Temps de jeu : 10 heures
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#71]
En vente sur le Nintendo eShop depuis le 6 septembre 2019, mais également disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, Creature in the Well est un jeu d’aventure et d’action mêlant hack’n slash et flipper. Développé et édité par Flight School Studio, il s’agit d’un titre à parcourir seul, le temps de quelques heures, dans le but de repousser une tempête de sable et ainsi retrouver les jours heureux sous un beau ciel bleu. Dans la peau – ou plutôt dans le métal – de la dernière unité BOT-C, une machine dédiée à la maintenance d’une installation millénaire, il faudra se frayer un chemin dans les ténèbres d’une montagne hantée par une étrange et menaçante créature, le tout pour un peu moins de quinze euros. Flip ou pas, on vous embarque dans ce test, histoire que vous slashiez tout !
Le désert aux Bots
Déambulant dans la tempête rageuse d’un désert sans fin, le joueur tombe bien vite nez à nez avec Mirage, une ville qui n’en a que le nom. Tous ses habitants ou presque sont terrés chez eux, préférant l’obscurité de leur demeure miteuse aux hurlements courroucés et aux rafales destructrices de ces territoires arides. Creature in the Well est un titre énigmatique, n’indiquant rien à celui ou celle qui le parcourt. Au gré de ses escapades urbaines, le joueur dénichera quelques reliques d’une époque révolue ou non, telles que des capes ou objets contondants. Si les armes peuvent apporter avec elles un effet passif, comme de la régénération de vie ou l’altération du temps, les équipements ne sont qu’esthétiques ou servant le lore du jeu. Toujours est-il que le gros du titre ne réside ni dans son aspect light-RPG, ni dans la découverte de la municipalité du coin, mais bel et bien dans son imposante montagne, laquelle domine les terres alentours.
BOT-C, une fois en son sein, y découvrira une source thermale capable de lui recharger ses batteries à son maximum. Il y rencontrera également Roger, une bavarde grenouille affairée au ménage. Seul habitant à peu près au courant de ce qui se trame dans le coin, il apporte une chaleur bienvenue dans cet univers si froid et désincarné. Exaspérée et défaitiste, la bête reposant dans les galeries souterraines l’a bel et bien marqué de sa glaciale empreinte. Situées au « rez-de-chaussée » de la montagne, se tiennent et s’activent des piliers menant aux différentes zones du site. Agencées à la manière de mini-donjons, il faudra les parcourir en long et en large pour remettre en marche les machines depuis trop longtemps éteintes. Au programme : passages secrets, corps sans vie des autres membres de l’unité de maintenance, trésors et éléments d’histoire, mais aussi et surtout défis et combats de boss.
Creature in the Well, well, well…
Très rapidement mis dans le jus de l’action, le joueur devra user de son arme contondante pour charger et tirer dans des balles prédisposées ou lancées par des machines malveillantes. Dans un cas comme dans l’autre, il faudra s’en servir pour activer et désactiver des bornes semblables aux bumpers d’un flipper, lesquelles possèdent également des propriétés rebondissantes. Une fois nettoyées, ces dernières offrent au joueur de l’énergie qu’il faudra dépenser pour ouvrir des portes menant à d’autres pièces du donjon. Cette énergie, elle peut – et doit – également être utilisée lors de l’amélioration du cœur orbital du personnage que l’on contrôle ; il suffit de posséder un noyau trouvé sur la dépouille d’un robot de l’unité BOT-C et de le mener chez Danielle, une crocodile forgeronne qui manque désormais cruellement de travail. De cette amélioration en résultera une augmentation de la vitesse de charge et des dégâts causés par nos tirs, ce qui permettra de passer certaines épreuves plus facilement.
