Crying Suns
7
Crying Suns

Jeu de Alt Shift et Humble Games (2019PC)

J'ai d'abord testé Crying Suns en démo, et j'ai été absolument charmé par l'univers, la patte graphique, les mécaniques de gameplay, la bande-son, bref, à peu près tout. C'est donc tout naturellement que je me suis jeté dessus dès sa sortie et que je l'ai littéralement dévoré.


Et même s'il comporte quelques maigres défauts, il faut dire que c'est un excellent jeu. En voici une critique complète sans gros spoilers, car l'histoire se base sur des surprises importantes et des rebondissements inattendus.


Poussière dans l'immensité spatiale


Ce qui fascine tout de suite dans Crying Suns, c'est l'impression de n'être rien ou pas grand chose dans l'univers. L'immensité des environnements découverts, le grand nombre d'événements aléatoires, la diversité de l'équipement possible, tout ça est assez éblouissant et on se sent vite perdu. D'autant que notre personnage, un clone amnésique, découvre l'univers en même temps que nous, ce qui amène à de longues séquences de dialogues pour comprendre les tenants et les aboutissants de notre quête.
Bref, dans Crying Suns, vous explorez un monde procédural, ponctué d'événements obligés à la sortie de chaque secteur spatial. Et si vous avez l'impression de retomber sur les mêmes événements quelquefois, croyez-moi le jeu n'a pas fini de vous surprendre. Même les planètes qui a priori n'ont ni intérêt, ni anomalie marquée, peuvent parfois se révéler riches sur le plan du scénario, en tant que complément d'histoire ou bouleversement intéressant, qui ne rapportera rien immédiatement et ajoutera simplement au background. En soi, le jeu ne se prive de rien, et tout dépend de quelle façon vous menez votre exploration. Nul doute que les complétistes ont de quoi faire pour débloquer tous les officiers et les achievements.
Autre bon point : l'immersion est garantie par ce pixel-art 2D, agrémenté de modèles 3D complètement réussis. La bande-son minimaliste est efficace, même si elle manque un peu de variété.


Vivre, mourir (x ∞)


Je n'ai jamais vu un jeu justifier aussi bien sa nature de rogue like. Le retour au début est parfaitement motivé par le scénario, mais la progression permanente l'est tout autant. C'est fort.
Seul bémol à ce sujet : à la fin de chaque chapitre, nous sommes obligés de reconstituer notre vaisseau et notre équipage. Ce qui en soit est un peu absurde, car nous avons passé notre temps à améliorer le NS Odysseus. Pour moi, c'est une des lacunes du jeu : au début, on pressent qu'il y a une grande matière à progresser, en débloquant des équipements pour le vaisseau, en faisant évoluer ses officiers... Mais finalement, le jeu force le retour vers le rogue-like, alors qu'il aurait pu être aussi bien un jeu de stratégie à checkpoints... En soit, on s'y fait, mais je sais que la fin du premier chapitre a été pour moi une grande déception.


En termes de difficulté, ça a l'air extrêmement bien calibré. Le "normal" ne vous fera pas de cadeau et tout dépendra de vos choix, et de votre chance sur les anomalies et les explorations. Parfois, on se sent serein et on se fait dégommer par une flotte qui a tout simplement le contre parfait. Il faut être prêt à accepter de recommencer le chapitre au début, ce qui peut être un peu long et frustrant, surtout si on meurt au boss final du chapitre... Personnellement, ça m'est arrivé, et j'ai switché vers le "facile", car je ne voulais pas que ça m'arrive deux fois. Mais en soi, ça promet de beaux challenges, et en "difficile" je n'ose même pas imaginer... Notez que le "facile" est pour le coup vraiment très simple et qu'à moins d'une véritable connerie, mourir est quasi impossible.


Pour résumer le gameplay en quelques mots : des phases d'explorations spatiales, où vous collecterez des ressources, ferez face à tout un tas d'événements aléatoires, mènerez des explorations planétaires, troquerez de l'équipement et siphonnerez du carburant... Et des phases de combat en temps réel, avec une pause tactique à volonté, où vous enverrez vos escadrons contre ceux de l'adversaire, et ferez feu de tous vos canons sur le vaisseau adverse. C'est là un second défaut du jeu pour moi : les combats, s'ils se rendent plus intéressants au fur et à mesure de votre progression, deviennent parfois assez brouillons et incompréhensibles. On a du mal à savoir qui attaque qui et quand, sous quel effet est notre vaisseau, et qui vient d'activer sa capacité spéciale. Bref, parfois un combat se résout un peu au petit bonheur la chance, et vous devrez abuser de la pause tactique si vous voulez garder la main mise sur l'action. Sachant que si ça se passe mal, vous pouvez perdre le combat en trois minutes et que ça équivaut à un game over... Il est donc conseillé de ne pas négliger sa coque principale, même si on a totale confiance en nos escadrons et nos armes jusque là.


