Ou comment frapper une bagnole à coups de batte résoud tous les problèmes.

Un film indépendant américain plein d'une poésie devenue rare, avec un style bien à lui. Ce qui est absolument désarmant avec ce film c'est qu'il fait beaucoup avec très peu, c'est à dire une mince poignée d'acteurs jeunes et talentueux, une mise en scène sobre, et des techniques de narration plutôt classiques. Le film est si simple qu'il nous embarque simplement, se déroule et se termine avant que l'on ait eu le temps de calculer l'objet qui était en face de nous.

Pas de scénario arachnéen, ni d'ambitions démesurées, Short Term 12 est un beau film très humain qui peut émouvoir jusqu'aux larmes pourvu qu'on soit dans de bonnes conditions de visionnage, ce qui était mon cas. Tout se joue dans le rapport entre les personnages, qu'ils soient éducateurs ou adolescents, et tout le monde est bluffant de réalisme et de crédibilité. Bien sûr il faut aimer le style assez naturaliste, mais quand il est soutenu par tout un arsenal de techniques réussies, il marche très très bien. Short Term 12 est une nouvelle cinématographique : court, efficace, émouvant. Formellement, c'est un film plutôt conventionnel, bien que soigné. Sans épique particulier à part peut être la première et la dernière scènes qui se répondent tout à fait, il fait un feu de brindilles qui au lieu de s'éteindre se met à embraser tout notre être. Il y a deux trois ressorts psychologiques et ficelles du scénario qui paraissent un peu faciles, mais le film esquive de justesse pas mal de clichés et devient un véritable objet curieux et original. Et au final peut nous importe qu'on arrive à passer à autre chose en frappant sur une voiture (si c'était aussi simple, parfois...) puisqu'on est happés par les personnages et les situations plus que par la cohérence globale du scénario.

Ce n'est peut être pas le film du siècle mais cela faisait longtemps qu'un film ne m'avait pas ému comme ça, donc je le recommande vivement pour tous ceux qui sauront apprécier la justesse de ce film, véritable tranche de vie parmi d'autres (cf scène initiale et finale) sans prétention.