Vous aimez les shmup mais, comme l’auteur de cette prose, vous n’atteigniez que trop rarement les crédits de fin d’un jeu du genre avant l’invention des émulateurs et leurs salvatrices savestates (à utiliser avec parcimonie) ? Les univers trômignons ne vous rebutent pas ? Si la réponse aux deux questions est oui, donnez donc sa chance à ce très sympathique cute’em up à défilement horizontal de Naxat Soft : Coryoon – Child of Dragon.
Coryoon est un petit dragon, animal de compagnie d’une charmante princesse, un brin furax car lancé à la poursuite d’une entité démoniaque ayant jeté un sort à sa maîtresse, qui l’a fait rapetisser (ou revenir en enfance, ce n’est pas totalement clair sachant que la petite cutscene d’intro ne présente ni dialogues, ni textes). Peu importe en définitive, car la finalité reste la même : aller lui botter le cul…
Plus que sa facilité, c’est sa permissivité qui fait que Coryoon est accessible à tous, le pro comme le néophyte. Le jeu donne en effet l’impression de tout mettre en œuvre pour nous éviter au maximum le game over. Par exemple, lorsqu’on perd une vie, on reprend pile à l’endroit où on s’est fait dégommé, sans aucun temps mort. Si l’on est sous l’influence d’une orbe (on y reviendra) quand on se fait toucher, on ne perd que l’orbe en question, autrement dit sa puissance de feu (pour revenir à la faible attaque de base), tandis qu’une nouvelle orbe se pointera dans les quinze secondes suivantes, et ce, même contre les boss ! Et si ça ne suffisait pas, le jeu propose même un mode easy (que je n’ai pas essayé)…
Les bonus offensifs donc, s’articulent autour d’un système d’orbes de couleurs, cumulables jusqu’à trois pour maximiser les dégâts. L’orbe rouge (le feu), mise tout sur la puissance, au détriment de la portée (même si elle reste très correcte au niveau 3). L’orbe bleue (le vent) fait l’inverse, privilégiant la portée à la puissance, et est clairement la moins efficace des trois. Quant à l’orbe jaune (l’électricité), très moyenne à puissance mini, elle s’avère redoutable passé le stade 2, avec des tirs partant dans toutes les directions, et notamment vers l’arrière, très pratique face à certains boss aux patterns bien relous qui squattent un peu trop la gauche de l’écran… En plus des orbes, on note aussi la présence de quelques bonus défensifs, symbolisés par des enseignes (pique, cœur, carreau, trèfle), dont le plus utile est sans doute le carreau, réduisant la taille de Coryoon, nous rendant bien plus difficile à atteindre (très efficace combiné à l’orbe jaune à puissance maxi). Malgré tout, il n’est paradoxalement pas si rare que ça de se prendre un tir perdu car…
…L’écran est parfois tellement fourni, tellement irradié de couleurs de partout, qu’il est de temps en temps diffficile de distinguer un bonus d’un tir, voire d’un ennemi. On pourrait presque parfois se croire dans un danmaku ! Coryoon est en effet une vraie perle technique, affichant un nombre incroyable d’éléments simultanément dans des environnements souvent détaillés, et gérant plusieurs scrolling différentiels. Chacun des sept niveaux composant le jeu introduit un thème différent, symbolisé par une couleur dominante (le bleu des fonds marins, le violet des cristaux des grottes, le ciel orangé de la vallée, le jaune du sable du désert…), avec ses ennemis majoritairement exclusifs, principalement animaliers et versant grandement dans le nawak, un peu à la Parodius… Pour chipoter et tempérer ce constat largement positif, notons des décors peinant un brin à se renouveler au sein d’un même niveau, ainsi que des musiques qui, sans être mauvaises pour autant, sont on ne peut plus génériques…
Bref, c’est souvent le bazar à l’écran, mais comme le jeu est super friendly, on ne ressentira jamais aucune frustration. Alors bien sûr, le joueur qui cherche prioritairement un jeu qui lui tient tête, qui mette sa dextérité à l’épreuve, ne trouvera sans doute pas son bonheur dans ce Coryoon, sauf peut-être dans les modes Score Attack qui se débloquent une fois le jeu fini une première fois. L’amateur éclairé en revanche, pour peu qu’il adhère à la plastique léchée et colorée, à l’univers touchoupi et au gameplay simple et permissif mais efficace, trouvera en ce jeu une alternative fort sympathique aux ténors du genre. Et il terminera enfin un shmup !