En dehors de ça, tout est très bien ficelé et marche parfaitement. Aucun bug à signaler et l'exploration est vraiment addictive.


Enquête au crépuscule d'un empire


La découverte de l'univers est un vrai plaisir, surtout au début bien sûr, mais chaque chapitre sait amener son lot d'intérêt. Ce que je reprocherais surtout est la linéarité apparente des premiers chapitres : on cherche qui a fait le coup, on va affronter ses subalternes, puis lui-même, pour découvrir que finalement non... Je n'en dis pas plus, mais ne vous laissez pas dérouter par ce qui semble être un scénario classique en dents de scie pour justifier des chapitres inutiles avant la résolution. Tout ce que vous pouvez découvrir, ou presque, aura un impact sur la fin de l'histoire et je pense qu'il peut y avoir des progressions très différentes à travers le scénario simplement selon ce qu'on découvre en premier ou en deuxième...


Il faut être prêt à lire beaucoup dans Crying Suns, et le jeu ne plaira pas à ceux qui veulent faire de la pure gestion, ou éclater du vaisseau : pour moi, l'essentiel de son intérêt réside dans son scénario pensé, profond, léché, même si certains retournements sont assez prévisibles. Si vous prenez le temps d'intégrer tout ce qu'on vous dit, la suite et la fin de l'histoire prendront une vraie saveur.


Le jeu est doté d'une assez bonne durée de vie de base : il m'a fallu à peu près quinze heures pour le terminer (en basculant vers le "facile" lorsque je mourais trop loin dans le chapitre). Si vous comptez débloquer tous les achievements, les événements facultatifs et les commandos, je pense que quelques belles heures supplémentaires sont encore à prévoir. Pour son prix (20€ à la sortie) et la qualité de sa finition, c'est tout à fait honnête pour un jeu indé (français !).


Je recommande vraiment de tenter l'aventure Crying Suns, qui a toutes les qualités d'un grand jeu : scénario fouillé, belles mécaniques de gameplay, univers enchanteur, graphismes et design superbes, exigence et intransigeance, et une once de rejouabilité pour les plus mordus d'entre nous.
Que vous aimiez les rogue-lite orientés stratégie/gestion, ou que vous vouliez ressentir ce que ça fait d'être dans un space-opera adulte et profond, vous trouverez votre compte dans Crying Suns.

Cachalot
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 sept. 2019

Critique lue 796 fois

3 j'aime

Cachalot

Écrit par

Critique lue 796 fois

3

D'autres avis sur Crying Suns

Crying Suns
Cachalot
8

Dans l'espace, personne ne les entendra pleurer.

J'ai d'abord testé Crying Suns en démo, et j'ai été absolument charmé par l'univers, la patte graphique, les mécaniques de gameplay, la bande-son, bref, à peu près tout. C'est donc tout naturellement...

le 22 sept. 2019

3 j'aime

Crying Suns
Chaumy
6

Critique de Crying Suns par Chaumy

Un gameplay qui marche bien mais qui finit par vite tourner en boucle. Une histoire oubliable. Magnifique pixel art par contre

le 11 juil. 2022

Du même critique

States of Grace
Cachalot
8

Ou comment frapper une bagnole à coups de batte résoud tous les problèmes.

Un film indépendant américain plein d'une poésie devenue rare, avec un style bien à lui. Ce qui est absolument désarmant avec ce film c'est qu'il fait beaucoup avec très peu, c'est à dire une mince...

le 12 oct. 2013

7 j'aime

The Age of Reason
Cachalot
9

Bluestep

Je suis étonné des notes moyennes voire mauvaises que reçoit cet album de Gramatik. Peut-être qu'il a finalement déçu les puristes de la dubstep, de l'électro ou ceux plus adeptes du son des...

le 5 févr. 2014

6 j'aime

As I Lay Dying
Cachalot
7

Quête spirituelle au matérialisme débordant.

Voilà un vrai défi pour James Franco, dont ce n'est pas le premier film en tant que réalisateur, bien que trop semblent l'ignorer et le critiquent sans même s'être renseigné sur la carrière du fameux...

le 10 oct. 2013

5 j'aime