cher au-delà des qualités évidentes du titre. Un point noir déjà évoqué pour The Mageseeker. À peine commence-t-on à maîtriser et exploité le plein potentiel d’Ekko, que l’aventure s’achève déjà. Là où le bât blesse réellement, c’est du côté de la technique et du framerate jamais constant, oscillant parfois violemment lors des phases de parkour. La Nintendo Switch étant tout à fait capable de supporter ce genre de titres, on s’étonne et s’agace de ces soucis évitables, une fois de plus similaires à ceux de The Mageseeker.
Demande-moi si j’écoute… Spoiler : non !
Avant de conclure ce test, évoquons rapidement et pêle-mêle la bande-son et les mécaniques de craft et d’équipements, ainsi que l’arbre de compétences. La première, très discrète, est majoritairement composée de morceaux déjà certes bons, mais déjà connus (les thèmes personnels d’Ekko, Jinx, Warwick et Camille), tandis que les nouveaux sont oubliables dans leur ensemble. Notons toutefois une histoire entièrement doublée, notamment en français. Si le jeu d’acteur varie grandement d’un personnage à l’autre, on prend un grand plaisir à retrouver le comédien original d’Ekko (Alexandre Nguyen), très bon dans l’exercice. Quant à l’aspect RPG de CONVERGENCE, on ne va jamais trop loin à la manière de The Mageseeker ; avec une monnaie – les rouages – et des matériaux rares échangeables, on peut obtenir de nouveaux coups (une charge vers le sol, une attaque circulaire, etc.), mais aussi des gadgets prenant plus ou moins de place dans l’inventaire d’Ekko, lesquels confèrent par exemple la possibilité de taper dans le Rétrobang avec sa batte pour l’envoyer vers une nouvelle direction, ou encore de toucher plusieurs ennemis avec un Rush déphasé. Autant de nouvelles possibilités qui restent finalement très secondaires, le jeu pouvant se boucler sans activer ou utiliser une seule de ces améliorations.
Conclusion
Admirable et généreux dans sa palette de mouvements, laquelle permet de profiter d'un level design soigné et d'une physique agréable, CONVERGENCE : A League of Legends Story est un jeu aux multiples qualités. Très respectueux du moveset d'Ekko et de l'univers de Runeterra, Double Stallion Games offre ici un Metroidvania certes léger, mais jamais désagréable, lequel s'adresse tout autant aux fans qu'aux nouveaux venus. Si les mécaniques RPG se révèlent sommaires et que la bande-son peine à se faire remarquer, c'est surtout du côté de la technique que le titre pêche. De même, après un Ruined King et un Hextech Mayhem généreux, le dernier opus de Riot Forge parait excessivement cher au vu de sa durée de vie et d'un manque global de finition, à l'instar de The Mageseeker. À croire qu'il ne s'agit là que de produits de commande faits un peu à la va vite pour surfer sur le succès d'une grosse franchise, quand bien même ils possèdent des qualités évidentes et indéniables. On aurait aimé un peu plus de polish donc, notamment de la part de Riot Forge qui doit se porter garant de la qualité de ses produits. Au-delà de toutes ces considérations économiques et techniques, CONVERGENCE est un excellent titre sur le plan du gameplay, fun et grisant à parcourir et à compléter. Comme The Mageseeker, on ne peut que recommander un achat dès lors que le titre bénéficiera d'une belle promotion à moitié-prix.