Cosmology of Kyoto, c'est un peu comme Adibou, mais on remplace les carottes à compter par des échanges charnels avec une jeune geisha qui finira souvent déchiquetée sous vos yeux par un démon (Oni).
Car oui Cosmology of Kyoto est bel et bien, du moins au départ, un jeu éducatif. Néanmoins, la manière dont ce dernier entreprend l'éducation de nos jeunes têtes blondes, risque vraisemblablement de transformer celles-ci en Walter Sullivan en puissance.
La présentation est sommaire, un point & click ou les interactions se limitent à avancer, taper quelques mots clés, échanger des objets via un inventaire très simpliste ou bien déclencher une action avec tempo particulier à un instant donné. Pour le reste, il s'agira d'explorer un Kyoto de la fin du IXe siècle dans un simili monde ouvert avec les personnages et lieux historiques bien réels qui composent plus ou moins la région à cette époque. La petite touche épicée, c'est que l'ensemble est couplé avec une grande dose de folklore horrifique propre à la culture japonaise, comme on le retrouvera régulièrement au début des années 2000 au cinéma et dans le jeu vidéo avec la vague du J-horror. Ici, pas de limites hormis la morale du marché, Cosmology of Kyoto est plutôt cru pour son époque et le style graphique superbe de l'œuvre renforce un sentiment de malaise très présent, mais volontaire.
Le trait éducatif de Cosmology of Kyoto se situe sur les détails très exhaustifs à propos des lieux et personnages, que cela soit via des cartes, un dictionnaire, des images ou de longs textes explicatifs il y aura de quoi vous occuper de longues heures si vous le souhaitez.
Le sound design du jeu est hypnotique, pour 93 cela semble tout bonnement impressionnant en particulier le doublage, la légère saturation des micros de l'époque participant à cette étrange ambiance à dresser les poils, ce que l'on attend d'une œuvre d'horreur, un peu moins d'un jeu éducatif.
Car si Cosmology of Kyoto avait pour but de nous apprendre le fonctionnement du Japon du dernier millénaire alors l'objectif est rempli et vous pourriez très bien y passer deux petites heures comme le triple si vous prenez le temps de tout lire et de tenter de relier les événements virtuels se déroulant sous nos yeux à la réalité, qui est heureusement pour nous bien moins glauque.
Je n'éluciderai pas le fait que l'œuvre à aussi un message religieux très présent et ce même si le bouddhisme n'a pas vocation première à prêcher la parole juste, Cosmology of Kyoto est une œuvre engagée dans une voie que certains ne pourraient pas apprécier ou être indifférent à celle-ci.
Au final nous avons affaire à une expérience plus proche du logiciel interactif que d'un jeu vidéo à part entière et progresser dans l'aventure avec un guide sur les genoux ou en s'aidant d'un "let's play" n'est pas un problème en soit, notamment pour arriver à cette fin tout bonnement profonde et portant à réflexion, appuyée par la superbe composition de Yuuko Anzai.
Pour jouer au jeu aujourd'hui c'est relativement facile depuis qu'une équipe de passionnés ont rendu possible son émulation avec un simple .exe sur les Windows modernes. Pour cela rendez-vous sur la page du jeu sur le site The Collection Chamber et le tour est joué.
Notez que ce dernier souffre d'un problème sans solution qui est que lorsqu'il s'agit de taper du texte en jeu vos caractères n'apparaîtront pas, mais pas de soucis 90% du temps il s'agira de simplement taper Yes ou No. La communauté sera toujours là pour vous aider s'il y a un quelconque blocage.
Pour être tout à fait honnête, je pense qu'il est important de ne pas vous fier à ma note j'aurai pu très bien mettre un 9/10, mais j'essaye de raisonner en adéquation avec mes autres expériences. Si vous êtes un tant soit peu curieux de folklore japonais, de bouddhisme ou même de J-horror alors je vous conseille de donner quelques heures de votre temps libre à Cosmology of Kyoto.
C'est sans aucun doute le type d'œuvre donc on se souvient plusieurs années grâce à son authenticité et originalité.
Préparez-vous pour une virée en enfer, littéralement.
Namu Amida Butsu.