De manière générale, Creature in the Well est un jeu simple à comprendre, mais difficile à maîtriser. Il est fort probable que les joueurs les moins aguerris périssent une ou plusieurs fois sur de nombreuses phases de jeu, mais il serait injuste de définir le titre de Flight School Studio de « cruel ». En fait, c’est même tout le contraire, tant le jeu récompense grassement en énergie ; les plus filous pourront farmer les salles ne comportant aucun danger pour ouvrir les portes les plus coûteuses. Au final, seuls les phases de boss les pousseront dans leurs derniers retranchements. S’il n’est pas impossible que le jeu les décourage, le challenge de manière générale est assez bien dosé pour que la majorité parvienne à voir les crédits de fin. Assez court, Creature in the Well demandera environ sept à huit heures aux plus lents pour réaliser le 100 % de l’aventure. Dans le cas de ce test, et ce malgré une vingtaine de morts, il n’aura suffi que de quatre heures et demi pour en voir le bout, toujours dans une run orientée complétiste.
Le Puits du Fou
Pour autant, cette durée de vie somme toute légère est celle qui convient le mieux au titre. Car, c’est un fait, Creature in the Well se montre vite redondant. Le joueur s’étonnera de retrouver de nombreuses salles identiques dans leur agencement ou leur défi, des phases de boss similaires d’un donjon à l’autre ou encore du déroulement immuable de la progression dans l’histoire et l’aventure. Un étonnement tel que la dernière ligne droite paraîtra dynamique et presque cinématographique, tant la caméra et l’évolution des scènes d’exploration s’éloignent du moule jusqu’alors utilisé à outrance ; il ne s’agit pourtant que d’une phase classique, sans qu’un élément quelconque ne chamboule réellement le gameplay ou l’aspect artistique du titre. On regrettera aussi la fin abrupte, qui, en comparaison avec la cinématique d’ouverture, donne un dérangeant sentiment de fait à la va-vite. Finalement, le plus gros point noir du jeu réside dans son game design même : si on se jette dans l’aventure avec l’espoir de jouer à un mélange de hack’n slash et de flipper, on ne peut en ressortir que déçu.
En effet, Creature in the Well s’apparente bien plus au casse-brique qu’à la table reine du bar des années cinquante. Ce n’est pas parce qu’une boule rebondit sur des bumpers, qu’il s’agit là d’un flipper. Où sont passés l’aspect scoring, le nombre limité de billes et la dynamique de l’action qui caractérisent tant le genre ? Certainement pas dans ses récupérations de balles collées à notre batte, ni dans ses phases de charge sans action ou presque, ou encore dans les ruées permettant de rattraper aisément les nombreux projectiles rebondissant dans toute la salle. Ça, môssieur, c’est un casse-brique ! Pour autant, il est tout de même possible d’apprécier le gameplay dans sa globalité, assez satisfaisant quand on le maîtrise suffisamment. Artistiquement parlant, le titre est très plaisant à l’œil avec ses aplats de couleurs, ses noirs profonds et ses palettes de quelques coloris propres à chaque donjon ; seule sa bande-son peine à marquer, malgré une qualité certaine. Enfin, aucun bug, ni souci technique n’est à noter, tant sur téléviseur qu’en portable (une configuration qu’on recommande particulièrement pour ce jeu, notamment si vous possédez un modèle OLED).
Verdict
Véritable ovni vidéoludique provenant une fois de plus de la sphère indépendante, Creature in the Well n'est pas un titre à placer entre toutes les mains. S'il n'est pas vraiment difficile, on le déconseillera à ceux qui se décourageraient rapidement devant le moindre challenge un tant soit peu relevé. De même, il s'agit ici d'un titre résolument tourné vers le gameplay, faisant fi de son histoire à la fois énigmatique et un peu enfantine, sans compter les quelques oublis de traduction. La direction artistique elle, sert plus de soutien que de véritable argument ; couplée à une caméra trop éloignée de notre personnage, elle entache parfois même la lisibilité de l'action. Enfin, le titre est relativement court, même si dans les faits, c'est un plus au vu de la redondance de sa structure globale. Plaisant à parcourir, mais peinant à se renouveler et particulièrement trompeur sur sa définition d'hybride de flipper et de hack'n slash, Creature in the Well n'en demeure pas moins un très bon jeu. Mieux encore, il est unique en son genre.