249 heures de jeu plus tard, je finis enfin ma première partie du début historique du jeu (1066, oui j'ai pas encore fait le début à 700 et quelques, pas fou non plus) à sa fin (1452). Un mélange de game overs anticipés et de parties abandonnées (dûs à la sortie de nouvelles extensions qui allaient "corrompre" mes parties en iron man mode, donc mode avec sauvegarde unique et succès Steam activés) m'a en effet interdit à plusieurs reprises de porter ma dynastie à son sommet. 249 heures de jeu, une partie finie, et pourtant je n'ai fait que gratter la surface de ce que le jeu propose.
À la tête des Francs Saliens, j'ai commencé ma partie en tant qu'empereur du Saint Empire Romain Germanique, qui peut être considéré comme une des nations de départ les plus simples, bien que certains estiment que la succession par élection soit un frein à leurs velléités de conserver le pouvoir. Pourtant, à deux exceptions malheureuses près, où mes dirigeants sont morts prématurément (et forcément, mes seigneurs ne vont pas voter pour un enfant en bas âge quand des candidats hautement plus fiables sont disponibles), j'ai maintenu mon imperium assez aisément. La clé est de se réserver un titre puissant et avec lequel il y a toujours moyen de se ménager une marge de manoeuvre, comme le royaume d'Italie ou le royaume de Pologne (des royaumes frontaliers qui m'ont permis d'accumuler le prestige en conquérant des terres ennemies). Mais je m'égare. Il a été extrêmement plaisant de conquérir de nouvelles régions, de former de nouveaux royaumes, de libérer à plusieurs reprises Jérusalem, de repousser les hordes mongoles... j'ai conquis toute l'Italie et établi ma capitale à Venise, province pratiquement imprenable et richissime. J'ai vassalisé le pape et suis devenu l'homme le plus puissant de la chrétienté (tout juste concurrencé par... l'empire aztèque, qui après avoir déferlé sur la partie occidentale de l'Europe, s'est convertie au christianisme pour une raison que je n'ai pas vraiment saisie). Ma tête fourmillait de projets de plus en plus fous. Je reprenais peu à peu les terres mongoles et arabes, profitant des conflits entre chiites et sunnites pour conquérir les provinces qui avaient ma préférence. Je voyais d'un mauvais oeil le royaume de Hongrie résister à mes tentatives d'annexion. Mon regard se portait sur les Norges, que je m'apprêtais à conquérir après avoir pacifié une part non négligeable du Maghreb. Même l'empire byzantin était mort il y a déjà bien longtemps sous les coups des hordes barbares. Le jour où l'ensemble du monde connu m'appartiendrait me semblait de plus en plus proche... jusqu'à la fin de l'année 1452. Où ma partie s'arrêta brutalement. Et pourtant, je n'étais pas déçu. J'avais acquis presque deux fois plus de renommée que la dynastie capétienne, la plus prestigieuse dynastie médiévale du monde chrétien. C'est pas rien.
Et surtout, j'avais appris plein de choses. Je sais maintenant comment élaborer de meilleurs casus belli que de simples revendications de jure sur des zones frontalières (même si ces derniers sont toujours profitables). J'ai compris comment employer des événements tels que les banquets ou les foires d'été pour acquérir de nouveaux traits positifs. J'ai découvert comment user du mécanisme de vice-royauté de façon optimale. Comment tenir ses vassaux sans pour autant leur concéder la moitié du royaume. Etc. Etc...
Crusader Kings 2 est donc un jeu de "grand strategy". Pour faire simple, il s'agit d'un jeu de stratégie qui dépasse le simple cadre des conflits directs et s'étale dans le temps et l'espace. On y incarne un seigneur médiéval (au choix parmi tous ceux qui existent au moment choisi) qui a pour but de porter sa dynastie le plus haut possible. Pour cela, les intrigues, les mariages, la guerre, les alliances, la religion sont quelques-unes des armes à votre disposition. Tous les coups sont permis, mais chaque action a des conséquences...
CKII est loin d'être un jeu parfait, mais avec ou sans ses extensions (avec c'est mieux, surveillez les sites de bundle, vous trouverez votre bonheur pour pas grand chose), c'est un sandbox qui pourra vous occuper très longtemps si la stratégie c'est votre came. Certains diront que non, niveau stratégie il y a bien mieux. Je dis pas le contraire, mais il faut garder la différence entre stratégie et "grand" stratégie. Dans CKII, ce n'est pas votre capacité à mener une bataille qui fera de vous un bon meneur. C'est votre aptitude à pouvoir être vainqueur avant le début des hostilités. Il est question d'utiliser le positionnement géographique, le passage du temps, les alliances, le relief de manière à ce que votre armée soit en position de force. Et oui, souvent il est question de quantité pure, il est certain que 50 000 hommes contre 25 000, c'est un plus non négligeable (même si dans certaines conditions ça peut ne pas être suffisant).
On a beaucoup reproché à l'éditeur sa politique marketing, aussi. Des kilos d'extensions payantes, pas toujours dotées d'un contenu énorme (sans compter les DLC cosmétiques qui sont encore plus nombreux). Mais... il faut savoir que chaque sortie d'extension s'accompagne d'une mise à jour de contenu gratuite qui en réalité donne accès à la plupart de l'extension, à l'exclusion évidemment de certains nouveaux mécanismes ou de la possibilité de jouer les nouvelles nations (même si celles-ci sont ajoutées par la màj et sont jouées par l'ia, ce qui en soi est déjà bien cool). Et puis malgré tout, bordel, presque chaque extension rend le jeu plus intéressant. Alors je ne considère pas ça comme du vol, non. Un jeu mis à jour régulièrement par ses développeurs d'une telle façon, c'est vraiment fabuleux. Et je suis content de pouvoir les soutenir occasionnellement en leur achetant une extension sympa. Ca me semble tout à fait justifié.
Je sais que CKII, tout comme Europa Universalis IV et d'autres jeux du studio (dont certains ne sont pas encore en ma possession, mon budget n'est hélas pas élastique), sont des jeux qui vont m'occuper très longtemps, et avec un plaisir sans cesse renouvelé. Je n'ai même pas besoin de jouer une nouvelle nation pour trouver de nouvelles façons de jouer, d'améliorer ma méthode, bref, de m'amuser un maximum.
Il y a plus qu'à espérer que les prochaines extensions soient tout aussi captivantes que le reste du jeu (j'aimerais bien qu'on puisse aller jusqu'en Extrême-Orient, peut-être jusqu'au sud de l'Afrique, que le combat maritime fasse son apparition, qu'on puisse jouer le Vatican, et pourquoi pas qu'on puisse remonter jusqu'au tout début du Moyen Âge).