Crazy Taxi par Man Jimaru
Aujourd’hui je vais vous parler de Crazy Taxi, ce soft sorti début 2000 sur la tant aimée Dreamcast, directement adapté de la NAOMI par AM3. En effet, avec la mise à disposition relativement récente de ce titre sur les plateformes de téléchargement de Sony et Microsoft mais également avec la commercialisation du premier Sega Dreamcast Collection, j’avais envie de faire un bond dans le passé d’une grosse dizaine d’années. Le temps de rebrancher la 128 bits de Sega sur l’adaptateur VGA, brancher le pad (avec le rumble pack et la VMU) et c’est reparti pour l’arcade à la maison des années 2000.
Sega a toujours été connu pour être couillu dans la commercialisation de ses titres phares de l’arcade vers ses consoles de salon… on se rappelle bien évidemment sur la génération 32 bits des Sega Rally Championship, Daytona USA, Virtua Fighter et autres qui nous ont fait baver dans les salles enfumées et que nous nous sommes empressés d’essayer les soirs de Noël. Il n’y a que la firme au hérisson bleu pour procurer ce petit plaisir de faire tourner dans son salon les meilleurs titres jusque là réservés à une élite financière pouvant se permettre d’acquérir les bornes dédiées. La Dreamcast n’a pas dérogé à la règle avec des adaptations mais également des titres résolument axés arcade totalement exclusifs à la console. Crazy Taxi fait partie de la première catégorie et vous met aux commandes d’une des machines jaunes de San Francisco avec pour principal objectif de déposer des clients en un temps record pour faire un maximum d’argent (Let’s make some Crazy Money !!).
Comme tout bon jeu d’arcade qui se respecte, le scoring est très important (bien plus que la durée de vie intrinsèque du titre) : je ne citerai que quelques exemples pour étayer cette théorie comme The Club, Sega Rally, House of the Dead etc… L’essence même de ce type de jeu repose sur la « re-jouabilité » pour tenter de décrocher le meilleur score possible ! Ici, dans le mode « Arcade » il s’agit d’engranger un maximum de courses pour récupérer le plus gros chèque à la fin du temps imparti. 4 véhicules sont à votre disposition, avec chacun leurs propres caractéristiques : vitesse, maniabilité, type de clients préférés… à choisir donc en fonction des affinités de chacun. Crazy Taxi ne se résume pas à emmener les clients d’un point A à un point B, il faudra les y conduire très rapidement pour y gagner des bonus en $$$ et du temps supplémentaire pour transporter d’autres clients (Speedy – Normal – Slow – Bad). Les clients sont reconnaissables au marqueur $ fixé au dessus de leur tête, qui peut être de couleur différente pour indiquer la longueur du trajet : rouge (court), jaune (moyen) ou vert (long). De plus, pour rentabiliser la course, il vous faudra aussi ajouter du style à votre conduite en slalomant entre les voitures, tramway, bus, camions qui vont entraver votre route. Le studio AM3 a vraiment fait du bon boulot en nous proposant un gameplay hyper nerveux et très varié, surtout dans la possibilité d’ajouter des combos en tout genre (Crazy Through, Crazy Drift, Crazy Jump, Crazy Dash, Limit Cut…) qui rapporteront plus d’argent, arrivé à votre destination finale. A savoir, dès que vous aurez déclenché les combos, il ne vous faudra pas toucher un autre véhicule de manière frontale jusqu’à la fin de la course, sinon la chaîne se remet à zéro comme dans n’importe quel bon shoot’em’up des familles. Lors de l’arrivée à la fin du « temps réglementaire », il vous sera décerné un permis de classe différente selon l’argent perçu… je vous laisse bien sagement le soin de les découvrir au fur et à mesure !
La version Dreamcast n’est pas un simple copier/coller sur le plan des modes de jeu, hormis le mode « Arcade », il existe un mode « Original » qui reprend le même principe si ce n’est que la ville traversée est totalement différente du simili San Francisco de la borne d’arcade. Désormais, il est possible de jouer en mode « 3 minutes », « 5 minutes » et « 10 minutes » dans un souci de scoring bien entendu… Le mode Crazy Box est surtout présent en guise de didacticiel pour permettre aux débutants de comprendre les mécaniques du jeu au travers de mini-jeux comme on a désormais l’habitude d’en voir sur de nombreux titres. Il permettra surtout d’acquérir de nouvelles techniques et d’augmenter sa marge de progression de manière non négligeable pour ensuite titiller les meilleurs scores. Petite cerise sur le gâteau, de nombreux sponsors se sont « invités » dans Crazy Taxi avec l’apparition de marques comme Fila, Kentucky Fried Chicken, Pizza Hut ou le magasin Levi’s… que du bonheur !
D’un point de vue technique, rien de bien méchant à reprocher. La réalisation est vraiment excellente, surtout si on se sert d’une VGA Box, le jeu est tout de même sorti en 2000 ! L’animation n’est que très rarement entachée de ralentissements et le taxi fuse vraiment à vive allure. La prise en main est exemplaire, pour peu que l’on soit bien habitué au pad de la Dreamcast… pour ma part, j’ai toujours eu moins de mal avec celui-ci qu’avec un volant. La bande originale, quant à elle, est vraiment mythique entre Offspring et Bad Religion, il y a de quoi rajouter un côté nerveux au titre (comme s’il en avait réellement besoin… je dirai oui car Offspring ça défonce tout !). Le seul reproche que je ferais : bien que la console ait été précurseur dans le jeu en ligne, il n’a pas été créé de leaderboards en ligne pour pouvoir mettre en place une concurrence entre amis… on va surtout mettre ça sur le syndrome Xbox Live qui a donné de très mauvaises habitudes aux joueurs que nous sommes devenus. Enfin, parlons de cette mascarade qu’a livrée Sega sur les supports dématérialisés : un Crazy Taxi sans bande son d’origine (donc exit Offspring !) et sans les marques présentes dans l’épisode Dreamcast… un pur scandale à mon goût qui reflète bien cette image de volonté de faire de l’argent facile !
Pour finir, je dirais que Crazy Taxi a tout du jeu d’arcade que nous avons connu dans nos plus tendres enfances / adolescences (selon l’âge) notamment au niveau du fun rapide à prendre, mais si on cherche à creuser la chose on se retrouve devant un soft vraiment impressionnant où la maîtrise est primordiale si l’on souhaite taper dans les meilleurs scores… un jeu d’un genre en voie de disparition qui a fait les lettres de noblesse de maître Sega, du fait essentiellement à une nouvelle mentalité de joueurs qui, une fois avoir vu les « ending credits » se disent en avoir fini avec le jeu et passent à autre chose. Je vais encore passer pour un vieil irréductible mais pour moi c’est ça le jeu vidéo : un soft dont on ne se lasse pas, même s’il faut recommencer 100 fois la même portion du jeu pour arriver à taper finalement un score, aucun succès ne sera débloqué mais on aura obtenu la satisfaction de s’être surpassé et d’avoir fait un bon run…