Amorcer cette critique de Final Fantasy – Crisis Core, c’est avant tout revenir en 1997. Là où tout a commencé.
Le 17 Novembre 1997 sortait sur PlayStation première du nom Final Fantasy VII. Je vous rassure tout de suite, je ne vais pas vous refaire le couplet de ce jeu, sur lequel bien entendu j’ai écrit un autre texte, mais Crisis Core – bien entendu – ne peut pas être compris sans une référence à son aîné. En 1997, donc, FF7 marque de son empreinte l’histoire du jeu vidéo en général, et du JV consoles en particulier. Il marque toute une génération de joueurs par un doublé : démocratiser brutalement le J-RPG en Europe et montrer ce vers quoi pouvait tendre le jeu vidéo grâce aux nouvelles possibilités techniques offertes par les consoles du moment.
Suite à cet épisode, Squaresoft s’est senti poussé des ailes. Le très bon FFVIII et l’excellent FFIX tireront parti, sur la même console, de l’impulsion donnée par l’épisode VII. Dans un souci de diversification, Squaresoft s’aventurera dans le domaine du cinéma avec Final Fantasy – The Spirit Within, dont le bide commercial (un peu indu, le film n’est pas si mal que ça selon moi) lui fera frôler la banqueroute et provoquera un mariage impensable quelques années plus tôt, aboutissant à la création de Square Enix.
10 années après Final Fantasy VII sort donc Crisis Core, la préquelle du jeu d’origine, dont les évènements se déroulent 5 ans avant l’attaque du réacteur Mako par Cloud, Barrett et le groupe Avalanche.
Bien entendu, accoucher d’un nouvel épisode de FF7 relevait d’un immense défi, et l’histoire du développement de ce jeu (vous regarderez sur d’autres sites plus précis que moi) montrent que le sujet a surement été compliqué et délicat. Je dois avouer qu’à plusieurs moments durant mon run, je me suis demandé ce qui avait bien pu passer par la tête des producteurs et des développeurs de ce jeu.
Crisis Core nous narre donc les aventures de Zack, 2ème rôle à la fois important et éphémère de Final Fantasy VII, en revenant notamment sur les évènements de Nibelheim qui nous sont racontés en flash back durant l’épisode d’origine.
Y’a pas à dire, les premières minutes du jeu claquent comme pas possible. J’avais méga la hype, pour parler trivialement. On y retrouve Midgar, cette ville fantastique mais pourtant si déprimante, ainsi que la Tour Shinra encore en construction. Ce monde, on se dit qu’on va le comprendre, en percer les mystères, comprendre comment la Shinra est devenue ce qu’elle est.
Néanmoins, Square Enix nous fait un peu le coup de Metal Gear Solid 2 et on se retrouve rapidement cantonné à notre rôle de Soldat de 2ème Classe au sein des troupes d’élite de la Shinra. C’est marrant parce qu’on retrouve dans Crisis Core cette amorce de découpage du jeu en chapitres et en missions vers lequel tendait la série Final Fantasy à l’époque (et qui a valu à FF X-2 un accueil si mitigé, parmi d’autres éléments …).
Influencé par les hypothèses de construction du jeu (qui aurait pu être un jeu d’action), les développeurs ont pris le parti d’un gameplay orienté A-RPG, avec des combats très intégrés aux phases d’exploration (qui sont elles réduites à leur plus simple expression), durant lesquels on dirige Zack avec un système d’action immédiate, des déplacements sur le terrain et un système d’esquives. On est bien loin du tour par tour de FFVII.
L’idée n’est pas mauvaise en elle-même, sauf qu’elle s’avère assez limitée sur la durée. En effet, les différentes magies dispo peuvent être efficace, mais nécessitent pour être activer de naviguer, en même temps qu’on se déplace et qu’on combat, entre les différentes commandes disponibles. Autant dire que ce n’est pas un système agréable ni particulièrement fluide. Résultat des courses : j’ai passé la quasi intégralité du jeu à spammer le bouton d’attaque normal, tout en limitant mes modifications d’action aux sorts de soin incontournables.
Plus ridicule : cette histoire de « Digital Mind Waves ». FFVII avait réussi le pari de fournir un système d’équipement et de magie assez évolutif et simple à appréhender, sans sacrifier à la profondeur de personnalisation grâce aux matérias. Dans Crisis Core, les Matérias sont reprises mais intégrées à un système de gain de niveau assez hubuesque, basé sur une espèce de loterie permanente durant vos phases de combat … Dans les faits, on ne comprend pas grand-chose et on a surtout l’impression, même si on capte au bout d’un moment que les gains d’expérience n’arrivent pas tout à fait par hasard, de ne rien décider de la façon dont notre personnage gagne en expérience.
Mais finalement, pourquoi joue-t-on à Crisis Core ? Avant tout pour découvrir les nouveautés du scénario, l’explication des origines de l’histoire de Cloud. Pour ce faire, au délà de Zack, dont le personnage est plutôt sympathique et globalement réussi, le jeu se focalise sur 3 autres personnages : Sephiroth, bien entendu, qui n’est néanmoins – et bizarrement – pas vraiment au centre de la narration, et ses deux acolytes de Soldats de Première Classe : Angeal et Genesis. Autant le personnage d’Angeal est classique mais correct, autant j’ai trouvé Genesis assez insupportable. Qu’est-ce que c’est que ce trip de ne s’exprimer qu’à travers des vers et strophes tirées de la pièce théâtrale dramatique du coin : Loveless ? Franchement, même si je suis plutôt ouvert et d’une incroyable bienveillance envers la saga, je finissais par appréhender chaque moment où Génésis allait parler.
Le scénario n’est pas mauvais pour autant, même si j’avoue avoir été un peu déçu. Je m’attendais à bien plus, et surtout bien mieux. Quelques moments sont réussis, notamment juste après Nibelheim, et il y a bien entendu ce plaisir de retrouver l’univers de l’épisode VII, mais on apprend au final peu de chose vraiment intéressantes sur le contexte de l’aventure principale. Surtout, il me semble un peu superflu d’avoir articuler l’histoire autour de personnages créés pour l’occasion alors qu’il y avait suffisamment de contenu dans FFVII pour alimenter cet épisode.
La filiation de Crisis Core avec Final Fantasy VII est à la fois le salut et la malédiction de ce titre. Dans l’univers et la marque FF7, je pense que Crisis Core n’aurait que peu suscité l’attention car il reste objectivement un A-RPG sympa mais souvent brouillon, et finalement limité dans son gameplay. Il se nourrit donc de l’aura de son grand frère mais m’a semblé un peu fade en comparaison avec l’épisode originel.
Au final, c’est peut être ça le message caché derrière les copies et les clonages de Jenova et des Soldats : on a beau tenter d’hériter des qualités de l’hôte, on finit toujours par dégénérer.
Ma conclusion sur Crisis Core sera donc très mitigée. Je reste convaincu que c’est un jeu incontournable pour tout fan de Final Fantasy VII, avec ses graphismes séduisants mais une OST moins inspiré que l’épisode initial. Il n’en reste pas moins, en dehors de la saga Final Fantasy, un jeu plus fade et plus brouillon.
Mais qu’il est dure de s’épanouir dans l’ombre d’un géant.